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XIV.
Lettre du Pape
à l’empereur &
au patriarchede
G. P.
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34 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e
en des pèlerinages de dévotion: le pape les en di£
penfa pour ne pas dégarnir le pais, & leur ordonna
d’employer l'argent que leur auroit coûté le voyage
, à la réparation des places Sc au payement des
troupes.
L’empereur Alexis P Ange ayant appris la promotion
du pape Innocent III. lui envoya des ambaiTa-
deurs avec de riches prefens, le priant de le viiîrer
par les légats. Le pape lui envoya Albert foûdiacre
& Albertin notaire de fa chambre, avec une lettre
où on lui dit en fubftance.- Ne trouvez pas mauvais-
il je vous réprefente mon étonnement & le murmure
du peuple Chrétien, de ce que jufques ici voqs
ne vous êtes pas appliqué comme vous deviez à la
délivrance de la Terre fainte : quoique vous l’euf-
fiez pû faire plus commodément que les autres
princes, tant par la proximité des lieux, que par
votre richeiTe. & vôtre puifTance, qui vous met an
deifus des ennemis de la croix. Il y a encore un autre
point fur lequel le peuple Chrétien murmure ,
non feulement contre vous , mais contre l’églife
Romaine qui femble le diffimuler : c’eft qu’encore
que l’églife foit une, les Grecs fe retirant de l’unité
du faint fiege, fe font feint une autre églife.
Le pape l’exhorte donc à fecourir la Terre-fainte,
& à procurer la réünion des Grecs. Autrement
âjoûte-t-il, quelque fâcheux qu’il nous fû t de vous
faire de la peine, nous ne pourrions nousdifpenfer
de remplir notre devoir. Le pape écrivit en même-
tems fur le même fujet au patriarche de C. P. inliftant
fortement fur l’unité de leglife & fur la primauté
de S. Pierre.
L i v r e S o i x a n t e - q u i N z i e ’me. 33 llÿ^
L’empereur Alexis répondit au pape par une let- u
tre dattee du mois de Février indiCtion fécondé qui et‘Â-1I0-
eft l’année 1199. où il témoigne qu’il n’eit pas in-
fenfible au reproche de peu de zele pour le recouvrement
de la Terre fainte; mais il dit que le
tems n’en eft pas venu, & qu’il craint de s’oppo-
fer à la volonté de Dieu encore irrité pour les pe-
chez des Chrétiens. Car ajoûte-il, nous fommes
trop divifez entre nous, pour profperer. Vous n’i gnorez
pas les ravages que le roi d’Allemagne Fri-
deric a faits fur mes terres , après les iermens les
plus folemnels d’y palfer paifiblement. Comment
pouvois-je aider des gens fi mal intentionnezpour
mes états & marcher avec eux? Tournez donc vos
réprimandes contre ceux qui feignant de travailler
pour J . C. agiifent contre la volonté de Dieu. Quant
à la réünion de l’églife, il dit qu’elle feroit trés-
facile, fi les efprits étoient reünis, & fi les prélats
renonçoient à la prudence de la chair; 8t pour y
parvenir, il exhorte le pape à affembler un concile,
auquel il promet que l’églife Grecque ne manquera
pas de fe trouver.
Le patriarche de C. P. étoit Jean Camatere, cauhg-/<"•
qui avoit été diacre & cartulaircde la même églife, i0i'
1 J / r n’ ilSi & 1 annee precedente 1198. avoit fuccede aGeorge
Xiphtlm , après que le fiege eut vacqué deux mois,
a cauie de l’abfence de l’empereur Alexis. Ce pa- ■ , v . r r *?. Inn. t. ef.
-marche répondant a la lettre du pape Innocent, »«s-
loue d abord fon zele pour l’union des églifes,
puis lui propofe fes objections par maniéré de
doutes , avec beaucoup de politelTe. Il demande
comment l’églife Romaine peut être univerfelle ,
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