
Coo H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
temps les élevions fe trouveraient dévolues à la cour
de Rome, qui mettroit en la plupart des églifes des
Romains, ou des gens qui lui feroient dévouez, en-
forte que les prélats du païs nilesprinces n’y auroient
plus aucune part.
Ils ajoûterent, que fi le revenu de ces prébendes
étoit diftribué avec proportion, toute la cour de Rome
deviendroit riche, puifqu’elle recevroit beaucoup
plus que le roi même. D’où il arriverait que les plus
grands de la cour de Rome dédaigneraient decouter
les caufes, & leurs inférieurs feroient à regret les ex-
peditions. On en voit déjà, diioient-ils,l’cxperience,
puifque dès à-prefent ils tirent les affaires en longueur
même après avoir reçu les rétributions, ou l’aifuran-
ce de les recevoir. Ainfi la juftice ferait en danger, &
les complaignans, réduits à mourir à la porte des
Romains qui exerceraient une domination abfoluë.
De plus comme l’avarice eft infatiable, ils feroient
par d’autres ce qu’ils font maintenant par eux-mêmes,
6c procureroient à leurs gens de plus grands
préfens que ceux que l’on donne aujourd’hui. Les
grandes richefTes rendraient les Romains infenfez,
& la divifion entre les familles puiffantes cauferoit
des féditions capables de renverfer la ville. Enfin
quand les prélats qui font à prefent s’obligeraient,
leurs fucceifeurs ne recevraient pas cet engagement
& ne ratifieraient pas l’obligation. Ils conclurent en
priant le légat d’être touché de zele pour l’églife
univerfelle, & en particulier pour leghie Romaine,
de peur que fi l’oppreffion étoit générale , la révolte
ne le fût auffi. Le légat parut fort touché de ces rai-
fons, &c dit que quand il étoit à Rome il n’avoit jamais
Ê ÏV E E SOIXANTE DIX-NEUVI E'm E. éot
friais confenti à cette exaétion, qu’il n’en avoit reçu
les lettres qu’après être entré en France, & en avoit
été fenfiblement affligé. Que ce qu’il avoit propofé
fur ce fujet étoit fous la condition tacite, que l’empire
6c les autres roïaumes y euffentconfenti; ¿¿qu’il
n’en parlerait plus, jufques à ce qu’on eût ce contentement
qu’il n’cfperoit pas.
Le légat déclara encore en ce concile, que le pape
avoir donné pouvoir à deux évêques de dépofer tous
les abbez de France, fuivant l’avis de quatre abbez
qu’il avoit envoie vifiter les abbaïesde tout le roïau-
me & en corriger les défordres. Ce que les évêques
aïant oüi, & voïant que par cette commiffion ils
perdoient toute jurifdiètion fur les abbaïes -, ils déclarèrent
que tant qu’ils vivraient ils n’en fouffriroient
point l’execution. Ainfi les ordres du pape , tant fur
les prébendes que fur la dépofition des abbez, demeurèrent
en fufpcns. Alors plufieurs doâxurs ou
maîtres-ès-arts de Paris au nombre d’environ quatre-
vingt qui avoient affilié à l’infulte faite au légat, lui
demandèrent dans le concile l’abfolution de l’excommunication
qu’il avoit prononcée contr’eux, & l’obtinrent
auffi-tôt.
L’année fuivante u z 6 . le mercredi vingt-huitième
de Janvier le roi Louis V III. & le légat Romain tinrent
à Paris un concile national, où le légat, de l’autorité
du pape excommunia Raimond comtedeTou-
loufe 6c fes complices ; & confirma au roi 6 c à fes
hoirs à perpetuicé1 le droit fur les terres de ce comte,
comme d’un hérétique condamné. En même temps
Amauri comte de Montfort & Gui fon oncle cede-
fent au roi & à fes hoirs tout le droit qu’ils avoient
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A n . iz t s .
xvm.
Louis V III. fc?
croifè contre le»
Albigeois.
To, xi. conc.f,
3 00. ix Chr.Turs