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484 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .'
— lui expliquèrent la doétrine chrétienne, l'exhortant
I ” ’ à fe convertir & à recevoir le baptême. Mais ils ajoutèrent
plufieurs reproches honteux contre Mahomet
& fa loi : dequoi le roi irrité commanda de leur couper
la tête. Toutefois à la priere de fon fils il fé contenta
de les faire enfermer dans une to u r , d’où enfui-
te il les envoïa à M a ro c , comme ils dé firoient, avec
D om Pedro Fernandés Gaftillan 8c quelques autres
Chrétiens. Il trouvèrent à Maroc l’infant de Portu gal
nommé auffi Dom Pedro frere du roi Alfonfe ,
qui les reçût à fon logis avec beaucoup de charité, 8c
leur fit donner les chofes neceffaires pour leur fub fif-
t ance. Le s millionnaires prêchoient aux Sarafins avec
grand zele par tout où ils les renconrroient ; & un
jour comme frere Berard monté fur un ch ariot prê-
ch oitle peuple, le roi palfant par-là, & voïant qu’il
ne cefloit pas en fa prefence, crut qu’il étoit fo u , 8c
ordonna qu’on chaffat de la ville les cinq fr e r e s , &
qu’on les renvoïât inceifamment en pais de Chrétiens.
L ’Infant Dom Pedro leur donna de fes fervi-
teurs pour les conduire a C eu ta , où ils devoient s’embarquer.
Mais les cinq freres fe dérobèrent en chemin de
leurs conducteurs 8c retournèrent à M a ro c , où ils
commencèrent à prêcher dans la place publique : ce
que le roi aïant appris, il les fit mettre en prifon , 8c
ils y demeurèrent vingt jours fans boire ni manger.
I l en fut furpris, 8c ordonna aux Chrétiens de les remener
en Chrétienté. Mais ils s’échaperent encore &
vinrent pour la troifiéme fois à Maroc. Alors les
Chrétiens craignant l’indignation du ro i, perfuade»
fènt à l ’Infant D . Pedrp de les retenir chez lu i , 8$
L i v r e s o i x a n t e d i x - h u i t i e ’m e . 4 8 /
même de leur donner des gardes, pour les empêcher ^ ~
de fe montrer en public. Toutefois ils forcirent fe- d l • c redi & tCe prerle nteren-t au roi• com-. „.V38a.d ing. mo.
me il paifoit pour aller vifiter les tombeaux de fes
prédeceffeurs. Frere Berard commença même à prêcher,
8c le roi irrité les condamna à mort. Il fe les
fit amener, 8c après avoir effaïé de les ébranler par
les promeifes 8c les tourmens, il leur coupa la tête de
fa propre main le feiziéme jour de Jan v ie r 1220.
Leurs corps aïant été traînez hors la ville 8c mis en
pièces par les infidè le s, furent recueillis par les Chrétiens
; & l’Infant D . Pedro les envoïa en P o rtu g a l,
où ils furent mis dans le monaftere de fainte C ro ix
de Conimbre & y fontencore. Il s’y fit grand nombre
de miracles, & 260. ans après ces cinq martyrs furent
eanonifez par le pape Sixte IV . qui permit aux fre res
Mineurs d’en faire l’office publiquement par fa
bulledu feptiémed’Août 1481 . Leur hiftoire fut écrite
vers le même temps lur les anciens mémoires par frere
Je an Tifferand religieux du même ordre & fameux
prédicateur à Paris.
Entre ceux que S. François envoïa en A fr iq u e , on ^ XXVI'1(
compte frere Gilles le troifiéme de fes difciples. Il d’Affiie.
étoit d’Affife comme lu i , homme fimple 8c fans
lettres. Un foit il oüit fes parens’ raconter comme
Bernard de Quintavalle 8c Pierre de Catane avoient
tout quitté pour fe joindre à François, il en fut touché
, 8c te lendemain matin il le chercha , s’offrit
à lui & en fut reçu à bras ouverts. Gilles avoit une
affeétion particulière pour le travail des mains, 8c
dès qu’il fut reçu dans l’ordre des freres Mineurs, il
fe propofa toûjours de vivre de fon travail 8c l’exe