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A François & leur fuite. Pâque étoit cette année -le
' l 1 1 5 ' dixième d'Avril.
kÎT'm 'iITJ1' ^ crs k m^nie temps Galon prêtre cardinal & légat
du pape vint en France pour empêcher le prince
Loiiis de paifer en Angleterre. Il prefenta au roi
Philippe des lettres du pape, par lefquellesil le prioit
de ne pas permettre que ion fils inquiétât le roi Jean
en aucune maniéré : mais au contraire de le protéger
& le défendre comme vaiTal de l’églife Romaine. Le
roi Philippe répondit : Le roïaume d’Angleterre n’a
jamais été ni ne fera le patrimoine de faint Pierre. Il
y a long- temps que le roi Jean ayant voulu détrôner
le roi Richard ion frere, fut accufé & convaincu devant
lui de trahifon, &c condamné dansfacour : en-
forte que n’ayant jamais été vrai roi, il n’a pu donner
le roïaume. Et quand il fauroic été, il a depuis perdu
le roïaume par forfaiture en tuant fon neveu Artus:
a caufe dequoi il a été condamné en nôtre cour. D’ailleurs
aucun roi ne peut donner fon roïaume fans le
confentement de fes barons, qui font obligésàladé-
fenfe de l’état ; & ir le pape veut foûtenir cette er^
reur , c’eft un rrès-pernicieux exemple qu’il donne à
tous les rois. Alors les feign. urs François s’écrièrent
tout d’une voix , qu’ils (outiendroient jufqucs à la
mort cette vérité, (qu’aucun prince ne peut par fa feule
volonté donner fon roïaume, ou le rendre tributaire ,
& aifervir ainiî la nobleife. Ceci fe paifoit à Lion le
quinzième jour après Pâque , c’eft à-dire le vingt-
quatrième d’Avril 1116 . .
Le lendemain le roi fit venir à la conférence fon
fils Loüis, qui s’affit auprès de lu i, regardant le légat
de travers. Le légat renouvella fes prières pour em-
L i v r e s o i x a n t e - d i x - s ë e t i e ’me. 411
nicher le prince de paffer en Angleterre : mais le . ”
• 1 • m j ’ t i • a- t roi Philippe lui répondit : J ai toujours e.tef hc dj el1 e ooc, A n » 12.ÎJ
dévoué au pape & à l’églife Romaine , je l’ai fervie
efficacement jufques à prefent en toutes fes affaires -,
& maintenant encore je ne donnerai ni aide ni con-
feil à mon fils pour rien entreprendre contre elle :
mais s’il prétend quelque droit fur le roïaume d’Angleterre
, il faut l’oüir & lui rendre juftice. Alors un
chevalier que le prince avoir chargé de parler pour
lu i, fe leva, & d it, adreffant la parole au roi : Sire ,
tout le monde fçait que Jean prétendu roi d’Angleterre
a été condamné à mort dans vôtre cour par le
jugement de fes pairs, pour avoir tué en trahifon &
de fes propres mains fon neveu Artus : qu’enfuite
les barons d’Angleterre l’ont rejetté pour plufieurs
autres crimes, ne voulant plus le rcconnoître pour
roi. Enfin il a donné fon roïaume au pape fans leur
confentement, & quoiqu’il n’ait pû le donner , il a
pû l'abdiquer : ainfi le trône eft demeuré vaquant, &
les barons à qui il appartenoit ont élû le prince Loiiis
à caufe de fa femme , dont la mere, c’eft-à-dire la
reine de Caftille, eft la feule vivante de tous les frères
& les foeurs du roi d’Angleterre. Le légat répliqua
, que le roi Jean étoit croifé , que-par l’ordonnance
du concile général il devoit avoir la paix pour
quatre ans, & que tous fes biens devoient être en fureté
fous la prote<ftion du S. fiege. Le chevalier répondit
, que le roi Jean avant que de prendre la croix
avoir fait la guerre au prince Loiiis, & exercé plu-
fieurs aeftes d’hoftilité fur fes terres, & continuoit encore
depuis qu’il étoit croifé , c’eft pourquoi le prince
pouvoit juftement lui faire la guerre. Le légat *
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