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qui veuillent fe préparer à la croifade. C’eft pourquoi
j’ai exhorté ce prince par mes lettres à faire un
plus long féjour en Allemagne ; & il eft à propos que
votre famteté l’y encourage aulli. Car s’il fe retiroit,
& fur tout s’il pafloit Outre mer l’été prochain, comme
il fe propofe , il cauferoit un grand découragement
à la croifade. Je lui ai aulli donné commilhon
par mes lettres patentes d’exciter au fervicedela terre-
fainte tous ceux\qu’il pourra, &i de promettre de ma
part aux croifez le paffage, les vivres & toutes les
chofes neceffaires qui leur feront abondamment ad-
miniftrées en mon roïaume.
Etafin que tout l’Orient connoilfe la volonté invariable
que j’ai d’accomplir ce mariage, & de procurer
le fecours de la terre fainte, j’ai réfolu d’envoïer à
Acre au paifage prochain Jacques évêque de Patti en
Sicile, pour s’informer devant vos déléguez du con-
fentement de la princefte. Ce fera donc à votre fain-
teté d’envoïer eii Allemagne , en Hongrie & aux
roïaumes voifins, en France,en Angleterre & aux autres
païs des perfonnes de telle autorité & munies de
tel pouvoir pour accorder l’indulgence, qu’elles fe
faffent écouter, & même craindre pour l’avancement
de la croifade. Aïez auifi la bonté d’envoïer un légat
fpécial pour négocier la trêve entre Je roi de France
& celui d’Angleterre ; & de donner fi bon ordre à
tout le refte, que perfonne ne foit plus accufé de négligence
; car pour moi le ciel &c la terre me feront témoins
du foin que je prendrai de cette affaire. La lettre
eft dattée de Catane le cinquième jour de Mars
jndiéfion douzième, qui eft l’an 1 1 1 4 .
Le pape envoïa cette lettre de l ’empereur an nou-
L l V R E S O I X A N T E - D I X - H Ü I T I E ’ m E.
Veau roi de France Louis par le cardinal Conrad, qui
par confequent étoit revenu à Rome. Le pape le ren-
voïa en diligence avec une lettre où il dit au roi : On
croit certainement que Raimond fils de Raimond jadis
comte de Touloufe craint tellement votre puif-
fance, que s’il fixait que vous la vouliez emploïer
toute entiere contre lu i,. il n’ofera l’attendre : mais
il obéira à votre gré aux ordres de l’églife, comme il
l’offre;&Dieu veiiillequece foit fincerement. C’eft
pourquoi nous vous conjurons de le preffer efficacement
Si par exhortations &c par menaces, de fe reconcilier
à leglife : en forte que le païs foit purgé
d’hérétiques, que les torts faits aux ecclefiaftiques
foient réparez ; que l’on pourvoie à la liberté de l’églife
pour l’avenir & à l’honneur d’Amauri comte de
Touloufe, que nous ne pouvons abandonner en cette
occafion. Par ce moïen vous ôterez un grand obfta-
cle au fecours de la terre-fainte. Nous vous prions
aulli de donner entiere créance à ce que le légat vous
dira de notre part, pour le renouvellement de la trêve
avec le roi d’Angleterre. La lettre eft du quatrième
d’Avril 112 4 .
Raimond touché de la crainte du roi Louis, ou
de quelque autre motif, fit fa paix avec le pape incontinent
après. Car dans un concile ou parlement
général que le roi tint à Paris le cinquième jour de
Mai de la même année, le légat Conrad au nom du
pape déclara Raimond catholique, & révoqua pour
un temps l’indulgence accordée par le concile de La-
tranà ceux qui marcheroient contre les Albigeois.
Mais le légat n’obtint rien pour la prorogation de la
trêve avec l’Angleterre ; &i le roi Louis partit le len-
B b b b ij
A N. 1 2 2 4 .
LXVII.
Raimond le jeure
reconcilié avec lé
pape.
VII. Epift. 380.
ap. Ratn. n. 13«
40. Duchefne, fft.
5. { . 8 ; j .
Gi/Ia. l.tii. Du*
chefne, to. J. p.
i8 y . G. Nang.
Iii4-
Concit. tom. xi„
p. 28.9.