
m EÊBÊÊBESm m
H j i ! Quatrième Difcours
religion que Grégoire V II . & Innocent III. les hommes vulgaires né
cherchent que leur intérêt particulier : les philosophes qui portent
plus loin leurs penfées, voyent par la feule raifon naturelle qu en
toute focieté l'intérêt de chaque particulier,meme de celuiqm gouverne
doit ceder à l’intérêt de la fociete entiere. Or il n eft pas permis
de penfer que Jefus-Chrift ait établi fon Eglife gg des maximes
moins pures que celles des philofophes payens, suffi na-t il propofea
ceux qui gouverneraient fidèlement fon troupeau aucun avantage en
cette vie , mais feulement la recompenfe éternelle proportionnée a
k l A vo ü o n s'd o n c de bonne foi , que les papes des cinq ou fix premiers
fie d e s a v o ie n t raifon de conf.derer l'utilité de 1 egl.fe u n .v e r fe lle .p re -
ferablement à ce qui p ouvoit pa ra ître avantageux a leur p e rfonneou
leu r fiege. A vo ü o n s encore que fu t ilit é de l 'E g l i fe , demandoit que
toutes lés affaires fuffent jugées fur les lieux ,p a r ceux qu,
avec plus de connoiffance 8c de fa c ilite ; queues E v e q u e s . fur tout
leur c h e f , fuffent détournez le moins q u i l etoit poffible de leurs
fo n d io n s fpirituelles & effentielles ; & que chacun d eux demeurât fixe
dans l'EM ife -o ù D ie u l'a v o it m is , applique continuellement a m-
ftruire & à fan d ifie r fon peuple. P e u t - o n comparer a des biens fi lo -
lide's le trifte avantage de rendre le pape te rrible par toùtè la terre ,
•8c de' faire v en ir à R om e de to u s H les évêques & S U M
pa r la crainte des c en fu ïe s, fois par l'efperance des gra ées?
Te fai que cette foule'de prélats & d autres étrangers que dfèe s
intérêts attiroient à R om e , y apportait de g r a n d e s g | | H |
fon p e u p l e s’engraiffoie aux dépens de tous le . autres : mais a. hohte
de faire mention d’un tel avantage lorfqiyil s agit
pape étoit-il donc établi à Rome pour 1 enrichir ou pour la landi-
fier? & S. Grégoire ne faifôit-il pas mieux le devoir1 de pere commun
’ lorfqu’ il repandoit fi abondamment par fes aumônes dans toutes
E s provinces les revenus immenfes de l'églife Romaine Or ces papes
n u i enrichiffoient Rome nela'fandifioient pas : il femb.e meme qu ils
defefperoient de le pouvoir faire , fuivant l’affreufepemture que nous
a fait S. Bernard du peuple Romain
p rem ie r 'd e v o ir d’un pape comme leur eVeque , de travailler leur
con v e rfion; & il y etoit p lus obligé qu’à juger tant de ptocez entte
d e c fr td e Gratien acheva d’affermir & d’étendre l’ autorite des
¿ ¡ H zxx. ue trois fiecles on ne connoiffoit point d’autres-canons que ceux de 1P ce recueil , on n’en fuivoit point d’autres dans les écoles & dans 1 s
fauffes decretales que l’on y trouve femées p a r tout .-Car pendant plus
tribunaux. Gratien avoit même enrichi fur ces decretales pour etendre
r j. ?. i . c. 16. l'autorité du p a p e , foûtenant qu'il n’étoit point fournis aux canoùs?
ce ou ’il dit de fon ch e f & fans^ en apporter aucune preuve d autorité.
Ainfî fe forma d a n s l'E g life L a tine une idée eoJ ' eP" f
du pape étoit fans bornes ; ce principe une fois pofe, W g g »
Hift. iiv . X XX V
n. 19.
y . Conjid. i
fur l’H foire Ecclfaflique. i x
plufieurs confequences au delà des articles exprimez formellement
dans les fauffes decretales ; & les nouveaux théologiens n’ont pasaf-
fes diftingué ces opinions d’avec l’effentiel de la foi catholique,touchant
la primauté du pape 8c les réglés de l’ancienne difcipline.
