
104 H i s t o ï r e E c c l e s i a s t i q u e ,
• 1204. polK prouver cette prétention le pape cite la
Pwî.utu. *. Pa^a£ e Deuteronome où il eft dit, que dans les
affaires d une difficulté finguliete où les opinions des
juges d’une ville font partagées, il faut venir au
lieu que Dieu aura choifi, & s'adreler aux prêtres
& au juge fouverain du peuple ; & s’en tenir à fa
décifîon fous peine de mort. Le pape Innocent prétend
que ce lieu choifi de Dieu eft Rome , que ces
prêtres font lescardinaux, que ce juge fouverain eft
le pape; & en conclut que toutes les queftions diffi-
p. Gtofi. aie elles,foit criminelles, foit ci viles, foitecclefiaftiques,
rervener• Vtrb. r . £ . . A / \ r T 1 tnedium, lait proranes, doivent etre portées a ton tribunal 5
fes decifions obfervées fous peine d’excommunication.
Le pape finit fa lettreen différant d’accorder
au feigneur de Montpellier la grâce qu’il demandoir;
Or quoiqu’il en foit de l’application de ce pfffage du
Fet.de Marca Deuteronome , il y a dans cette fameufe decretale
' c' y plufîeurs propofitions remarquables. Premièrement
sup. uv.1%11,. nonobftant les prétentions outrées de Grégoire VII.
m "• Innocent III. avoüc que le roi de France ne reconnok
Gm m uji P°lnt de fuperieur au temporel : qu’il auroit pû lui-;
ttni.zi. ' même comme fouverain légitimer fes enfans , &
que c’eft volontairement qu’il s’eft fournis, fur cet
article à la j urifdiétion du faint fiége. Enfuite le pape
Innocent reconnoît & marque nettement la diftinc-
tion des deux puiffances, en difant : Non que nous
voulions préjudicicr au droit d’autri, ni ufurperune
puiffaneequi ne nous eft pas dûë.Car nous n’ignorons
pas que J . C. a répondu dans l’évangile: Rendez à
Cefar ce qui eft à Cefar, & à Dieu ce qui eft à Dieu.
C’eft pourquoi étant prié départager une fucceifion
entre deux freres, il dit: Qui m’a établi j uge fur vous ?.
L i v r e S o i x a n t e q u i n z i e’ m e . 105*
La caufe du mariage entre le roi Philippe & Inge-
hurge étoit toujours indecife , & le roi envoya à Rome
le doïen d’Orleans & le treforier de faint Fram-
Jaaud de Senlis, pour fe plaindre au pape qu’il le traî-
toit plus feverement que les autres princes, à qui il
avoit permis en pareils cas que leurs eaufes fuffent j u-
gées fur les lieux par les prélats du rqïaume, fans
que le faint fiege eût touché à leurs j ugemens. Le
•pape prétendoit au contraire,que le roi lui devoit fa-
,Voir gré de ce qu’il n’avoit porté aucune fentence ni
contre lu i, ni contre Agnès fo concubine ,ni contre
l’archevêque de Reims fon oncle qui avoit prononcé
la fentence de feparation, & qu’ils ’étoit contenté
après plufieurs monitions,de mettre la France en interdit.
Pour terminer l’affaire il offrit d’envoyer deux
commiffàires afin d’entendre lespartics fur les lieux,.
e’eft-à-direàEtampesoùétoitla reine: recevoir les
témoins produits de part & d’autre, aller même en
Dannemarc aux dépens du pape pour recevoir les
témoins adminiftrez par le roi Canut, & oüir fesrai-
fons. Enfuite revenir en France, & y juger définitivement
, fila reine y confentoit: finon porteràRo-
me le procès inftruit pour y être jugé par le pape,,
mais à la charge,, fi le roi vouloit, d’envoyer en France
la fentence avant que de la publier. En même-
tems le pape écrivit à Guillaume de Champagne cardinal
&c archevêque de Reims d’exhorter le roi à ne
lui demander que ce qu’il pouvoir accorder en régir
de juftice ôi en eonfcience. La lettre eft du cinquième
Juillet 1404.
Mais l’archevêque ne furvécut que deux mois.
Etant venu à Laon, il y mourut fubitement d’apo-
An. 1 4 0 4 .
X L 11 t
Affaire d’Inge-
burge.
ïnn. tib. Ÿ*
epifl, 43.
x - L i - x :
Mort de Giril*
laiimè archevêque
de Reims.-