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V'tr. c. 77:
c . 7 J .
3Î2, H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
fion Si demanda la communion. Comme le prêtre
apportoit lefaint facrement, il furvint un routier,
jurant Si proteftant que le comte Baudouin n.e boiroit
ni ne mangeroit jufques à ce qu’il rendit un autre
routier qu’il tenoit aux fers. Cruel, dit le comte, je
ne demande pas de la nourriture corporelle, mais feulement
le divin myftere pour la nourriture de mon
ame ; & comme on continua de lui refufer , il dit :
Qu’on me le montre au moins, Si il l’adora dévotement.
On le menaenfuite àMontauban, oùlecomte
de Touloufe étant venu, on en tira Baudoiiin par
fon ordre, Si on lui mit la corde au cou pour le pendre.
Il demanda encore la confeflion Si lé viatique !,
mais on lui refufa l’un & l’autre. Il prit Dieu à témoin
qu’il vouloir mourir pour la défenfe de la religion ,
Si aufli-tôt le comte de Foix, fon fils Si un chevalier
Arragonnois l’enleverent de terre, Si avec la corde
qu’ils lui avoient mife au cou, ils le pendirent à un
noïer. C’eft ainfi que le comte deTouloufe fit mourir
fon frere.
Le légat Pierre de Benevent après avoir eu unç
conférence avec Simon comte de Montfort vint à
Narbonne; & aufli-tôt vinrent à lui le comte deCom-
minges, le comte de Foix Si plufieurs autres, qui
avoient étéprivezde leurs terres à caufe de l’héréfie ,
le priant de les leur faire rendre. Le légat les réconcilia
tous, mais il prit d’eux fes sûretez non-feulement
par le ferment qu’ils firent d’obéïr à l’églife ;
mais en fe faifant livrer des forterefles qui leur ref-
toient. Pendant le rcfte de l’été le comte de Mont-
fort prit plufieurs châteaux en Querci & en A génois
: entr’autres Mauriac, où on trouva fept fiéré-,
L i v r e s o i x a n t e -d i x -s e p t i e ’m e . 363
tiques delà feéte desVaudois. On les amena au légat “
1 , . ^ • /. • n \* - / - 1 C iT„ A W • 1 2 . A 4- • Robert de Courqon qui etoit a larmee : ils contelle-
rent pleinement; leur erreur , & lescroifez les brûlèrent
avec grande joie. Enfuite le comte de Montfort
afliegea Chaffeneüil enAgenois Si le prit. Le légat .-.s®.
Robert vint aufli à ce fiege, mais il n’en attendit pas
la fin , étant rappellé en France par les affaires de fa
légation. Le comte de Montfort prit encore plufieurs
autres châteaux d’hérétiques Si de petits tyrans en
Périgord, en Li mou fin, en Roüergue, Si rétablit la
paix en ces provinces.
Cependant le roi de France Philippe faifoit la
o-uerre en Flandre au comte Ferrand, à l’empereur
Otton Si au comte de Sariiberi frere naturel du roi
d’Angleterre,, qui étoient venus au fecours de Ferrand.
Les armées s’étant rencontrées au pont de Bovines
près de Tournai, le roi Philippe parla ainfi à fes
troupes : Toute notre efperance eft en Dieu. Le roi
Otton Si fon armée font excommuniez par le pape :
ce font les ennemis Si les deftiüéfeurs de l’églife, Si
l’argent dont on les paie eft le fruit des larmes des
pauvres Si du pillage des églifes Si du clergé. Pour
nous nous femmes chrétiens, & nous joiiiflbns de
la communion & de la paix de la fainte églife. Quoique
pecheurs nous lui fommes unis de ientimens, &
nous défendons félon notre pouvoir les libertez du
clergé. C ’eft pourquoi nous devons attendre avec
confiance de la* mifericorde de Dieu , qu’il nous fera
triompher de nos ennemis. Après que le roi eut ainfi
parlé les troupes lui demandèrent fa benediétion, Si
aufli-tôt on fonna la charge. Un peu derrière le roi
étoitle chapelain qui a écrit cette hiftoire , ceft a-
ZrZ ij