Outre ce qui regarde le pape, Gratien a mis dans fon décret de
nouvelles maximes, touchant l’immunité des clercs, qu’ilfoûtient ne
pouvoir être jugez par les laïques en aucun cas;& pour le prouver,
il rapporte plulieurs articles des fauffes decretales, & la pretenduë
loi de Theodofe adoptée par Charlemagne pour étendre exceffive-
ment la jurifdiâion des évêques. Il y a joint un article tronqué d'une
Novelle de. Juftinien, qui dans fon entier dit tout le contraire. Cependant
cette conftitution ainfi altérée fut le principal fondement
de S. Thomas de Cantorberi, pour refifter au roi d'Angleterre avec
cette fermeté, qui lui attira la perfecution 8c enfin le martyre. | La
maxime étoit fauffe dans le fond, mais elle paffoit pour vraye chez
les plus habiles canoniftes.
Ces exemples montrent bien fenfiblement l’importance de la critique,
que les fcolaftiques fpeculatifs 8c pareffeux meprifent comme un amu-
fement puerile Se une vaine curiofité. Aprendre diverfes langues juf-
ques à les favoir exactement : pefer chaque mot pour en favoir la lignification
propre 8c même l’étimologie; obferver la différence des
ftiles en chaque langue félon les tems 8c les lieux : chercher les hif-
toires de chaque nation 8e ne s’arrêter qu'aux originales : les lire avec
reflexion principalement fur les moeurs: y joindre l ’étude de la geo-
graphie 8c de la chronologie: voila les fondemens de la critique. J e
conviens que c’eft un long 8c pénible travail: mais il eft neceffaire pour
s’ aflurer delà vérité des faits: on ne la trouvera jamais par le feul
raifonnement ; 8c cependant de ces faits dépend fouvent la conduite
de la vie. Vous venez de voir en quels inconveniens on eft tombé
pour avoir cru à des pièces fauffes. On s’eft accoutumé de plus à
recevoir fans choix toutes fortes de narrations faute de principes pour
les diftinguer ; 8c delà lont venues tant de legendes fabuleufes, tant
de faux miracles, tant de vifions 8c de relations frivoles, comme nous
voyons entre autres dans les dialogues du moine Cefaire.
Les maximes rapportées par Gratien touchant l’immunité des clercs,
font le fondement de la reponfe que le pape Innocent III. fit à l’empereur
de C. P. au commencement de fon pontificat, 8c dont eft
tirée une decretale célébré. En cette lettre le pape donne des explications
forcées au paffage de S. Pierre allégué par l’empereur, pour
montrer que tous les Chrétiens fans exception doivent être fournis à
la puiffance temporelle. L ’apôtre, dit-il, parloit ainfi pour exciter les
fideiles à l’humilité: le roi eft fouverain, mais feulement de ceux
qui reçoivent de lui les chofes temporelles, c’eft-à-dire,des laïques:
comme fi l'Eglife n’avoit pas auffirecû fon temporel de la puiffance fe-
culiere. Le pape continué, que le prince n’a pas reçu la puiffance du
„laive fur tous les tnechans ; mais feulement fur ceux qui ufant du
Tome H b
VII.
Immunité des
clercs*
n .4 1 .c. 3 5 . 3 7 .
Hift. Hv. x l v i .
n. 8.
Capitul. v i . ».
)6 6 . al. 2.81.
1 1 . 9, I. c. 45.
§.
Nov.. 83. c. I*
Hift. I iv . ixxx.
». 6.
Hift. Iiv . LXXV.
». 14. Geft. In. 71. 67,. -
e. folita. 6. de
majorit. érc.
1 . Pet. 1 1 . - 1 3 .