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N . 1 2 . 0 6 . l e p a p i e r £ u t - e t t é a u f e U j & ■ ■ a y o i r d e m e u r é ;
quelque tems au milieu, fauta dehors fans être aucunement
brûlé. Ils en furent tous fort furpris: mais un
d eux plus dur que les autres, dit : il faut le jetter
encore ah feu, vous en connoîtrez mieux la vérité.
On 1
y rejetta, & il fortit entier: ce qui arriva jui-
ques a trois fpis. Les heretiques néanmoins demeurèrent
dans leur endurciffement, & fe deiïèndirent
tres-etroitement 1 un a 1 autre de faire venir ce miracle
à la connoiffance des Catholiques.-’Mais un
jsrd: m. s. c. gentilhomme qui etoit avec eux, & qui panchoit
VCrS Iâ b° npe religion, la raconta a plufieurs per-
fonnes; & Pierre de VauxrSemay dit l’avoir apris de
celui qui avoit donné le papier à l’heretique. Il y avoit
en ces quartiers-la quelques nobles , qui preifez par
la pauvreté donnoient leursifilles à des heretiques
pour les nourrir & les in il ru ire. Dominique en eut
pitié , & pour les retirer , il établit un monaftere p .
Poiiille entre Fanjaux & Montreal : où elles vivoient
enfermees, priant & travaillant en iilence avec cran-
dé édification. *
En même-tems s’élevoit en Italie un autre grand
ment des.Fran. lerviteur de Dieu d’un caractère différent , fçavoir S
K 9 E Ë J e t e u r des freres Mineurs. U naquit a
adannai» n . j . Aliile en Ombrie dans l’Etat ecclefiaftique l’an 1 1 gì,
M.sud.chr. fon perePierre Bernardon étoit marchand comme la
plupart des citoyens des villes d'Italie. L’enfant fut
nommé Jean au baptême,mais depuison lui donna
r e d . : n . A . furnom de François, à caufle de la facilité avec
laquelle il avoit apris la langue Françoife, necefïàire
alors aux Italiens pour le commerce. Pierre Bernar-
dòn y apliqua ion fils dès la premiere jpuneffè; après
L i v r e S o i x a n t e - s e i z i e ’ m e . z t i -
/ui avoir fait prendre quelque petite connoiffance N' 110 *
des lettres; & celui-ci fuivant le panchant de fon
âge étoit plus fenfible au plaifir qu’à l’intereft, fans
toutefois s’abandonner à la débauche. Il avoit dès s- b«,«»»*.'
r \ n • 1 • 1 V^ta S- Fran$\ l’enrance une tendrefle particulière pour les pauvres, 1:
& s’étoit propofé de donner à tous ceux qui fe pré-
fenteroient, lur tout s’ils lui demandoient pour l’amour
de Dieu : mais un jour étant appliqué à fon
negcce,*il en refufa un contre fa coutume; & en eut
un tel remors, qu’il courut après,lui donna l’aumône
, & promit à Dieu que tant qu’il en auroit le pouvoir
, il n’en refuferoit aucun, ce qu'il obferva toute
là vie.
Au fortir d’une grande maladie s’étant fait faire
un bel habit,il rencontra un gentilhomme de bonne
maifon, mais pauvre & irialvêtu :ilenfut fi touché,
qu’il fe dëpoüilla de fon habit neuf & l’en revêtit.-
La nuit fuivante il vit en fonge un grand palais
rempli d’armes marquées de croix : & comme il de-
mandoit à qui étoit tout cela, il lui fut dit quec’é-
toit pour lui & pour fes foldats. Il prit ce fonge au
pied de la lettre, & refolut d’aller en Poiiille, fe mettre
au fervice d’un feigneur qui y faifoit la guerre,
efperant faire fortune par les armes. Il s’étoit déjà
mis en chemin,quand il lui fut dit dans une autre fonge
qu’il ne devoir pas quitter le maître pour le fervi-
teur , & que c’étoit Dieu qu’il devoir fervir. il revint
doncà Aflife, & renonçant au trafic, il prioit Dieu
ardemment de lui faire connoître ce qu’il devoit faire.
Un jour comme il marchoit à cheval dans la
campagne, il rencontra un lepreux qui lui fit horreur:
mais faifant reflexion que pour fervir J . C. il
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