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A n . 12.10. orj onna la purgation canonique fur les deux cas.
dont il étort principalement chargé ; fçavoirlamort
de Pierre de Caftelnau, & l’herefie, & pour cet effet
le pape donna coramiffion à l’évêquedeRiez en Pro-
vence Se au doifteur Theodife de recevoir la jufti*-
fication du comte. En revenant dç Rome le comte
de Touloufe vint trouver l’empereur Otton,pour
lui demander fecours contre le comte de Montfort::
puis il revint au roi de France effaïant par fes artifices
de -fe le rendre favorable ; maisleroileméprifa
comme il le meritoit.
37’^ Simon comte de Montfort aflîegeoit vers la fin
de Juin 12 10 le château de Minerbe au diocefe de
Carcaffone & les afliegez demandoient à capituler,
quand l’abbé de Cifteaux & ledoéteur Thecdife vinrent
tout d'un coup lorfqu’on ne les attendoit pa?t
Le comte dit que l'abbé comme chefde toute l’en-
treprife devoir regler la capitulation : mais l’abbé en
fut très-fâché, car il defiroit la mort des heretiques',.
& toutefois il n’ofoit les y condamner, étant moine
& prêtre. Il effaya' donc de rompre le traité ; & ne
l’ayant pu, il ordonna^que le feigneur du château Se.
tous ceux qui étoient dedans fortiffene la vie fauve*
même les hérétiques qui étoient en grand nombre }-
s’ils vouloient fe reconcilier à l’églife. Robert de Mau-
voifin zélé catholique s’y oppofoir, de peur que les<
heretiques fe voyant pris ne promirent toutee qu’on)
voudroit : mais l’abbé lui répondit : Ne craignez:
point, je crois qu’il s’en convertira très-peu. Après;
que le château fut rendu l’abbé des Vaux de Semai:
entra dans une maifon où il fipvoit qu’un grand nombre
d’heretiques étoient affemblcz Se commenta â.
L i v r e So i x a n t e - s e i z i b ’m e . 2 8 3
les exhorter pour procurer leur converfion. Mais ils
l ’interrompirent, Se lui dirent tout d’une voix: Pourquoi
nous prêchez-vous ; Nous ne voulons point de
vôtre créance: nous rejetions l’églife Romaine, vous
travaillez en vain , nous ne quitterons nôtre doétrine
ni pour la mort ni pour la vie. L’abbé fortit de la
maifon Se paifa dans une autre, où des femmes étoient
.affemblées; mais il les trouva plus obftinées que les
hommes. Le comte de Montfortvintlui-mêmedans
la maifon où les heretiques étoient aiTemblez, après
les avoir exhortez en vain, il les fit tirer du château
.au nombre de cent quarante ou plus d’entre leurs
parfaits. On prépara un grand feu où ils coururent
¿ ’eux mêmes, fans attendre qu’on les y jettât ; il n’y
eut que trois femmes qui s’en iauverent. Mais après
que ces parfaits furent brûlez, tous les autres abjurèrent
i’herefie.
Pendant le fiége de Minerbe le doéteur Theodife
alla à Touloufe confulter l’abbé de Cifteaux fur la
purgation canonique du comte Raimond, quiétoit
revenu , Se vouloir la faire fuivant l’ordonnance du
pape. Or Theodife vouloir â quelque prix que ce fût
.empêcher cette purgation: car ilvoyoitque toute la
conduite du comte n’étoit qu’artifice, Se que fi par
quelque furprife ilpouvoit fe purger, la religion fe-
roit détruite dans le pais. Theodife eut donc recours
aux lettres du pape, où il avoit preferit au comte plu-
fieurs choies qu’il n’avoitpas exécutées, comme l ex-
pulfion des heretiques Se la fupreffion des nouveaux
péages. Mais afin de ne pas donner au comte fujet
de plainte , Theodife Se Hugues évêque de Riez fon
affocié en cette commiffion, alfemblerentà S. Gilles.
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tom. xi. e d t t .
fug. 54.
A p . Inno. ryi.
Ep. JS.