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--------------ecptes, mais les confeils de l’évangile. Le pape acon-
N\ IZI2 - firme leur réglé & leur a donné autorité de prêcher
par tout, mais du confentement des prélats. On les
envoie deux à deux, ils ne portent ni fac,, ni pain ,
ni argent, ni fouliers, car il ne leur eft permis de
rien poffeder. Ils n’ont ni monafteres, ni églifes, ni
maifons, ni terres, ni beftiaux. Ils n’ufent ni de fou-
rures, ni de linge, mais feulement de tuniques delaine
où tient le capuce, fans chapes ou manteaux ,niaucun
autre habillement. Si on les invite à manger, ils mangent
ce qu’ils trouvent, fi on leur donne quelque
chofe, ils n’en gardent rien pour le lendemain. Ils
s’aifemblent une fois ou deux l’année pour leur chapitre
général, après lequel le fuperieur les renvoie
deux enfemble ou plus en différentes provinces. Leur
prédication eft encore plus ; leur exemple attire au
mépris du monde rion r feulement des gens du com-
mun, mais des nobles : qui laiflanc les villes, leurs
terres 8c leurs grands biens v fe réduifent à l’habit des
freres Mineurs, c’eft-a-dire a une pauvre tunique &
une corde pour ceinture. Ils fe font tellement multipliez
en peu de temps, qu’il n’y a point de province
en la Chrétienté où ils n’aïent de jeurs frere6 : car ils
ne refufent perfonne s’il n’eft engagé dans le mariage,
ou en quelqu’autre ordre religieux ; & ils les reçoivent
d’autant plus facilement, qu’ils biffent à la providence
divine lefoindeleurfubfiftance. Aufti ceux-
là s’eftiment heureux, dont ils veulent bien recevoir
l’hofpiralité ou les aumônes,
Les Sarafins mêmes, admirant leur humilité ôc
leur perfeélion , les reçoivent volontiers quand ils
vont chez eux prêcher l’évangile, H °us avons vû le
L i v r e s o i x a j s t t e - d i x - h u i t i e ’me. 491
fondateur & fuperieur,général de cet ordre, homme
fimple & fins lettres, armé de Dieu Sc des hommes,
nommé frere François, tellement enivré de la ferveur
de l’efprit, qu’étant arrivé à l’armée des Chrétiens
devant Damiete, il alla au camp du fultan. L auteur
ajouté le refte que je viens de rapporter , & continué
ainfi : Tous les Sarafins écoutent volontiers les
freres Mineurs parler de Jefus-Chrift & de fa doctrine,
jufques à ce qu’ils attaquent Mahomet, le traitant
de menteur ôt dinfidele. Car alors ils les happent
& les .chaffent de leurs villes, & les ruëroient fi
Dieu ne les protegeoit. Tel eft le faint ordre des freres
Mineurs, dont la perfedtion ne convient pas aux
foibles : de peur que s’expofant à la mer orageufe du
monde, ils ne foient. fubmergez dans les flots. Ainfi
parloit Jacques de’ V itr i, qui ne furvêcut S. François
que de dix-huit ans.
• Le fiege de Damiete continuoit toûjours ; & le
fultan Melic Camel voïant qu’il s’efforçoit en vain par les croifez.
de le faire lever, & attaquant les affiegeans, leur fit
faire des propofitions de paix. Il offroit de rendre la . j«c. *
vraie croix, la ville de Jerufalem avec tout le plat Be”s"ri'
pais, tous les Chrétiens captifs & l’argent neceffaire
pour rebâtir lesmurs de Jerufalem, que fon frere Co-
radin, c’eft à-dire, Melic el-Moaddam fultan de Damas,
avoit fait abattre ia même annéè 1119 . Melic-
Camel offroit encore le château de Touron pies de
T y r , avec quelques autres fortereffes : mais il vouloit
garder Carac & Montréal, moïennant un tribut annuel.
Plufieurs d’entreles croifez troüvoient ces offres
raifonnables : mais elles ne contentoient pas ceux
qui connoiffoient les artifices des infidèles, juinci