
3<i H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
puifqu’il y en a d'autres particulières ; SccommenE
elle peut être la mere de toutes les églifes, puifque
toutes font forties de celles de Jerufalem. Quant
au reproche que le pape faifoit aux Grecs, d’avoir
divifé l'églife : le patriarche foûtient qu'en difant
que le faint Efprit procédé du pere ils s’attachent
aux paroles de T. C. aufymbole de Nicée, ôc aux
décrets des autres conciles reçus par les papes. Ain-
fî il accule tacitement les Latins d’être les auteurs-
de la divifion.
Le pape répliqua par une longue lettre dattée
du douzième de Novembre 1199- ou il s’étend
d'abord fur les preuves de la primauté du faint
fîége établie par l’au-torité de Dieu même : &c dit
en pa(Tant,que faint Pierre feul, peut remettre non
feulement tous lespechez, mais ceux de tous les
hommes, c’e ft-à -d ire , pour l’expliquer favorablement,
que lui feul a jurifdiéfion fur toute
l'églife. Repondant enfuite aux queftior.s du patriarche
, il dit que l’églife eft appellée univerfelle
en deux fèns, premièrement comme étant coinpo-
fée de, toutes les églifes , & c’eft en ce fens qu-on
la nomme en Grec catholique. L’églife Romaine
n’eft pas univerfelle en ce îens , elle n’effi que partie
de l’églife univerfelle: mais elle eft univerfelle,,
en ce qu’elle tient fous elle toutes les églifes. Quant
à l’objetlion que Jerufalem eft la mere des églifes,
le pipe répond auffi par deux diftinèfcions. Jerufa-
lem eft la mere à raifon du tems , Rome à raifon
de la dignité : comme faint Pierre a eu la primauté
fur faint André qui avoit fuivi. J. C. le premier.
Jerufalem eft la mere de la foi ; mais Rome
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U mere des fideles: comme l’églife eft la mere
générale , quoiqu'on nomme auffi la fynagoge mere
de l’églife : parce qu’elle l’a precedee, &c que
l’églife en eft fortie. Le pape ajoûte qu’il a refolu
d’aftembler un concile général auquel il invite le
patriarche devenir, fuivant la promeffe de l’empereur,
ou en perfonne, ou par quelques-uns des
plus grands prélats: autrement qu il fera oblige de
procéder contre l’empereur, contre lui 8c contre
l’églife Greque. En même-tems le pape répondit
à l'empereur Alexis: réfutant le pretexte qu’ilpre-
noit de ne pas fecourir la terre-fainte^, fur ce qu il
n’étoit pas encore tems : comme s il eut connu les
fecrets deffeins de Dieu; ôc ajoutant touchant le
concile ce qu’il avoit écrit aupatriarche avec la même
menace.
L ’empereur 8c le patriarche ayant reçu ces lettres
8c fe les étant fait expliquer, fe repentirent
de ce qu’ils avoient écrit : 1 empereur parce qu il
s étoit engagé à envoyer les Grecs au concile que
convoqueroit le pape, 8e leur en faire obferver les
décrets: le patriarche parce qu’il fe trouvoit convaincu
de l’obéïffance qu’il devoir au pape. L empereur
donc après une longue délibération écrivit
au pape, que s’il faifoit tenir un concile^en Grece
au les quatre premiers conciles avoient etetenus,
l’églife Greque y envoyeroit fes députez. Puis allant
plus loin il s’efforça de prouver que 1 empire
étoit au deffus du facerdoce. A quoi le pape repon-
dit.V
ous nous alléguez l’autorité de faint Pierre,qui
dit; Soyez fournis pour Dieu à toute créature hu-
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An. 1 ii»p.
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Gejia• n.-66>.-
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1. Pet. u.- 13,