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Ï.XII.
68o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e . ^ ^
George où il avoir éce mis d abord , & porte dans
la nouvelle du nom de Saint François. L eglife de S.
George fut donnée à fainte Claire & a fies filles, pour
les mettre dans la ville & plus au large qu à Saint
Damien. Le magiftrat & les citoyens d’Aifife craignirent
Dépofifion de
jTrere Elie
Vading. 1229.
p. 2.
fd . 12-30. n. 2.
que cette tranflation ne fut un pretexte pour
leur enlever le corps de Saint François, ou du moins
quelque partie : c’eft pourquoi ils s en faifirent par
force, & ne fouffrirent point qu’il fût porté par d’autres
que par eux. Ce qui troubla la joie de cette fo-
lemnité.
Elie qui étoit alors miniftre général des freres Mineurs
avoit pris foin du bâtiment de la nouvelle eglife
qui étoit magnifique ; & pour fournir aux frais ij.
avoit exigé de l’argent de toutes les provinces. Mais
ce qui choqua le plus les zélateurs de la pauvreté ,
c’eft qu’il mit à l’entrée de la nouvelle eglife une
conque de marbre pour fervir de tronc ; car cetoit
une tranfgreflion publique de la réglé, qui leur de-
fendoit abfolument de toucher de l’argent. Il y eut
donc de grandes plaintes contre frere Elie au chapitre
de l’an 1150. Car de l’argent qu’il àvoit arnaffe
pour le bâtiment de l’églife , il en avoit tourne une
partie à fa commodité particulière -, il s’étoit donne
un bon cheval & des valets : il mangeoit en particulier
dans fa chambre & y faifoit bonne chere. Il avoit
cherché àfe rendre favorable la multitude des freres,
en obtenant du pape plufieurs privilèges contre l’ob-
ferVance exade de la réglé ; comme de pouvoir en
certains cas recevoir de l’argent par des perfonnes
interpofées. Car il foûtenoit que.la maniéré de vivre
de S. François n’étoit pas praticable à la lettre , finon
Paï,
L i v r e s o i x a n t e d i x -n e u v i e ’ m e . 68 r
par des hommes auffi parfaitement unis à Dieu qu’il ~ “
l’étoit. Or c’étoit accufer le S. homme d’impruden- N' -
ce j puifque le nombre des freres ni les autres circon-
ftances n’avoient pas changé depuis fon temps: car il
n’y avoit pas quatre ans qu’il étoit mort.
Elie avoit attiré àfes fentimensle plusgrand nombre
des freres, partie parla crainte , car il exerçoit
une autorité defpotiquc : partie par fimplicité &
par ignorance. Il n’y en eut que deux quioferent lui
refifter en face, faint Antoine de Pade & un Anglois
nommé Adam du Marais. Encore ne le firent-ils pas
impunément : ils furent chargez d’injures Sc frappez
rudement, comme des fchifmatiques qui tendoienc
a la divifion de l’ordre. On rendit contre-eux quelques
fentences dont ils appellerent au S. fiege : mais
ils n’auroient pas évité la prifon qu’Elie leur defti-
noit, fans le fecours d’un Génois penitencier apofto-
lique & confelfeur du pape, qui les garentit de ce
péril ôc les conduifit auprès du pape en fûreté. Elie-
averti de leur fuite , envoya des couriers pour les arrêter
en chemin : mais ils évitèrent les grandes routes
, & arrivèrent heureufement par des chemins détournez.
Le pape Grégoire qui connoilfoit leur mérité
, les reçût à bras ouverts ; & aïant oiii leurs plaintes
, il gémit de voir leur inftitut ébranlé fi tôt après-
la mort de leur faint fondateur. Il envoya donc un
courier pour citer devant lui Elie & tous les capitu-
laires.
Quand ils furent venus & tous affemblés devant
le pape , Antoine &i Adam reprochèrent à Elie fon
cheval, fes ferviteurs , fa table particulière ; & fur
tout les privilèges obtenus fubrepticemenr au préju-
Teme X V I . Rr r r