
3oz H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
Les choies étoient en cet état quand Foulques évêque
de Toulouievintau diocefe de Liege attiré par
la réputation des perfonnes qui y fervoient Dieu, 8c
par les exemples de vertus qu’ils avoient vus dans les
croifez de ce païs-là qui portoient les armes en Lan-
guedoc. Iladmiroit principalement les faintes fera-'
mesquiportoient une extrême refpeétà l’églife 8c aux
facremcns, au lieu qu’ils étoient méprifez en fon
païsûl s’imaginoit avoir quitté l’Egypte,& être venu
dans la terre de promiifion. Il voyoit en divers lieux
des troupes de vierges, qui vivoient dans la pureté 8c
I’humilité,fubfiftant du travail de leurs mains ; quoique
leurs parens euflent degrandesricheffes.il voïoic
des femmes confacrées à Dieu , qui s’appliquoieut
avec un grand zele à inftruire ces filles, 8c les maintenir
dans leur fainteréfolution.Il voyoit des veuves
plus occupées déplaire à Dieu qu’elles ne l’avoient
été de plaire à leurs maris : vivant dans les jeûnes
les veilles, les prières, le travail 8c les oeuvres de charité.
Enfin des femmes mariées, quiélevoient leurs
enfans dans la crainte de Dieu, qui de tems enteras
gardoient la continence pour mi eux va quer à la prière,
8c plufieurs même qui la gardoient toujours du
confentemcnt de leurs maris.
Ces faintes femmes fouffroient patiemment les
mauvaifes railleries 8c les calomniesdes hommes ma-*
lins 8c corrompus: qui ne pouvant leur nuire autrement,
s’en moquoient 8c leur donnoient des noms
particuliers.Mais elles donnèrent une preuve illuftrc
de leur vertu au pillage de Liege fait par ordre du
duc de Brabanten 1212. Çar celles qui ne purent fe
fauYer dans leséglifes, fe jetterentdans la riviereou
L 1 v r ï S o i x a n t e d i x -s e t i e ’m e . 3 0 3 ---------—
dans bs cloaques pour fauver leur honneur: mais N*12-1*.
Dieu ne permit pas qu’aucuney périt, quoi qu’elles
fuifent en grand nombre. Outre ces vertus on admire
en ces faintes femmes les dons furnaturels.Quelques-
unes connoiifoient les pechez les plus fecrets,8c exci-
toient les pecheurs à s’en confeifer : d’autres étoient
languiifantes par l’excès de l’amour divin: d’autres
avoient des extafes 8c des raviifemens JaquesdeVitri
raporte des exemples de toutes ces merveilles, 8c en
prend à témoin l’évêque deTouloufe.
Ce fut à lapriere de ce prélat qu’il écrivit la vie de
Marie d’Oignies la plus illuilre de toutes, 8c les cir-
conftances defa bienheureufe mort, qui arriva l’an c,ese-
1113 .le dimanche vingt-troifiéme dejuin veille de la
faint Jean, vers la trente-fixiéme année de lônâge.
On lui attribue plufieurs miracles faits pendant fa
vie, 8c après fa mort; 8c elle eft honorée depuis plu- HP*'
fieurs fiecles dans le païs comme bienheureufe.
Le pape Innocent avoit excommunié l’empereur g / ^
Otton , comme aïant violé le ferment de fon facre °tton c«°m-
8c envahi les terres de l’églife 8c celles du roi de Sicile
en Italie,quoique ce prince fût vaflal du faint fiege 8c
fous fa proteétion particulière. En confequence le
papeécrivit aux patriarches d’Aquilée 8c de Grade,
aux archevêques de Ravenne 8c de Genes, 8c à leurs
fuffragans , auifi-bien qu’à ceux de Milan ; dont le
fiege étoic vacant par le décès d’Hubert de Pirovane. „ , r ,
Lepape ordonna a tous ces prelatsderenouvellerl’ex- ?•w
communication prononcée contre Otton 8c fes fauteurs,
8c chargea l’évêque d’Albane fon légat, fi
quelqu’un de ces prélats avoit négligé d’executer fon
ordre de le punir canoniquement. La lettre eft du