
’ ’ faut commencer parfevaincre.foi-même ,ildefcenb
die de cheval, & en donnant l’aumône au lepreux, il
le baifa. Etant remonté à cheval, il fut bien furpris
de ne plus voir perfonne, quoi qu'il regardât de tous
côtez, ôc que ce fut en rafe campagne .; ôc deilors il
refolut de tendre toujours à une plus grande perfection.
Il cherchoit la folitude: ôc ¿toit fénfiblement
touché du fouvenir de la paillon 5c de la croix de
J . C
^ Un jour étant entré dans l’églife de faintDamien
fituée hors de la ville d'AIfife à quatre cens pas , ôc
tombant en ruine de vieilleiTe , il fe profterna en
priere devant le crucifix; ôc comme il le regardoit
les yeux baignez de larmes, il oüit une voix qui fem-
bloit en forcir ôc qui lui dit par trois fois : François,
v a , repare ma maifon qui tombe comme tu vois. Il
en fut épouvanté,fçaehant qu’il étoit feul dans cette
églife: mais étant revenu à lu i,il reioluc d’obéirôc
d’en reparer le bâtiment. Il fe leva, fit le ligne de la
croix, alla chez lui prendre des étoffes qu’il porta à
Foligni ville voifine, les vendit, 5c même fon chev
a l: puis il revint à l’églife de S. Damien, où il trou-!
va un pauvre prêtre nommé Pierre qui en avoir pris
le foin, 5c l’ayant abordé avec refpeét, il lui offrit fon
argent pour les réparations del’églifeôtpour le fou-
lagement des pauvres , le priant qu’il demeurât quelque
tems avec lui. Le Prêtre confentit de recevoir
Françoi^ mais non pas fon argent ; craignant l’indignation
de fesparens. François jetta fon argent dans
une fenêtre comme fi c’eût été de la pouffiere.
Après qu’il eut demeuré quelque tems avec ce
prêtre, Pierre ffernardon fon pere ayant apprise e
L i v r e S o i x a n t e - s e i z i e ’ me. r 2 2 3 _________
qui s’étoit paffé, accourut fort en colere à S. Damien An. i 206,
avec quelques-uns de fes parens ¡mais François voulant
éviter leur premier mouvement, fe cacha dans
une foffe , où ilpaffa quelques jours en priere. Puis
s’accufant de lâcheté, il fortit plein de joye 5c de confiance
5c retourna à Affife. Les Citadins le voyant
craffeux , défiguré Sc tout autre qu’auparavant, crurent
qu’il avoit perdu l’e fp rit;5c couroient après lui
avec de grandes huées, lui jettant de labouë 5c des
pierres ; 5c il paffoic au milieu d’eux fans s’émouvoir.
.Mais fon pere accourut au bruit, ôc l’aïant traîné chez
lu i, ajouta les coups aux reproches, l’enferma ôc le
lia comme un infenfé. Peu de tems après, il fit un
voyage , pendant lequel la mere de François n’approuvant
pas la conduite de fon mari, 5c n’ueiperanc,
pas de vaincre la confiance de fon fils, le biffa aller,
5c il retourna à S. Damien.
Le pere étant revenu, fit de grands reprochés à fa
femme ôc courut en colere chercher fon fils, pour le
chaffer au moins du païs s’il ne le pouvoir ramener.
François alla au-devant de lui, ôc die hautement
qu’il ne comptoic pour rien fes coups ôc fes liens, Ôc
qu’il fouffroit tout pour l’amour de J. C. Le pere
vouloir au moins avoir fon argent, ôc l’ayant enfin
trouvé dans la fenêtre où il étoit demeuré , il s’ap- ’
paifa un peu. Eniuiteil dit à fon fils de venir devant
l’évêque, pour y renoncera tout ce qu’il efperoit de
lui; ôc François témoigna qu’il l’y fuivroic volon- Itaî. facr, uni,
tiers. L’évêque d’Affiffe étoit Gui, que le pape Inno-
cent y avoit mis en 1104. car cette églife dépend immédiatement
du S, fiege. Si-tôt que François fut devant
lu i, il n'attendit pas que fon pere parlât; 5c fans