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LUI.
Religieux.
%. Ep. j86.
V. Ep. %t. cum
ad monajt. 6, de
fiat, mon.
4 0 4 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
& on recevoit en cette matière les témoins qui ne partaient
que par oui dire, parce qu’on ne pou voit trouver
des hommes allez âgez pour être témoins oculaires
de la parenté jufqu’au troifiéme degré. En retranchant
les dcgrez le concile abolit auffi cet ufage , &
veut qu’on ne reçoive plus en cette matière que les
témoins oculaires.
Il y avoit un grand relâchement en plufieurs monafteres,
même en ceux qui devoient lervir de modèles
aux autres. Le pape Innocent dès la première
année de fon pontificat, écrivit à l’abbé du Mont
Calfin qui étoit cardinal, lui témoignant fa douleur
de ce que cette maifon d’où la réglé de faint Benoît
s’étoit répandue par tout le monde, étoit tombée dans
un tel défordre, qu’elle eaufoit un fcandale horrible.
Il reproche à ce cardinal de négliger le bien fpirituel
de ce monaitere, par trop d’attachement à en augmenter
le temporel ; & l’exhorte à le réformer ferieu-
fement en commençant par lui-même. Le monaftere
de Sublac près de Rome étoit comme le berceau de
l’ordre de S. Benoît. Le pape y étant allé en iz n . le
trouva tellement déchu de l’obfervance, qu’il fe crût
obligé d’y remedier par un grand règlement, où il
défend aux moines de porter du linge & de manger
de la viande hors l’infirmerie. Il veut que le filence
s’obferve toujours à l’églife, au refeétoir & au dortoir
: que l’on choififfie bien les officiers du monaftere,
& que leurs obédiences ne foient pas données à v ie ,
mais amovibles. Il défend fur tout aux moines la
propriété, & déclare que la pauvreté eft tellement
attachée à leur réglé, qu’il n’eft pas au pouvoir non-
feulement de l’abbé, mais du pape mçme d’en difi-
«enfer. L’ordre de Clugni fi floriffant deux cens ans ~
1 , . auparavant étoit auf/fTi 'tfo rt dié/cih/u';o & nous en avons un A N . i i i r .
exemple notable dans la révolte du prieur de la Cha- J “ ’ ITEp' I44‘
rité contre l’abbé de Clugni : qui fut pouffée jufqu’à
une guerre ouverte, environ trois ans avant le concile
de Latran. Auffi l’année iz i j. le pape écrivit au m. e;.«.
chapitre général de Clugni, pour exhorter les ab-
bez à travailler à la réforme de leurs moines , qui
par leur avarice, leur ambition & leur vie licentieu-
ïe , donnoient autant de fcandale qu’ils avoient autrefois
donné d’édification. C’étoit encore pis dans
les monaftercs qui ne tenoient point de chapitres généraux.
Pour remedier à ces défordres, le concile ordon- §1 B . 1 Injtngulis.l.dà
ne que dans chaque roïaume ou chaque province fiat, monach.
les abbez ou les prieurs, qui n’ont point accoutumé
détenir des chapitres généraux, en tiendront tous
les trois ans. Ils y appelleront dans ces commence-
mens deux abbez de Cîteaux,pour les aider,comme
étant accoutumez depuis long-temps à tenir de tels
chapitres. On y traitera de la réforme & de l’obfer-
. vance reguliere ; ce qui y fera ftatué fera obfervé
inviolablement & fans appel ; & on preferira le lieu
du chapitre fuivant. Le tout fe fera fans préjudice
du droit des évêques diocefains. C ’eft qu’il y avoit
encore peu de monafteres exempts de leur jurifdic-
tion. Le concile ajoûte que dans le chapitre général
on députera des perfonnes capables pour vifiter
au nom du pape tous les monafteres de la province,
même ceux des religieufes, & y corriger ou réformer
ce qu’il conviendra. Que s’ils jugent neceifaire
de dépofer le fuperieur, ils en avertiront levêque}
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