
\ viii;
Moins de changement
en
Orient,
glaive font fonmis à fa jurifdiâion. Par où il entend encore les feulï
laïques, pour procurer aux clercs criminels l’exemption des peines
temporelles , c’eft-à-dire , l'impunité. Il ajoute que perfonne ne dois
juger le ferviteur d’autrui : fuppofant que les clercs ne font pas fervi-
teurs du prince. Enfin il rapporte l’allegorie, des deux grands luminaires,
que Dieu a placez dans le ciel, pour lignifier,-dit-il,des deux grandes
dignitez, la pontificale 8c la roïale. Comme fi dans une difpute ferieufe
il étoit permis d’avancer pour principe une allcgorie arbitraire, que
l’on n’a qu’à nier pour la réfuter. C ’eft ainfi que l’on éludoit les
autoritez de l’écriture les plus formelles, pour foûtenir les préjugez
tirez des fauffes decretales.
Or le pape Innocent III. ne pouvoir s’a cire fier plus mal qu’à un empereur
Grec pour débiter des maximes inconnues à l’antiquité. Les princes
Latins, ignorans pour la plupart jafques à ne favoir pas lire, croyoient!
fur ces matières tout ce que leur diforent les elercs dont ils pre-
noient confeil ; 8c les clercs avoient tous étudié aux mêmes écoles
& puifé dans la même fource, qui étoit le décret de Gratien. Chez
les Grecs tous les honnêtes gens étudioient, les laïques comme les
clercs; & Us s’inftruifoient dans les livres originaux, l'écriture, les
peres, les anciens canons: mais ils ne connoiffoient point les fauffes
decretales fabriquées, en Occident & écrites, en Latin. Auffi- avoient-
ils confervé l’ancienne dilcipline fur tout les points que j’ai marquez.
Vous avez vû que tous leurs évêques & les patriarches mêmes
étoiCnt jugez 8c fouvent*dépofez dans des conciles : qu’on ne
demandoit point au pape la permifiîon de les > affembler , 8c qu’ ont
n’appelloit point à lui de leurs jugements. On: ne s’adreffoit point à.
lui pour les tranflations d’évêques, ni les érections d’évêchez : on fui-
voit les canons compris dans l’ancien code de l’églife Grecque. Je ne
dis pas que Gette églife fût exempte d’abus, jen ai marqué plusieurs
en diverfes occafions ; & je fai que les patriarches de C.. P. s'etoienf
attribué une autorité exceflîvepar la faveur des empereurs, qui avoient:
eux-mêmes beaucoup empiété fur la puiffance eeelefiaftique : mai»
enfin on gardoit toujours à l’exterieur les anciennes formalitez ; om
connoiffoit 8c on refpeékm les canons..
Vous direz peut-être: Il ne faut pas s’étonner que les Grecs ne
s’adreffaffent pas au pape, foit pour les appellations, foit pour tout!
le refte, puifque dès le tems de Photius ils ne le reconnoiffoicnt plus,
pour chef de l’églife. Mais s’y adreffoient-ils auparavant ? 8c dans les:
tems où ils étoient les plus unis avec leglife Romaine, obfervoient-
ils rien.de ce que j’appelle nouvelle difeipline -Ils n’avoient garde de:
le faire, puifque les Latins mêmes ne le faifoient pas; & que cette
difeipline étoit encore inconnue à toute leglife. Au refte ne vous y
trompez pas, le fchifme des Grecs n’eft pas fi ancien qu’on le croit:
communément: je le montrerai' dans un.autre difeoùrs, mais en attendant
je vous avertis qu’il n’a gueres été formé avant la prife de
C, P. par. les Latins,. D ’ailleurs je ne. vois point que dans, les, diipu—
ites eue nous avons eûës avec les Grecs depuis le tems de Léon IX.
de Michel Cerular.us, nous leur ayons1 reproché qu’ils tenoieut
.des conciles fans la permiflion du pape , & le refte des articles
.dont il s”agit; & je ne vois point non plus que Grégoire VII. 8c fes
ffucceffeurs ayent cité à Rome des évêques Grecs 8c les ayent traitez
comme ils .traitaient les Latins: ils favoient bien qu’ils n auraient pas
obéi.
Léon IX. & les papes qui entreprirent de reparer les ruines du
dixième fiecle 8e de remettre leglife Romaine dans fon luftre, voulurent
auffi rétablir fa puiffance temporelle qu’ils fondoient premièrement
fur la donation de Conftantin , puis fur celles de Pepin.de
•Charlemagùe» de Loüis le Debonaire 8c d’Otton. Tout le monde fait
.aujourd’hui ce que c’eft que la donation de Cortftantin ; 8c fa faufloé
•eft plus univerfellement reconnue que celle des decretales dlfidore:
mais du tems de ces papes la vérité de cette piece n’étoit pas révoquée
en doute , S. Bernard la fuppofoit quand il difoit au pape Eugène,
qu’il n’étoit pas'feulement fucceffeur de S. Pierre, mais de
.Conftantin.: elle étoit connue 8c reçue dès le neuvième ficelé : 8c à
peine a-t’ou commencé à s’en défabufer vers le milieu du quinzième.
■Les Grecs mêmes la recevoient, comme il paraît dans Théodore Bal-
iàmon,.qui la rapporte toute entiers, 8c prétend y fonder les prérogatives
du fiege de C. P.
Godefroi de Viterbe dans fon abrégé d’hlftoire dediée au pape
-JJrbain III. parlant de la donation de Conftantin, dit, que plufieurs
eftimoient que l’églife avoit été plus feinte pendant les trois premiers
ifiecles, mais que depuis elle étoit plus heureufe. Qui que ce foit
qui ait avancé cette belle fentence, il avoit des fentimens bien bas 8c
iblen au-deffous non feulement de l’évangile, mais de la philofophie
humaine. Quiconque penfe tant foit peu au-deffus du yulgaire, voit
aifément que le vrai bonheur de cette vie eft dans la vertu 8c. non
p?s dans les richeffes: mais à qui croit l’évangile il n’eft pas permis d’en
douter. Jefus-Chrift s’en eft expliqué affez clairement par fon exemple
8c par fes difeours; puis qu’étant maître de toutes les richeffes 8c
de toutes les grandeurs humaines il les a fouverainement mépri-
fées , 8c n’a laiffé pour tout partage en ce monde à fps difciples que
la pauvreté 8c les louffrances. Or j’en reviens toujours à cette quef-
,tion: fi l’on a découvert dans l’onziéme fiecle une fageffe inconnue
auparavant; 8c fi Léon IX 8c Grégoire VII. étoient plus éclairez que
S. Léon 8c S. Grégoire.
Ces grands papes n’avoient pas encore affez bien fouillé dans leurs
archives, pour y trouver la donation de Conftantin: ils n’étoient ni
prijices fouverains ni feigneurs temporels, 8c toutefois ils ne fe plai-
gndjent'pas que rien manquât à leur pouvoir, 8c n’avoient pas du
tems de refte après leurs occupations fpirituelles. Ils étoient perfua-
dez de la diftinêfion des deux puiffances que le’ pape Gelafc a fi bien
exprimées ; quand il a dit que les empereurs mêmes font fournis aux
I X .
P u illa n c e t em p
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