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La B. Marie
d’Oignies.
Vit/i ap. Boll.
z î . ^fun, to• xi.
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300 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
teétion qu’il don noit aux églifes, & de grandes dettes
qu’ils avoient contrariées pendant le tems de ion
défordre- Cette demande étoic appuyée par la recommandation
de ion abbé &. deplulieurs prélats ,
même de l’évêqued’Uzez.Le pape y aïant égard donna
commiffion à l’archevêque dePifed’abfoudreRon-
celin : à qui il permit de partager avec fes confors les
terres qui lui appartenaient, à la charge de laiffer une
partie de fa portion aumonafteredeiaintVirior ; &
d’employer le refte au payement de fes dettes. La
lettre eii du quatrième d’Août 1 2 1 1 .
Foulques évêque de Touloufechaffédefavillepar
lesheretiques, le fauvaenFrance , ôc paffa jufques-
audiocefede Liege,où il fe joignit à Jacques de Vitri
pour prêcher la croifade contre les Albigeois. Jaques-
étoit natifd’Argenteüil au diocefedeParis, & y étu-
dioit avecafdeur la théologie, quand la réputation
de Marie d'Oignies femme d’une vertu finguliere le
porta à quitter fes études &i fa patrie pour fe rendre
auprès d’elle en Brabant. Elle étoit née à Nivelle
alors au diocefe de Liege à prefent de Namur vers
l’an 117 7 . & fut mariée en 11517. âgée feulement de
quatorze ans. Elle étoit dés- lors adonnée à la priere,,
& pratiquoit des aufteritez plus admirables qu’imitables
, & peu de tems après elle perfuada à fon mar
i , tout jeune qu’il étoit, de tendre comme elle à la
perfeétion, 8c de vivre en continence parfaite. Ils
s’appliquèrent même quelque tems enfemble au fer-
vice des lépreux, en un lieu nommé Villembroc près
de Nivelle ; & cette maniéré de vie les rendit mépri-
fables à leurs parens. Marieobfervoit un jeûne pref-
que continuel, & paifa une fois fans manger les dix
L i v r e S o i x a n t e d i x s e p t i e’ m e . 301
jours de l’Afcenfion à la Pentecôte, fans qu’elle s’en
trouvât plusfoible pour le travail des mains, auquel
elle s’apliquoit afliduement. Car elle fçavoit que c’eft
la penitence impofée à nos premiers parens, & que
l’apôtre a dit : Si quelqu’un ne veut point travailler ,
qu’il ne mange point non plus. Ayant donc quitte
tous fes biens, elle travailloit pour abattre fon corps
par la penicente, pour fe donner la nourrit uce & le
vêtement, 8c pour faire l’aumône.
Après avoir demeuré long-tcms â Villembroc, ne
pouvant plus fouffrir le concoursdeceuxquivenoient
de Nivelle la viiîtet ; elle paffaàOignies fur la Sam-
bre , où étoit un monaftere de chanoines réguliers
fondé vers l’aniiÿx. 8c encore peu connu. C’eft là que
Jaques de Vitri vint la trouver peu de tems après
qu’eHe s’y fut établie. Elle l’engagea par fes prières à
demeurer avec les chanoines réguliers d’Oignies, 8c
à s’appliquer à la prédication: en quoi il réuiTu il
bien en peu de tems, qu’il n'avoit pas fon pareil pour
l’explication de l’écriture & la deftruètion des vices.
Toutefois dans les commencemens craignant de demeurer
court , il amaiToit trop de matière, 8c ne la
digeroit pas aflez avant que de parler. Il en avoit
honte enfuite; mais il fe confoloit par les louanges
qu’on lui donnoit, quoiqu’il fentit bien qu’il ne les
ineritoit pas. Marie pénétra fes fentimens, 8c le guérit
de ces deux défauts, du chagrin de ne pas prêcher
à fon gré , & de la complaifance aux vaines loüanges.
A lapriere des religieux & principalement deMarie,
Jaques de VitrirevintàParis recevoir l’ordre de pre-
trife; 8c â^ fon retour elle prédit qu’il feroit évêque
dans la terre-fainte.
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X. TheJÎ.L IX-1®
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