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T” H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ;
.119 8 . qui connoiiloient parfaitement les intentions de ce
doreur ; de il dreffa avec eux la réglé de fon nouvel
ordre. Elle porte que les freres referveront la troifié-
mc partie de tous leurs biens pour la rédemption des
captifs : que toutes leurs églifes feront dediées à la
fainte Trinité: qu’en chaque maifon ils ne feront
que trois clercs ôc trois laïques outre le miniftre :
qu’ils feront vêtus de blanc&porteront des marques
fur leurs chapes pourfedillinguer : qu’ils ne monteront
point à cheval mais feulement fur des ânes.
C ’eft ce qui les fit nommer quelque tems les freres
aux ânes.
Ils jeûnoient la plus grande partie de l’année &
ne mangeoient de chair ou de poiifon que ce qu’on
leur en donnoit, ouqu ils prenaient chez eux fans
l’achepter: fi ce n’étoit en voiage. Le miniftre devoir
être prêtre & étoitle confeffeur de la communauté
: au-deilus des miniftres particuliers étoit le
grand miniftre nommé depuis général. Dans la célébration
de l’office ils fuivoient l’ufage de l'abbaye S.
Vié to r, autant que leur petit nombre le pouvoit
permettre. Le chapitre particulier de chaque maifon
fe tenoittous les dimanches & lechapitregene-
ral tous les ans: les correétions étoientcharitables:
& en général toute cette réglé refpire une grande
pieté. Le chef d’ordre fut la maifon de Cerfroi, qui
leur fut donnée par Marguerite comtefïe de Bourgogne;
& trente ans après le chapitre de Paris leur
*; qui, iji, donna dans la ville une ancienne églife dediée à
faint Maturin & nommée auparavant l’aumônerie
de Saint Benoift : d’oü leur eft venu en France le
nom des Macurins.
i» / A eveque
L i v r e s o i X a k t e -q u i n z i e ’ m e . 15 ¡j"
L’évêquede Paris & l’abbé defaint V id e r ayant mn'Vnherf^
ainfi dreflé la réglé de ce nouvel ordre , l'envoye- u. |.I
rent avec leurs lettres au Pape Innocenc, qui y fit ¡ J loishiJlt
quelques additions à lapriere de Jean de Mata, & la
confirma par fabulledudix-feptiéme deDecembre ’’ '" t‘
1198. Au mois de Mars de l’année fuivante le p. pe
écrivit au roi de Maroc une lettre de recommanda-
tion pour quelques religieuxTrinitairesqui alloient 1 l l f
chez lui exercer les fonitions de leur inftitutr
c’eft-à-dire, racheter des Chrétiens d’entre les
mains des Chrétiens, d’entre les mains desln fidèles,
oudes Infidèles d’entre les mains des Chrétiens
pour les échanger avec desChrêtiens captifs.Depuis v . Ja ç . Vitriac*
ce tems l’ordre desTrinitaires fit de grands progrès fn- ° ccid- p
■en France,en Lombardie,enEfpagne,&même outremer.
Le moine Alberic qui écrivoit40.ans apt es, dit
qu’ils avo.ient déjàjufques àfixcénsmaifons,8iajoû- Mier.cir.a9t.
te:Cet ordre à la vérité eft recommandable,mais il a
grande matière de fe diffiper dans les voyages.
Le légat Pierre de Capoüe étantarrivé à Paris, Fétc ^'5 foot.
vifita l’églife cathédrale, & apprit que tous les
ans le premier jour de Janvier ony faifoit une ré-
joüifTance profane nommée la Fête de fous; ou
l’on commettoit plufieurs excez, non feulement en ira 0**.
paroles fales,mais en aétions criminelles,quelque- ^
fois jufques à effufion de fang. Touché de cet abus fi ^ ^
mal placé le jourde laCirconcifion deNôtreSei- Kalendt*
gneur & dans un tems où toute l’églife étoit affligée
de la défolation de la terre fainte: il fit un
mandement qu’il adrefTa à Eudes de Sulli évêque de
Paris, au doyen 8caux autres dignitezdu chapitre
par lequel uiant de fon autorité de légat, il dé-
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