
4'SS H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .*
—------------ gnon répondit : Mon frere, ne vous arrêtez pas au
m p - jUgement des hotnTnes, ce n’eft pas d’aujourd’hui que
l’on vous croit infenfé : déchargez votre eonfcience
& craignez Dieu plus que le monde. Auffi-tôt François
alla déclarer fa révélation, qui fut prife pour une
rêverie : on donna le combat, les Chrétiens furent
battus & perdirent environ fix mille hommes, tant
tuez que pris. On croit que, c’eft le combat qui fut
donné le jour de la décollation de faint Jean, vingt-
neuvième d’Août,
Honetv, c. 5»« Les deux armées étoient en prefence , & on ne
pouvoir palier d’un camp à l’autre fans grand péril :
vu même que le fultan avoir promis un befan d’or h
quiconque luiapporteroit la tête d’un Chrétien. Mais
François après s’être fortifié par la priere , ne laifla
pas de marcher au camp des infidèles- avec frere I lluminé.
Ils rencontrèrent deux brebis, Si Franç,ois>
Uaith.-i.i6. (Jij à, fon compagnon : Courage, mon frere, nous
• fommes envolez comme des brebis au milieu des
loups. Avançant plus loin ils trouvèrent desSarafins*.
qui accoururent à eux , les chargèrent d’injures & de-
coups, & les lièrent. François leur dit : Je fois chré-
jMjntr.omd-. tien , menez- moi à votre maître. C’étoit le foltan
* j|| d’Egypte Melic Camel, nommé par nos auteurs Latins
Meledin. Il demanda aux deux religieux qui les
avoit envoïez. François répondit : C ’eft le Dieu très-
haut qui m’a envoie pour vous montrer à vous & à
votre peuple la voie du falut. Le foltan voïant fon
courage l’écouta paifiblement pendant quelques
jours, & l’invita à demeurer auprès de foi. François
répondit : Si vpus voulez vous convertir avec votre
peuple:, je demeurerai volontiers avec vous pour l’amour
L i v r e s o i x a n t e -d i x -h u i t i e ’m e . 489
motir de J . C. Que fi vous balancez d’embraifer fa loi
en quittant celle-de Mahomet, faites allumer un
grand feu & j’entierali dedans avec vos prêtres, afin
que vous voïez quelle eft la foi qu’il faut foivre. S.
Erançoisnommoit prêtres ceux que les Mufolmans
nomment Imans, qui comrrtencent la priere publique
& prêchent dans les Mofquées. Le fultan répondit :
Je ne croi pas qu’aucun de nos Imans voulût entrer
dans lé feu pour fa religion ; & en effet il en aVoit vû
un des plus anciens difparoître à la propofition du faint
homme ^ qui répliqua : Si vous voulez me promettre
pour vous & pour votre peuplé d’embraffer la religion
chrétienne en cas que je fortedu feu fain & entier,
j’y entrerai feulrSi je fois brûlé, on l’imputera
à mes pcehez, mais fi Dieu me conferve, vous reconnaîtrez
J . C. pour vrai Dieu & fauveur de fous les
hommes. Le foltan dit, que s’il acceptoit ce défi, il
craignoit une fédition : mais il offrit-à François dé
riches prefens , qu’il méprifa comme de la boue, &
le fultan en conçut plus de vénération pour lui. Enfin
craignant que quelqües-Uns des fiens touchez des
dîfcours du faint hgmrne ne paffaffent à l’armée des
Chrétiens, il le congédia en difant : Priez pour moi,
afin que Dieu me faffe eonnoître la religion qui lui
eft la plus agréable.
Ce récit eft tiré partie de S. Boriaventure dans lâ
Vie de S. François , partie de Jacques d eVitri, qui
étoit alors évêque d’Acre & prefenc au fiege de Da-
miete. Il fait l’éloge des freres Mineurs dans fon histoire
Occidentale, & dit en fobftance ¡Ils s’éfor-
centde ramener la pauvreté & l’humilité de la primitive
églife, en accomphftam non feulement les pre-
feme X V I , Q_qq
A N. 1 1 19.
Bibl. Orient, p:
H
XXVIII.
Témoignage ¿6
Jacques de Vitri
pour ies freres Mi-,
neufs.
c. 3X.