
A N . 1119.
'X L IX .
Retour de Fri-
deric.
S an H t. J>. 113 ,
661 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . '
il défendit à tous les chevaliers étrangers de demeurer
dans le païs après ce jour-Ià ; $c commanda au
comte Thomas qu’il laiffoit pour fon lieutenant ,
d’ufer de punition corporelle contre le premier qu’il
y trouveroit, pour fervir d’exemple.
Confiderant donc fa malice nous aflfemblâmes les
prélats & les pelerins 8c excommuniâmes tous ceux
qui donnoient aide ou confeil à l’empereur contre
l’églife, contre les Templiers 8c les autres religieux,
ou les pelerins. De quoi l’empereur plus irrité, fit
garder toutes les entrées : défendant de nous porter
des vivres, 8c mettant par tout des arbalétriers &c des
archers, pour infulter les Templiers & les pelerins.
Le dimanche des Rameaux , des freres Prêcheurs 8c
des Mineurs s’étant rendus aux lieux deftinez pour
y prêcher la parole de Dieu : il les fit enlever par fes
gens, qui les ayant tirez de leurs chaires & jettez par
terre, les fuftigerent par la ville comme des voleurs»
Enfuite voyant que ces violences étoient inutiles, il
traita de paix avec nous : mais comme il n’en execu-
toit pas les conditions, nous mîmes la ville en interdit.
Alors il refolut de ne pas faire un plus long fé-
jour dans le païs ; 8c comme s’il eût voulu tout détruire,
il fit charger fecretement fur les vaiifeaux les
armes que l’on gardoit à Acre depuis long-tems pour
la défenfe du païs, 8c en envoya la plus grande partie
au fultan d’Egypte fon bon ami. Enfin il s’embarqua
en cachette le jour de S. Jacques 8c S. Philippe ,
c’eft-à-dire le premier de Mai , &c partit fans dire
adieu à perfonne.
Ce qui preifoit l’empereur Frideric de partir, c’eft
qu’il étoit averti dés l’hiver précèdent, de la guerr^
L i v r e s o i x a n t e - d i x - n e u v i e ’m.e. . c c 3
que le pape lui faifoit en Italie avec fuccés ; 8c cette > -
confideration avoir hâté fon traité avec le fultan. Il ^ N’
n’étoit pas même en fureté en Paleftine ; car Mat- 301*
thieu Paris auteur du tems dit que les Templiers 8c '
les Hofpitahers encouragez par l’autorité du pape fi
hautement déclaré contre l’empereur, écrivirent au
fultan d’Egypte que l’empereur avoit réfolu d’aller
au fleuve du Jourdain en dévotion, marchant à pied
& avec peu de compagnie; 8c qu’ainfi le fultan pourvoit
à fon gré le prendre ou le tuer. Le fultan ayant
reçu la lettre , dont il connoifloit le fcçau,,détefta la
perfidie des C hrétiens, & particulièrement de ces
religieux ; 8c de lavis de fon confeil il envoya la lettre
à l’empereur, qui étoit déjà averti de la trahifon,
mais il ne pouvoir la croire attendu la qualité des
perfonnes. Il diflimula toutefois jufques au tems
propre a s’en vanger ; 8c ce fut la fource de fa haine,
contre ces deux ordres militaires. Il eft vrai qu’on
chargeoit plus les Templiers de cette trahifon que
les Hofpitali ers.
En France Raimond comte de Touloufe fit fa t'
paix avec l’églife & avec Je roi au commencement
de cette année. Suivant les propofitions faites par 5 avc0
Ilie Guerin abbé de Grand-felve, on s’aiTembla à
Meaux , que 1 on regardoit comme une ville neutre
parce qu elle appartenoit au comte de Champagne.
Le cardinal Romain légat du pape fe rendit à cette
conférence avec plufieurs prélats qu’il y avoit appeliez
, l’archevêque de Narbonne Pierre Amehn sV
trouva avec fes fuffragans, 8c le comte RaimondP
avec nombre de Touloufains. On délibéra plufieurs^
Jours, 8c les conditions du traité étant réglées , l’afc