
XII.
Subventions
pccuniaires.
Hifi. liv, ixx.
fu
Ï Ï a f i l . ep, 1 1 0 .-
Eufeb. i t . hifi. C- XJ.
Hifi. liv. i i r.
5*.
xx. 3j.
XIII,
Qu’il faut dire
la vérité toute
«rniere*
Les évêques & les métropolitains ignoroient tellement leurs droits"
qu’ils recherchoient avec empreflement les pouvoirs de légats: ne con-
fiderant pas l’avantage d’une autorité moindre, mais propre de indépendante,
fur une plus étenduë, mais empruntée & precaire. Il fem-
bloit qu’ils ne pûifent plus rien par eux-mêmes fi l'autorité du pape
ne les ioûtenoit; & le pape leur accordoit volontiers ces grâces dont
ils auroient pû fe pafier, de qui étendoient toujours fon pouvoir. I l -
en eft de même à proportion de l’ufage ii fréquent alors, de faire confirmer
par le pape les conventions faites entre les églifes de les donations
à leur profit : comme iïces a&es euifent été moins valides fans la-
confirmation. On prend droit par les grâces demandées fans necef-
fité, de on s’en fait des titres pour les rendre neceflaires.
Les papes furent fouvent obligez de quitter Rome depuis l’onziéme
fiecle : foit par les révoltés des Romains, qui ne pou voient s’accoûtu-
mer à les reconnoître pour feigneurs, foit par les fchifmes des antipapes.
Ils refidoient dans les villes voifines, commeâ Orviette, à Viter-
b e , à Anagni, de toute leur cour les y fui voit : ce qu’il eft neceifairc
d’ob ferrcr, pour ne pas confondre la ville de la cour de Rome. O r je
ne vois point qu’avant ce tems on parlât de cour, pour fignifier la fuite
du pape ou d’un autre évêque: ce nom eût paru trop prophane. Quelquefois
les papes ne pouvoient pas même demeurer en Italie; & alors
ils fe refugioient en France , comme firent Innocent II. de Alexandre
III. car jamais les papes perfecutez n’ont trouvé d’aftle plus aflïiréi,
E t comme en cette efpece d’exil ils ne jomiTpient pas de leurs revenus;
ils étoient obligez à fubfifter par la libéralité des rois ou par les *
contributions volontaires du clergé. Nous le voyons entre autres par
le fermon d’Arnoul de Lifieux à l’ouverture du concile de Tours en
n ^ .A i n f i commencèrent les fubfides d’argent, que les papes demandèrent
fouvent enfuite aux princes ou aux églifes, foit pour foû-
tenir leurs guerres, foit pour d’autres caufes; & qui ayant commencé
par des fecours charitables, dégenererent, en éxaéiionsforcées.Quelle
différence de cette conduite à celle de S. Grégoire, qui répandoit
tant d’aumônes dans les provinces; du pape fàint D en is, quiaffi-
ftoit jufques en Capadoce, les églifes affligées ; de pour remonter
plus haut, du pape S. S o te r , à qui S. Denis de Corinthe rend un
fi glorieux témoignage des iiberalitez qu’il exerçoit envers les églifes
de Grece ! On avoit bien oublié la noble indépendance de la pauvreté1
chétienne , & cette maxime du Sauveur, qu’ôn eft plus heureux de
donner que de recevoir.
Il eft triftë, je le fens bien , de relever ces faits peu édifians; & je
crains que ceux qui ont plus de pieté que de lumière n’en prennent
occifion de fcandale. Ils diront peut-être que dans l’hiftoire il falloir
diffimuler ces fa its , ou qu’après les avoir raportez, il ne falloit pas
les relever dans un difcours. Mais le fondement de l’hiftoire eft la
vérité; de ce n’ eft pas la raporter fidelement que d’en fupprimer une
p artie ;, un portrait flatté ri’eft point reifemblant. Tels font d’ordiinaire
les panégyriques, où l ’on fait paroître un homme louable en
;ne relevant que fes bonnes qualitez» Artifice groffier qui révolté les
gens ienfez, & leur fait faire plus d’attention fur les défauts qu’on
leur cache avec tant de foin: c’eft une efpece de menfonge que de ne
dire ainfi la vérité qu’à demi. Perfonne n’eft obligé d’écrire l ’hiftoire,
mais quiconque l’entreprend s'engage à dire la vérité toute entiere.
Monfieur de Sponde évêque de Pamiers, après avoir donné de grandes
louanges à l’hiftorien Guichardin , ajoûte : Que fi quelquefois il Annal. Ealef.
cenfure vivement les princes ou les autres dont il parle : c’eft la faute
des coupables & non de l’hiftorien. Il feroit lui-même plus reprehen-
fible , s’il diiïimuloit les mauvaifes aébions , qui peuvent rendre les autres
plus fages, de les détourner d’en commettre de pareilles, du
moins par la honte: fuivant cette parole de l’évangile : Rien n’eft fi
caché qui ne foit un jour découvert. u tb *
C ’eft l’exemple que nous donnent les hiftoriens facrez. Moïfe ne *
diifimule ni les crimes de fon peuple, ni fes propres fautes : David
a voulu que fon péché fût écrit avec toutes fes circonftances ; & dans
le nouveau teftament tous les évangeliftes ont eu foin de reprefenter
la chiite de S. Pierre. La fincerité eft le fond delà vraye religion, elle n’a
• befoin ni de politique humaine ni d’aucun artifice. Comme Dieu permet
les maux qu’il pourroit empêcher, parce qu’il fait en tirer du bien
pour les élus : notis devons croire qu’il fera tourner à nôtre profit la
connoiifance des déiordres qu’il a foufferts dans fon églife. Si ces dé-
fordres avoient tellement ceffé qu’il n’en reftât plus de veftiges, peut-
ctre pourroit-on les laiifer enfeveiis dans un éternel oubli : mais nous
n’en voyons que trop les fuites funeftes. Les herefies qui déchirent
Téglife depuis deux cens ans, l’ignorance & lafuperftition qui régnent
en quelques pais Catholiques, la corruption de la morale par de nouvelles
maximes en font des effets trop fenfibles. Et n’eft-il pas utile
de connoître d’où font venus de fi grands maux.«*
Quand même nous voudrions abolir la mémoire de ces anciens dé-
fordres, il nous feroit impoflïble : à moins que de fupprimer tous les
livres de les autres monumens qui nous reftent des fix ou fept derniers
fiecles. Et qui pourroit exécuter un tel jdeffein ? Si les catholiques
■s’y accordoient, les heretiquesen conviendroient-ils? ne feroient-ils
pas au contraire d’autant plus attentifs à confèrver ces pièces qu’elles
nous feroient plus odieufes ? Puis donc qu’il eft impofïible que ces faits
tombent dans l’oubli: ne vaut-il pas mieux qu’ils foient rapportez fi-
dellement, fincerement de Amplement fans aucune qualification par
des écrivains catholiques, que d’être abandonnez à la paillon despro-
teftans, qui les exagèrent, les altèrent & les enveniment? N ’e ft-il
pas utile de montrer aux bonnes ames le milieu raifonnablè, entre les
emportemens de les excès de quelques auteurs modefnes. Le pape n’eft
pas l’Ante-chrift, à Dieu ne plaife ; mais il n’eft pas impeccable, ni
monarque abfolu dans leglife pour le temporel de pour le fpirituel.
Les voeux monaftiques ne font pas fortis de la boutique de fatanj