
5>4' H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Jo in t que plufieurs de ceux qui ont droit de l’églife
font accordés en la perfonne d’O tton; 8c que les
partifans de Philippe l’ont élu en l’abfence 8c aux
mépris des autres : or c’eft un maxime certaine que
le mépris que fouffre un électeur nuit plus que la
contradiétion de plufieurs. Ils ont donc mérité de
perdre leur droit, dont ils avoient abufé. D’ailleurs
le duen’aété couronné ni au lieuni par la perfonne
qui le devoir faire ; 8c le roi Ta été .à A ix la chapelle
& par l’archevêque de Cologne. Or qu’en cas
de partage entre les princes nous puifïions favo-
rifer l’une des parties , nous le montrons par le
droit 8c par l’exemple. Car le faint fiege ne doit
être fans avoüé 8c fans deffenfeur, ni fouffrir de
la divifion des princes, 8c vousfçavezqu’étantarrivé
un partage dans l’éle&ion de Lothaire, Sc
de Conrad^ le pape couronna Lothaire, qui demeura
empereur , 8c Conrad fe reconcilia avec lui.
Le pape Innocent s’ étend enfuite fur les reproches
contre le duc de Suaube comme dans les lettres
precedentes : Sc conclut en exhortant à l’abandonner
Sc à recohjnoître le roi Otton.
Le roi de France Philippe fe plaignit auffi delà
protedtion que le pape Innocent donnoit à Otton,
qui avoir toujours été ennemi de la France lui 8c
toute fa race. Cette promotion, ajoute- t’i l , ne nous
eft pas feulement injurieufe, mais à tous les rois catholiques,
& nous ne la pourrons fouffrir puifqu’elle
tend à nousfaireperdre nôtre roïaume.PourrafTurer
le pape, il promet de lui donner des feuretez, qui
Philippe de Suaube n’entreprendra rien contre l’églife
Romaine. Le roi de France chargea de cette
L i v r e s o i x a n t e -q u i n z i e ’ m e . 9 y
lèttreBonifacc marquis de Montferrat 8c pria le pape
d’ajouter foy à ce que ce feigneur lui diroit de v ive
voix. Le pape dans faréponfes’efforcede juftifier
fa conduite; Sc affure qu’il a pris fes précautions
avec Otton pour l’empêcher de nuire à la France :
enfin il exhorte le roi à faire alliance 8c amitié avec
©tton, lui reprefentant les avantages qui lui en reviendraient.
Le marquis de Montferrat étoit venu en France à
la priere des feigneurs croifés qui l’avoient choifi
pour leur chef : ce qu’il faut reprendre de plus haut.
Aprèsquele comte de Champagne Sc le comte de
Blois fe furent c roifés, comme j ’ai dit en 119 9 . le
jour des cendres de l’année fuivante 110 0 . Baudoüin
IX . comte de Flandres 8c de Hainau t fe croifa auffi
à Bruges avec la comteffe Marie fa femme foeur du
comte de Champagne, Henri fon frere 8c plufieurs
autres feigneurs dupais. Baudoüin prit ce parti parce
qu’il craignoit le reflentiment du roi »Philippe
Augufte fon feigneur, à qui il avoir manqué de fidélité
, en donnant du fecoursàfes ennemis; 8c il avoit
perdu le roi Richard d’Angleterre fon protecteur.
Enfuite fe croiferent en France Hugues comte de
Saint Paul,Geofroi III. comte de Perche,8c beaucoup
d’autres. Après plufieurs conférences tenues à Com-
piegne pendant cette année 110 0 . les barons croifez
nommèrent fix députez, à qui ils donnèrent plein
pouvoir de regler la route qu’ils prendraient 8c tout
ce qui concernoit le voïage.
Les députez allèrent à Venife, comme au port où,
les croifez trouveraient le plus de commodité de
s’embarquer;8c ils y arrivèrent la première femaine
An. 12,01.1
ep. ¿4»
XXXIY.
Croifade en ■
France.
Sup. ni 13»
Ville-hard. n• 7.
les notes?•