
A s .iio x . mo[t .|es Manichéens ; & delà eft venue l’injure la
plus infâme de nôtre langue. Le légat donna jour à
Evraud pour fe purger publiquement : 8c pour cet
effet ilaflemblaun concile à Paris, où fe trouvèrent
avec lui les archevêques & les évê.ques du roïaume'
Sc les Doéteurs de Paris. Evraud y fut amené, on
produifit contre lui plufieurs témoins 8c plufieurs'
preuves littérales, 8c fut convaincu d’herefie a la
peuriuite principalement de Hugues évêque d’Au-
xerre. Etant jugé définitivement il fut livré à la
puififance feculiere : mais on le rendit auparavant
au comte de Nevers , pour compter de fon adminif-
tration. Enfuiteilfut menéàNevers & brûlé publiquement
: au grand contentement du peuple. Il
Tur.yji.AiHg. avoir un neveu nomméGuillaumeehanoinedeNe-
| v e r s infe&é de la même herefie, qui voyantqu’il ne
pouvoir plus fe cacher après la condamnation defon
oncle, fe retira dans la province deNarbonne, où il
fut extrêmement chéri 8c honoré-des heretiques :
tant à caufe de fon efprit, que parce qu’il fe vantoit
d’avoir été inftruit en France, où étoit lafource de
la fcience. Il avoit changé de nom 8c fefaifoitappel-
ler Thierri.
xxxvi. Le légat Oétavien alla la même année à Troïes
'Gui Paré légat à \ r i* 1 s coiog»e. en Champagne, ou le rendu quelque tems après
l’évêque de Paleftrine légat du pape en Allemagne.
f1* Il le nommoit Gui Paré étant François de nation :
il avoir été moine puis abbé de Cifteaux, 8c le pape
Innocent l’avoit fait cardinal évêque de Paleftrine en
lui f*c.to. i.p. i j q u; 3yant communiqué à Odavien fes inftruc-
tions, ils réiolurent d’envoyer devant Philippe notaire
du pape Sc Gilles fon acolyte,pour conférer avec
L i v r e S o i x a n t e -q u i n z i e ’ m e . 89
le roi Otton, 8c convoquer les princes de l’empire
à un jour 8c un lieu certain. Les deux députez Philippe
8c Gilles reçurent le ferment qu’Otton fit
au pape de Nuis danslediocefede Cologne le huitième
de Juin 1201. par lequel il lui promet protection
pour la confervation des domaines de l’églife,
particulièrement de la Sicile.
Le légat Gui s’étant avancé à la priere du roi
Otton le trouva a Aix-la-chapelle, en fut reçu
avec grande joye, 8c ils entrèrent enfemble àCo$-
logne vers la S. Pierre, c’eft à-dire à la fin de Juin.
Ils y trouvèrent quelques feigneurs, qui étoient venus
au jour prefix, mais quelques-uns n avoient pu
recevoir lé mandement du légat, d autres 1 ayant
reçû n’avoient pas voulu venir, d autres pour ne
le pas recevoir , avoient fermé leurs villes & leurs
maifonsjcomme l’archevêque de Mayence Leopold,
les évêques de Spire Sc de Yormes: 8c d autres a-
voient faic prendre les couriers. Le légat étant donc
arrivé à Cologne aftembla ceux qui s’y trouvèrent,
leur montra les lettres du pape » par lefquelles il
reconnoifloit Otton pourrai, 8c apçrouvoit fon
élection : 8c par l’autorité du S. fiége il le déclara
publiquement roi des Romains, excommuniant
tous ceux qui s y voudroient oppofer: particulièrement
Philippe de Suaube 8c fes fauteurs.
Cette publication fut reçue avec un grand applau-
diflement de toute l’aiTemblée; 8c pour affermir la
couronne à Otton, lelegat indiqua une autre diete
à Corvei en Saxe. Pendant qu’il étoit à Cologne Si-
frid élû archevêque de Mayence ieprefenta a lui :
le légat l’ordonna preftre, puis le facra évêque 8c
Tome XVI. , M
A n.i z o i .
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Annal* Godefv
12.01«