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comte de Touloufe à la purgation qu’il demandoit i
F*’ attendu quil avoit fouvent violé fes fermons faits
entre les mains des légats : que depuis fon retour dç
Rome il avoit fait pis que devant, & avoit entr’au-
très violences retenu prifoiinier pendant près d’une
année l’abbé de Montauban,pris l’abbé de Moiffac,
Si çhaifé l’évêque d’Agen de fon fiege & de la ville;
enfin qu’il ne pouvoit plus être abfous de l’excom-'
munication fans un mandement fpecial du pape. Suivant
ce confeil les çommiiTaires envoïerent au comte
de Touloufe leur proteftation, que c’étoit par fa
4s. faute qu’ils ne pouvojent palier outre en fon affaire,
Si écrivirent au pape , pour lui rendre compte de
tout ce qu’ils a voient fait depuis le commencement
de lejur commiffipn,
41. Lesprelatsdu concile de Lavaur écrivirent auffi au
pape une grande lettre, où ils relevent les crimes du
comte de Touloufe , & difent qu’après avoir inutilement
cherché le fecours de l’empereur Otton & du roi
d’Angleterre, il s’eftadreffé au roi de Marocennemi
commun de la Chrétienté, c’eft-à-dire au prince des
Almohades. Enfin, ajoûtent-ils, il a eu recours au
roi d Arragon, pour effaïer par fon moïen de circonvenir
a votre fainteté. Mais fijachez que il l’onrendà
ces tyrans, fçavoir au comte de Touloufe & à fes complices,
les terres qui ont coûté tant de fang Chrétien :
le clergé Si l’églife font menacez d’une perte inefti-
mable, Cette lettre fut envoïée au pape par l’évêque
de Cotnminges, l’abbé deClairac, Guillaume archidiacre
de Paris , le dodfeur Theodife & un clerc
nommé Pierre Marc, qui avoit été long-temps e$
cour de Rome correcteur des lettres du pape,
L i v r e so ix a n t e -d i x -s e p t i e ’m e . 341
Ces députez furent aùffi chargez des lettres de Mi- ~
chel archevêque d’Arles Ôc de dix évêques de Pro- N‘
vencedattéesdu vingtième Février 1x13. de celles de Et-
Guillaume archevêque de Bourdeaux& des évêques
de Bazas Sc de Perigueux, de Bermond archevêque
d’Aix Si de Bertaud évêque de Beziers. Toutes ces
lettres tendoient à reprefenter au pape combien l’affaire
de la religion étoit avancée en ces provinces ,
Si l’importance de ne la plus abandonner.
Elles eurent leur effet ; Si quoique les députez euf-
fent trouvé le pape prévenu en faveur du roi d’Arra-
gon, ils l’inftruifirent fi bien de la vérité du fait, qu’il
reconnut qu’on l’avoit furpris, écrivit à ce prince :
lui enjoignant d’abandonner les Touloufains. Que XYI. Ep. 48*
s’ils défirent, ajoûte-t’il, revenir à l’églife, comme
prétendent vos envoïez : nous donnons pouvoir à
Foulques évêque de Touloufe de les réconcilier, Si
de faire chaffer de la ville avec confiscation de biens
ceux qui perfifteront dans l’erreur. Il révoque en-
fuite, comme obtenu par furprife, le mandement
qu’il avoir donné en faveur des comtes de Foix Si de
Comminges Si du vicomte de Bearn, & les renvoie
pour leur abfolution à l’archevêque de Narbonne.
Il promet d’envoïer un légat fur les lieux ; 8 i cependant
ordonne une trêve entre le roi Si le comte de
Montfort. Enfin il déclare que fi les Touloufains Si
les quatre feigneurs perfiftent dans leurs erreurs, il
fera prêcher de nouveau la croifade contr’eux. La
lettreefldu vingt-nniéme de Mai. Le roi d’Arragon
y eut fi peu d’égard qu’il envoïa défier le comte de *#■, c. g. f.
Montfort, qui le défia réciproquement, & la guerre
continua tout l’été.
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