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C 6 o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
Dans la ceffion que le fultan fait de Jerufalem i l
n’eft parlé que de l’empereur & de fes lieutenans ,,
fans aucune mention de l’églife ni des pelerins'. Le
fultan d’Egypte n’a pû faire cette ceffion au préjudice
du fultan de Damas fon neveu, quiétoit en pof-
feffion de Jerufalem M Si qui n’a voulu ni jurer , ni
ratifier le traité. C’eft un abus intolérable de eedejj
aux infidèles le temple de Dieu,. qui eft le fiege patriarcal,
fans même permettre aux Chrétiens d’entrer
dans l’enceinte , s’ils n’ont la même opinion de
ce lieu que les Sarafins 5 Si cela tandis qu’on permet
à ceux-ci d’entrer à Bethléem librement Si fans aucun
examen. D’ailleurs comme tous les yillages voifins
de Jerufalem demeurent au pouvoir des infidèles, &
qu’ils viendront faire leurs prières au temple en bien
plus grand nombre que les Chrétiens ne viendront
au faint fepulcre : comment les Chrétiens pourront-
ils demeurer maîtres de Jerufalem pendant dix ans ,
fans querelles Si fans péril de leur vie D’autant
plus qu’on donne aux Sarafins jurifdiétion dans- la
ville comme aux Chrétiens. L’empereur s’engage par
ce traité de n’exercer aucun aéte d’hoftilité direâte-
ment ni indirectement contre les Sarafins pendant
la trêve ; comment accorder ce ferment avec celui
qu’il a fait à l’églife, de tenir à la terre-fainte pendant
deux ans mille chevaliers Si cinquante galeres ;
Si qui lui a attiré l’excommunication pour ne l’avoir:
pas accompli h La promeile de ne point fecourir les-
ièigneursd’Antioche,.de Tripoli& des autres places
eft nouvelle Si inouie. Jufques ici lorfqu’il y avoit
trêve au royaume de Jerufalem j les chevaliersdu
royaume. & les autres Chrétiens ne lailfoient pas de
t i V R E s o i x a n t e - d t x - n e u v i e ’m e . 6 6 1
défendre ces places. Te ls font les reproches du patriarche
contre le traité de l’empereur.
.Dans la lettre à tous les- fideles il commence pai
dire que l’empereur s’eft conduit miferablement depuis
le commencement jufques à la fin dans tout le
cours de fon voyage, au grand préjudice de la croi-
fade Si au mépris de la religion. Il eft venu , continue
t’i l , excommunié , amenant à peine avec lui
quarante chevaliers Si fans argent : efperant fuppléer
à fon indigence par les dépouilles de la Syrie. Et
après avoir raconté fon traité avec le fultan & fon
entrée & Jerufalem, il ajoûte : le quatrième dimanche
de carême il vint à Acre : le temps du paifage
étoit proche, Si tous les pelerins ayant vifité le Saint
fepulcre fe préparoient à partir ; Si comme nous
n’avions point de trêve avec le fultan de Damas ,
Voyant le païs abandonné, nous avions refolu de retenir
des troupes fur le fonds de l’aumône du roi de
France Philippe. Ce que l’empereur ayant appris , il
nous fit dire , qu’il s’étonnoit de cette réfolution
puifqu’il avoit fait-la trêve avec le fultan d’Egypte.
Nous lui répondîmes que le fultan de Damas n’y
étant point compris pouvoir nous attaquer malgré
celui d’Egypte. L’empereur répliqua, que puifqu’il
étoit roi de Jerufalem on ne devoir point fans fa per-
miffion retenir de troupes en armes dans fon royaume.
Puis ayant fait-aiïembler hors de la ville les prélats
, les religieux Si tous les pelerins qui étoient à
Acre, il leur parla , fe plaignant fortement de nous-
& nous chargeant de calomnies ; Si s’-adreflanr au’
maître du Temple, il s’efforça de noircir fa réputation,
voulant s’cxcufer aux dépens des autres. Enfin^
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