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J04 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
~ prêché & qu’ils fçavenc que quelques uns en ont été
Opuf. to . i.
Vading. /
f i z i . n. j i .
édifiez &c touchez , ils s’élèvent & s’enflent de cefuç-
ces : ne fçachant pas que Dieu l’a accordé aux prières
& aux larmes de quelques pauvres freres humbles
& fimples qui ne le fçavent pas eux-mêmes,
ja | Un jour S. François marchant avec frere Léon-,
dis parloient de la vraie joie des religieux ; & après
que Léon eût dit fon fentiment, François dit : Quand
les freres Mineurs donneroient par toute la terre un
grand exemple de vertu & une grande édification,
ce n’eft pas-là que fe trouve la joie parfaite. Et quand
ils chaiferoient les démons, gueriroient les fourds &.
les aveugles & reifufciteroient les morts : quand ils
fçauroient toutes les langues & toutes les fciences;
quand ils auroient le don de: prophétie , & coijnoî-
troient le feçret des confidences : quand ils prêche-
roient fi efficacement, qu’ils convertiroient tous les
infidèles, ce n’eft point en tout cela que confifte la
parfaite joïe. Mais fuppôfez que nous venions à la
Portioncule, gelez de froid,trempez de pluye,couverts
de boue & mourant de faim, que nous frappions
a la porte , & que le portier nous vienne dire en co-
lere : Qui êtes-vous ? Nous fomrnes deux de vos
freres , dirons nous : Non , dira-t’il , vous êtes des
gueux qui courez par le monde voler les aumônes
des pauvres. Et il nous fermera la porte & nous laif-
fera expofez à la negeç au vent & à la pluïe. Si nous
fouffrons ce traitement fans rrouble & fans murmu-
¡re , penfant humblement & charitablement, que ce
portier no.us connoîtdans la vérité & que Dieu le
faitainfi parler; comptez que ç’eft-làoù fe trouve la
parfaite joïe
Nous
L i v r e s o ix a s î t e -d -ix -h u ït i e’me. yof
Nous continuons de frapper à la porte, & ce portier ----------- -
fort comme contre des importuns & nous donne de ^ N‘ 1 1 1 ° ’
grands foufflets en difiant : Retirez-vous miferables
canailles & allez à l’hôpital : Qui êtes-vous J Vous
ne mangerez point ici abfolument. Nous le fouffrons
patiemment, ik lui pardonnons de tout notre coeur
avec charité : mais’preffez de la faim, du froid & dé
la nuit qui approche, nous frappons encore, nous
crions & le preffons aVeç larmes de nous ouvrir. De
quoi plus irriti il dit : Voilà des gens étrangement
importuns & infòlents,. je les ferai bien taire : & for-
Éant avec un bâton noiieux, il nous prend par le ca-
puce, nous.jette à terre dans la bouë & dans la neige,
& nous frappe de fon bâton jufques a nous roüer
de coups. Si nous fouffrons avec joïe tous ces mauvais
traitemens, confideraint que nous devons porter
les opprobres &c les fopffrances dé J'efus Chrift, c-omp*
tez que c’eft-là où fie trouve laparfaire joïe. Pour con-
clufion entre toutes les grâces du S. Efprit, là principale
eft de fe vaincre foi-même & fouffrir volontiers
les affrons pour l’amour de Dieu. Âinfi parloit
S. François;
Dès la fin de l’année précédente Robert de Meuri xfxxvrf
evêque du Pu i, avoir été tué par un gentilhomme w H fiî Jcs * / _ . . _ H IA ' . meurtriers de Te-f
nommo Bertrand deC^ares cjuil avoit excommunie yêque du Pui.
pour les torts fa itsà le g life . C e prélat étoit de grande t °
naiffmfce Sc encore plus diftïngué par fes vertus, en*- It2* N"”S* mi‘
(r’autres par la pureté qu'il conferva toute fa vie ,
quoique très-bien fait de fa perfonîie. Il fut tué le
Vingt-unième de Décembre. 12.15». & le pèuple indigné
de ce crime s’éleva contre les parens du meurtrier ,
& ruina quelques-uns de leurs châteaiix. Bertrand*
Tóme JflP'l.- S ff