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19 ' de reflicuer félon leur pouvoir. Les femmes pro-
ilituées fe coupant les cheveux, renonçoient à leur
infâme profeifion ; il en maria plufieurs, d’autres
embraiTerenc la continence; ôc pour leur affurer
une retraite il procura la fondation de l’abbaye
faint Antoine, fous la réglé des Cifleaux. Foulques
s’acquit tant d’autorité, que les écoliers 8c les
doéteurs même, venoient l’écouter, 8c aportoienc
à leur tour des tablettes 8c du papier, pour recueillir
fes difcours 8c en faire ufage dans leurs fermons;
mais ceux de Foulques n’avoient pas la
même force dans la bouche des autres. Il ex-
S-Blaf hortoit les doéteurs à faire leurs leçons courtes,
utiles ôc agréables ; ôc perfuada à plufieurs de retrancher
beaucoup de vaines fubtilitezôc de quef-
tions fuperfluës. Il y en eut même qui fe rendirent
fes difciples ôc fe joignirent à lui pour aller prêcher,
entreautres Pierrele Chantre, Pierre deRoif-
f i, l’abbé de Perfeigne ordre de Cifleaux, Eu (lâche
abbé de F ia i, ou S. Germain, Albericde Laon archidiacre
de Paris depuis archevêque deRheims ôc
quelques autres.
Foulques prêcha par toute la France, en Flandre,
en Bourgogne, ôc dans une grande partie
de l’Allemagne, étant invité par les Evêques, ôc
reçu pir tout comme un ange; 8cDieu lui donna
le don des miracles | enforce qu’il guériffoit toutes
fortes de maladies par la feule imposition des
mains 8c le figne.de la croix: mais il neguérifloit
pas indifféremment tous les malades qui fe pre-
fentoient ; il y en avoit qu’il refufoit abfolument
de guérir, difant qu’il n’étoit pas avantageux pour
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léurfalut: à d’autres, qu’ils n’avoient pas epçore
affezdepenitence. U.pjour on lui amena.de,smuets
à qui il ouvrit la bouche, foufla dedans 8c leur commanda
de parler ; 8c comme ils tardcûent à qbéïr,
il leur donna des iouflets comme pour les y contraindre
, 8c ils parlèrent auffi-tôt. Une autre fois
des gentilshommes lui prefenterent un jeune homme
de leurs parens tout impotent. Foulques
leur fit une rigoureufe réprimande fur la vanité
de leurparure, 8c commanda au jeune.homme
de defcendre de cheval : comme il n’obéiffoit pas
parce qu’il ne pouvoic fe remuer; Foulques le lui
commanda une fécondé fois au nom deJefus-Chrifl,
8c voyant qu’il ne defcendoit pas encore, il pouffa
vers lui fon cheval levant un bâton qu’il tcnoit comme
pour le fraper.. Le jeune homme effrayé fe
laiffa tomber ; Foulques le releva guéri, 8c le fit
courir devant lui rempli de joye la longueur d’un
champ. Ce bon prêtre n’avoit rien de fingulier dans
fon habit, fa nourriture 8c fa maniéré de vivre.
Il alloit à oheval, 8c mangeoic ce qu’ on lui don-
noir.
Un jour ils’adreffaau roiRichardd’Angleterre, 8c
lui dit : je vousdisde lapartdeDieutout-puiffant,
de marier au plutôt trois méchantes filles que vous
avez , de peur qu’il ne vous arrive pis. Leroiré-
pondit: Hypocrite tu a menti, je n’ai point de
filles. Vous en avez trois, oeprit Foulques, la fu-
perbe, l’avarice 8c l’impudicité. Et bien dit leroi,
| s’adreffans à fes barons; je donne mafuperbeaux
Templiers, mon avarice aux moines de Cifleaux,
8c mon impudicité aux prélats de l’églife. Foulques
A n. 1198.
O tto , à S . B U f .
c. 47.
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