
A n . 1213.
XXII.
Louis de France
croifé contre les
Albigeois.
Eetr.c. 69.
9 . 7 0 ;
c.69*
*• 70.
XXIII.
Philippe Auguile
arme contre le roi
Jean.
Matth, Par. an»
ms
Dès le mois de Février de la même année n r j ,
Louis fils du roi de France s’étoit croifé contre les-
hérétiques & grand nombre de chevaliers à fon exemple.
Le roi Philippe fonpere n en étoit pas content L
& toutefois dans un parlement qu’il tint à Paris au
commencement du carême il régla le voïage de fon
fils & marqua le jour du déport à i’odfcave de Pâques
mais la guerre qui lui furvint contre le roi d’Angleterre
& fes alliez, l’obligea de retenir fon fils & ceux
qui s etoient croifez avec lui. D’ailleurs la croifade
pour la terre fainte que prêchoit en France le légat
Robert de Courçon nuifoit extrêmement à la croifa-
ntre les Albi&eois. ainfi le comte de Montfort
fe trouvoit prefque abandonné, quand les deux frères
ManaiTés évêque d’Orléans & Guillaume évêque
d’Auxerre vinrent à fon fecours. Car votant que la
plupart des eroifez etoient demeurez , & que ce retardement
avoit hauiïe le courage aux hérétiques
ils fe eroiferent; & aïant allemblé autant de troupes
qu’ils purent, ils fe mirent en chemin, & vinrent æ
Carcaffonne. Leur arrivée réjouit extrêmement le-
comte de Montfort &- fa petite troupe ; & le jour do’
la S. Jean il fit armer chevalier Amaüri fon fils aîné-
par les deux évêques avec grande folemnité.
Le roi de France Philippe avoit entrepris la guerre
contre Jean roi d’Angleterre par ordre du pape & en
confequeneede l’excommunication de ce prince : car
au mois de Janvier de cette année izj3..Efticnne de
Langton archevêque de Cantorberi, Guillaume évêque
de Londres & Euftache évêque d’Eli étant revenus
de la cour de Rome, tinrent conièil en France
& publièrent folemnellement la fentence prononcée
L i v r e s o i x a n t e -d i x -s e p t i e ’m e . 343
contre le roi d’Angleterre, la notifiant au roi Philippe,
aux évêques de France , au clergé & au peuple.
Puis ils enjoignirent de la part du pape au roi
Sc à tous les autres pour la remiffion de leurs pechez
d’entrer à main armée en Angleterre, de détrôner
le roi Jean, & mettre à fa place par autorité du pape
un autre qui fût digne de regner. Le roi Philippe qui
attendoit cette occafiondepuis long-temps, fe prépara
à la guerre, & ordonna à tous fes vaffaux de fe
rendre à Rotien dans l’oétave de Pâques avec leurs
armes Si leurs chevaux fous peine de félonie. Il fit
aufli armer tout ce qu’il put de vailfeaux avec toutes
fortes de munitions.
Sa flotte étoit déjà prête quand il rappella auprès
de lui la reine Ingeburge de Danemarc, dont il étoit
feparé depuis feize ans. Il avoit fait tous fes efforts
auprès du pape Innocent pour faire déclarer nul fon
mariage avec cette princelfe, fans avoir pû l’obtenir,
parce que fuivant les preuves qui en avoient été rapportées
, le pape étoit perfuadé que le mariage avoit
été confommé. C ’eft ce qu’il témoigne dans la der-
niere lettre qu’il écrivit au roi fur ce fujet, où il
ajoûte ces paroles remarquables : Si nous voulions
décider quelque chofe fur ce point fans la délibération
d’un concile général, outre l’offenfe de Dieu&
la mauvaife réputation que nous pourrions nous attirer
dans le monde, peut-être nous mettrions-nous
en état de perdre notre dignité. La lettre eft du
neuvième de Juin ix iz . En même-temps le pape écrivit
au chancelier Guerin confident du roi : l’exhortant
à perfuader à ce prince de prendre le bon parti -,
Si lui faifant efperer de l’avancer dans l’églife. Le roi
A n . 12.13.
XXIV.
Philippe reprend
Ingeburge.
Rigord. p. yj,
G'Nang. 1213.
X Y . Ep\ 106,
xv. Ep, 207.