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A n . 1 2 0 4 . a n c i en n emen t plufieurs rois de fuite en Bulgarie
h 7o< couronnez par l'autorité du S. Siege : comme Pierre
8c Samuel : mais les Grecs ayant prévalu, les Bulgares
ont perdu la dignité roy ale,8c ont été contraints
à fubir le joug de l’empereur de C. P. jufqu’à ce que
depuis peu Pierre & Joannice de la race des trois pre-
cedens ont recouvré l’heritage de leurs peres. Nous
ne nions pas que Joannice n’ait peut-être uiurpé
quelques terres d’autrui; mais nous ne prétendons
le couronner que pour les fiennes: nous voulonsqu’il
faffereftitution desufurpations, 8c qu’on la lui faffe;
quand il nous demandera de vous faire rendre jufti-
ce à l’un Sc a l’autre. Et nous n’avons pas dû croire
qu’il fût votre plus cruel ennemi , voyant que vous
aviez accordé le paifage libre à nos envoyez pour aller
à lu i, Sc aux fiens pour venir à nous. Et enfuite ;
Vous nous priez de nous defifter de ce couronnement
de le différer jufques à ce que nôtre légat
vous puiffe accorder enfemble : mais confiderez
que le légat ayant fait un long fejour en vôtre
royaume où il a reçû de grands honneurs, il feroit
fufpeét à vôtre adverfaire, s’il n’avoit été reçû de
même chez lui. Confiderez encore ce que vous diriez
, fi nous voulions empêcher que votre fils fût
couronné roi; 8c comptez que nous regardons de
même vôtre oppofitionau couronnement de vôtre
«* fils fpirituel, que nous recevons comme l’enfant
prodigue après un long égarement.
Le roi de Hongrie ie plaignoit qu’au bout de deux
ans le pape n’avoic pas encore fait juftice deceuxqui
lui avoient pris Zara contre la foi des traitez fur laquelle
il fe repofoit : d’où il concluoit que s’il laiiïoit
couronner
L i v r e S o i x a ' n t e - s e i z i e ’ me . mû ~
couronner Joannice avajpf que leurs différends fui- N-1 204,
lent terminez, l’églifeRamaine ne lui en Feroit ja mais
de juftice. Le pape repond : Vous devez fçavoir
que nous avons excommunié la flotte des Vénitiens
& l’armée Françoife , pour la deftruôfion de Zara :
que les Seigneurs François nous ayant demandé l’ab-
folucion, ne l’ont obtenue qu’après avoir promis fo- ns"ej llv’ IXXT
lemnellement de donner iàtisfaétion ; 8c que les Vénitiens
n’ayant pas encore demandé l’abfolution,
nous avons refufé de facrer leur patriarche, qui étoic
venu en perfonne devant nous, Ôc l’avons renvoyé
confus.
Le roi de Hongrie fut allarmé de la menace que
le pape fembloit faire d’empêcher le couronnement
de fon fils ; .car il avoit fait affembler une cour fo-
lemnelle pour faire couronner ce fils nommé Bela
ÏV. 8c encoreenfant. Craignantdoncquelepapen’y
mît obftacle, il permic au légat Léon de paifer en
Bulgarie ; 8c ce prélat arriva àTrinove le quinzième g.«. 81.
d’Oètobre. Le feptiéme de Novembre il facra le patriarche
Bafile , qui le même jour donna l’omftion
facréeaux deux métropolitains 8c aux autres évêques;
ôclelegat leur donnaàtousdes mitres, 8c aux métropolitains
le pallium. Le lendemain huitième du
mêmemoisfêtedeS. Michel félon les Grecs le légat
couronna Joajanice roi des Bulgares 8c des Valaques ;
ôc fe retica le quinzième de Novembre, avec des let- *
très du roi Sc du patriachë. Le roi dit au pape dans la
fienne: Le cardinal Léon dira à vôtre fainteté , qui c.n.io.
a raifon du Hongrois ou de moi ; ôc je la prie de lui
écrire, qu’il f&retirtde mon roïaume: comme je ne
pretens point attaquer le fien : mais en cas qu’il m’at-
Tome XVI. Y