
A n. i 199.
tí tp. 598.
XIII.
Croifade en
France.
' Albçric. An.
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Villehard. ». i .
& Us obfer* «fe
Ducange.
ji H i s t o i r e E c c l e s i ' a s t i q ü ï .
commençant à prêcher dès l’an 119 5. le légat Pierre
de Capouë tronvant fa réputation établie, feler-
v it utilement de lui pour 11 croifade ; & ce fut ap-
paramment fur le rapport de ce cardinal, que le pape
Innocent écrivit à Foulques la lettre dont j ’ai
parlé , par laquelle il l’exhorte à employer le talent
que Dieu lui a donné pour l’inilruébionde fon peuple,
8 c lui donne pouvoir de choifir avec lecon-
feil du légat ceux d’entre les moines noirs, les
moines blancs, ou les chanoines réguliers, qu’il
jugerait les plus propres à prêcher avec lui. On
appelloic alors moines noirs ceux de Clugni, 8 c
moines blancs ceux des Cifteaux.
Foulques s’étant croifé lui-même,commença à
prêcher la croifade avec grand fuccès. Les peuples
le voyant croifé, 8 c fçachant qu’il devoir marcher
pour les conduire en cette entreprife, accouroient
en 'foule prendre des croix de fa main. Il recevoir
quantité d’aumônes; dont il amaffa de grandes
fommes pour fubvenir aux frais de la croifade.
Mais quelque pure que fut ion intention, fa réputation
en fouffrit, 8 c fon autorité en déchût
notablement.
Les principaux feigneurs, qui fe croiferent par
les prédications de Foulques furent Thibaut V.
comte de Champagne âgé de vingt-deux ans, 8 c
Loüis comte de Blois âgé de vingt-fept. Ilsétoient
coufins germains en^re-eux 8 c du roi de France,
& neveux du roi d’Angleterre. Ces deux Princes
fe croiferent à l’entrée de l’Aventl’an 1199. à l’oc-
cafion d’un tournoi qui fe tint en Champagne.
Ainfi ces alTemblées tant défendues pat les canons,
en
L i v r e S o i x a n t e -q u in z ^ t ’ ME. 33 ^ n. 1199.
-ne lailferent pas d’avoir leur utilité. Avec eux fe
.croiferent Simon de Montfort, depuis il fameux
par les guerres des Albigeois , Renaud de Mont-
¡mirail , Geofroi de Yille-hardoüin maréchal de
Champagne qui a écrit en François du tems l’hiftoire
de cette croifade, & plufieurs autres. il y eue aulîi
deux évêques qui fe croiferent, Garnier de Troye
,8c Nevelon de Soiifons..
Pour préparer en Orient les affaires de la croifade,
le pape Innocent agiffoit auprès du roi de Suf* liv* *
Jerufalem & de l’empereur deC. P, Le roi titulaire jjp ll "• ir
de Jerufalem étoit Aimeri de Lufignan roi de
Chipre, que les Latins avoient élû comme le plus
propre à foûtenir ce royaume chancelant : outre
qu’il étoit mari d’ifabelle fécondé fille du roi Amau- cf +J7_
ri. Le pape écrivit donc au’ roi Aimeri 8c la reine
fon époufe, pour leur promettre fa proteftion qu’ils
lui avoient demandée; & au roi en particulier ,
pourl’exhortcr aux vertus convenables à fa dignité,
8c l’affurcr qu’il faifoit tous fes efforts pour lui envoyer
du fecours. Ces deux lettres font du mois
de Décembre 1 197. En même tems le pape écrivit
au comte de Tripoli, d'avoir foin de la confer- ef-
vation du royaume de Chipre, pendant que le roi
Aimeri en feroit abfent pour faire la guerre en
Paleftine. C ’eft qu'on fçavoit que l’empereur de
C. P, gardoit toujours fes prétentions fur cette iile.
Le pape écrivit de même en faveur du roi Aimeri
au prince d’Antioche, 8c aux maîtres.des Templiers
& des Hofpitaliers : 8c comme plufieurs des Latins
établis dans la terre-fainte, la quittoient fous pré- cp.^,.
texte d’accomplir des voeux qu’ils avoient faitsd’aller
Tome X V I, E