
A n . i h 8 .
conc. Lat. i v. c.
C. aj.
XV.
Pelage légat en
Paleft ine.
z. Rpifi. 1 1 7 . ap.
R. n. 1.
460 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
tant des chapes à manches , c’étoit un habit défendu
aux clercs, & que vous leur donnez la plénitude de
puiifance que reçoivent les légats du S. fiege. Car ils
s’attribuent dans l’étendue de vôtre patriarcat la
connoiflance de caufes qui ne font portées par appel
ni devant vous ni devant eux. Ils excommunient &
abfolvent les excommuniez fans la participation de
leurs prélats. Ils mettent des évêques au-deflus de
leurs métropolitains : ils ne défèrent point aux appellations
interjettées au faint fiege. Ils donnent 1 abfo-
lution à ceux qui portent leurs mains avec violence
fur les évêques, quoiqu’ils doivent être envoiez au
pape , fuivant vôtre propre privilège. Enfin ils confèrent
les bénéfices fans attendre que le droit vous
en foit dévolu, fuivant le concile de Latran. Le pape
conclut ainfi : Quelque éclatante que foit vôtre dignité,
fçaehez que vous nous êtes foûmis ; & quelque
déferencc que nous voulions avoir pour vous, nous
ne pouvons diffimuler de tels attentats.
Pelage évêque d’Albane qui avoit été légat a C. P.
fous l’empereur Henri, étant revenu a Rome, le pape
Honorius l’envoïa légat en Paleftine a la tete des
croifez, avec une lettre adrelfée aux prélats Latins
du pa ïs, où il difoit en fubftance : Les pechez des
Chrétiens ont rendu jufques iti inutiles leurs travaux
& ceux des papes nos predeceifeurs pour la délivrance
de la terre fainte ; fi ce n’eft que plufieurs
en voulant regagner la Jerufalem terreftre, font arrivez
à la cclefte par le martyre. Nous efperons toutefois
que Dieu nous fera enfin mifericorde , quand
nous voïons la multitude innombrable de croifez qui
vient à vôtre fecours de toute la Chrétienté ; & la victoire
miraculeufe qu’il a donnée a ceux qui p'aifbient m S ;
en Eipagne. Il leur recommande enfuite le légat envoie
principalement pour procurer & maintenir l’union
des efprits. La lettreëft du dix-huitieme de Mai
u i8 . Le pape écrivit de même aux rois & aux fei-
gneurs du pais. Le légat Pelage S embarqua a Brin-
des avec Jacques comte d’Andrie , chef de 1 armée
Romaine, & alla en Syrie au paifage de Septembre.
Peu de temps après arriva a Gencs une grande
multitude de croifez François , a la tête defquels
étoient l’archevêque de Bourdeaux , les eveques de
Paris & d’Angers , les comtes de la Marche & de
Nevers. Ils demandèrent au pape un cardinal pour I
les accompagner en qualité de légat ; & le pape leur
manda le vingt-huitième de Juillet qu’il leur en-
voïoit le cardinal Robert deCourçon,non en qualité
de légat, mais feulement pour leur prêcher la parole
de Dieu, car il paifoit pour éloquent prédicateur.
Qy’ayant donné la légation a Pelage, il ne pouvoir la
donner à un autre ; & qu’ils dévoient s adreifer a lui
pour tout ce qui feroit de fon miniftere.
Cependant le pape reçût une lettre de Jean roi de
Jerufalem , de Leopold duc d’Autriche , du patriarche
de Jerufalem & de l’archeveque de Nicofie
en Chipre qui difoient : Les premiers vailfeaux de
l’armée chrétienne font arrivez au port de Damiete
le mardi avant la Pentecôte. C’étoit le vingt-neu-
yiéme de Mai ; & ces croifez qui arrivèrent les pré-
miers étoient les Allemands qui avoient pafle l’hiver
à Liibonne. Leur defeente à Damiete fut heureufe & uf. ! ‘
fans réfiftance de la part des infidelles. La lettre con- m, sam. ms.
tinuë en marquant le détail du fiege & fon état au
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