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360 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
les Grecs s’adreflèrent à l’empereur Henri, & lui dirent
: Etant d'une autre nation , & aïant un autre
pontife, nous nous fommes fournis à votre puiflance
quant au*corps, mais non quant à l’ame & aux choies
fpirituelles. Nous fommes obligez de combattre
pour vous à la guerre : mais il nous eft impolfible de
quitter notre religion. Délivrez nous donc des maux
qui nous menacent, ou nous laiiTez aller en liberté
joindre nos compatriotes. L’empereur ne voulut pas
fe priver du fervice de tant de braves gens, & malgré
le légat il fît ouvrir les églifes des Grecs, & mettre
hors des prifons leurs moines & leurs prêtres : ainft
il appaifa la tempête dont C. P. étoit agitée. Mais
plu fleurs moines en fortirent &c allèrent trouver l’empereur
Lafcaris, qui leur donna des monafteres à ha-
biter ; & des prêtres allèrent à Nicée, où le patriarche
Michel Autorien reçût les uns dans fon clergé -,
8 c donna aux autres des églifes : ainfi ils vivoient en
liberté.
Au commencement de Pan 1 1 14. le pape Innocent
envoïaun nouveau légat en Provence, fçavoir Pierre
de Benevent cardinal diacre du titre de fainte
Marie en Aquire, &c le chargea de plufieurs lettres
dattées du dix-feptiéme de Janvier & des jours fui-
ivi.s/ift. i67. vans. La première eft adreffée aux archevêques d’Em-
brun , d’Arles, d’Aix & de Narbonne &c à leurs fuf-
fragans, aux abbez & aux autres fuperieurs eccléfîa-
ftiques , à qui il ordonne de recevoir humblement,
& d’obferver inviolablement tout ce que le légat jugera
à propos de ftatuer. Par une autre le pape ordonne
à Simon comte de Montfort, de remettre entre les
mains du légat le fils du roi d’Arragon qu’il tenoit
prifonni.eE
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Suite de-Faffaire
fc» Albigeois.
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L i v r e s o i x a n t e d i x -s e p t i e ’m e . 561
prifonnier depuis la bataille de Muret. Le légat avoit
les pouvoirs neceflaires pour abfoudre le comte de
Comminges, le vicomte de Bearn & lesTouloufains,
en prenant d’eux les feuretez neceflaires. Il arriva en
Aloigeois vers la mi-Avril, & en même-temps y
arriva de France une recrue de croifez conduite par
l’évêque de CarcafTone.
Ce prélat avoit pafTé en France toute l’année précédente
a prêcher la eroifade contre les hérétiques ; en
quoi il avoit été fécondé par quelques autres, principalement
par le doéteur Jacques de Vitri. Le cardinal
légat Robert de Courçon & Guillaume archidiacre
de Paris amenèrent auffi des croifez. Car encore
que le cardinal fût principalement chargé de
prêcher la eroifade pour la terre-fainte, il fe laiflù.
perfuader alors de la biffer auifi prêcher contre les
Albigeois, & prit lui-même la-croix fur la poitrine,
qui étoit la marquedecetteeroifade. Lerendez-vous
général des. croifez fut donné à Beziers pour la quinzaine
de Pâques, c’eft-à-dire le treizième d’Avril.
D ’ailleurs Eudes I II . duc de Bourgogne excité par
l’archevêque de Narbonne, vint au fecours du comte
de Montfort accompagné des archevêques de Lion
& de Vienne.-
Pendant le carême de cette année 12.14. le comte
Baudouin frere du comte de Touloufe fut pris en
trahifon b nuit comme il dormeit dans fon l i t , à
l’Olmie en Querci, d’eù on le transféra dans un autre
château tenu par Les gens. Et comme il ne vouloic-
pas en faire rendre la tour g les routiers qui le t-e-
noient le biffèrent deux jours fans manger ; au-bouc-
defquels il fit venir un prêtre , à qui il fit-fa confcl-
T o m e X V I . Z z '
A n . 1214
x v i. Epi/l* 171,
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Petr. htji, Albig
c. 77.78V
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