
A N. 1215».
Coll. 12. to. 3
Pptifç.
XXII.
Lettres de faii
François.
478 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
imitq)\ Vôtre privilège fingulier doit donc être de;
n avoir point de privilège, qui ne ferviroit qu’à vous
enfler, vous donner une confiance préjudiciable à
d autres & exciter des conteftations. Quelques-uns
ireprefentoient qu ils aVoient trouvé plufieurs curez
fi durs quils n’avoient pûles fléchir,ni par priere,ni
par induftrie, ni par foumifiion , ni par leur vie
exemplaire , pour obtenir la permiilion de prêcher à
leurs paroiffiens, ou en recevoir quelque afliftance
coiporclle. François repondit : Mesfreres, nous fouîmes
envoyez au fecours des prêtres, pour fuppléer
a leur deffaut : chacun recevra fa récompenfe , non
félon £on autorité,mais félon fon travail. Ce qui eft
le plus agreable a Dieu , c eft le falut des ames , &
nous les gagnerons plutôt en vivant bien avec les
pretres , qu’en nous divifant d’eux. S’ils s’oppofent
au falut des peuples, Dieu fçaura les en punir. Si vous
êtes enfans de paix vous gagnerez le clergé & le peuple
: ce qui fera plus agreable a Dieu , que fi vous ne
gagniez que le peuple en feandalifant le clergé. Couvrez
Içurs fautes, fuppléez à leurs deffauts, & n’en
foyez que plus humbles.
t Quant aux lettresteilimoniafes pour tnontrerl’ap-
probation de l’inflitut, François les jugea neceffai-
res ; & de l’avis du cardinal protecteur , il obtint
pour cet effet une bulle du pape Honorius en datte
du onzième de Juin 12.15», adreffée à tous les évêques
& les autres fuperieurs eccjefiaftiques , par laquelle
il leur recommande les freres Mineurs comme des
hommes apoftoliques, & les exhorte à les recevoir
favorablement. C eft la première bulle accordée en
faveur de ce nouvel ordre. Après ce chapitre fran-
L l V R E S O I X à N T E -D I X H U I T I E’m E . 4 7 9
çois envoya fes principaux difciples en divers païs ~ 7 -----------
avec un certain nombre de compagnons, prenant '
pour fui & douze autres la miflion de Syrie & d’Eay-
pte. Il chargea fes miffionnaires de trois lettres, la «i 1.
première aux évêques & au clergé de chaque lieu: la ,î' ,+‘ ‘s-
fécondé aux gouverneurs,aux confuls & aux ma<ûf-
trats : la troifiéme aux euftodes de fon ordre, aufquels
il mandoit de faire faire plufieurs copies des lettres
precedentes & de les diftribuer. La lettre aux, eccle-
fiaftiques eft une exhortation à rendre un grand ref-
pe£t au corps & au fang de N. S. qu’ils ont l’honneur
de confacrer & d’adminiftreraux autres, de le garder
feurement & proprement dans des vafes precièux &
le porter avec décence. Il veutauffi que l’on refpeéte
la parole 5e le nom de Dieu, quelque part qu’on les
trouve écrits. La lettre aux magiftrats porte en fubf-
tance : Confiderez que le jour de la mort approche.
C ’eft pourquoi je vous prie avec tout le refpeét que je
puis, que les foins de ce monde qui vous occupent ne
vous faffent pas oublier Dieunifes commandemens ;
car tous ceux qui s’en écartent font maudits, au jour *f- p § *
de la mort on leur ôtera tout ce qu’ils fembloient
avoir ; & plus ils ont ete fages & puifiantsen ce monde
, plus ils feront tourmentez en enfer. Je vous con-
feille donc, mes feigneurs, qu’avant toute autre affaire
vous faflîez penitence & receviez humblement le
corps & le fang deN. S. Que vous rapportiez à Dieu
l’honneur qu’il vous a confié , & que tous les foirs
Vous faffiez avertir le peuple de rendre grâces à Dieu.
Autrement fçaehez que vous lui en rendrez compte
au jour du jugement. Ceux qui garderont chez eux
cet écrit & îobferveront, feront bénis de Dieu.