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j i o H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
ce qui fut fait. En c.e chapitre avant que de congé-
-11' dier les freres, François étant alïis aux pieds d’Elie, le
tira par fa tunique & lui dit fon intention en fecret ;
puis Elie fe releva & dit à toute l'aifemblée : Mes freres
, voici ce que dit le frere, car ils nommoientainfi
François par excellence , il y a un pais, c’eft l’Allemagne,
dont les habitans font chrétiens & dévots : ils
patient comme yous fçavez par notre pais avec de
longs bâtons & de larges bottes, fouffrant l’ardeur
du foleil &c trempez de fueur, & vont viiîter les lieux
de dévotion, chantant les loüanges de Dieu & des
Saints. J ’ai quelquefois envoie chez eux de nos freres
qui en font revenus après avoir été maltraitez : c’eft
pourquoi je n’oblige perfonne d’y aller : mais fi quelqu’un
eft affez touché du zele de la gloire de Dieu &
du falut des ames pour entreprendre ce voïage, je lui
promets le même mérite d’obéiffance, & encore plws
grand que s’il alloit Outre-mer»
1 1 s’en prefenta environ quatre-vingt, dix pour cette
million, qu’ils regardoient comme une occafion de
martyre ; & on leur donna pour chef & pour mini-
ftre d’Allemagne frere Cefaire natif de Spire & converti
peu de temps auparavant par les fermons du frere
6.7. Elie, homme d’un grand zele, & qui dans le monde
avoit été prédicateur de réputation. De tous ceux
quis’étoient offerts pour la million d’Allemagne, il
n’en prit que vingt-fept, douze clercs & quinze laïques,
& les’partagea enfuite en petites troupes de
trois ou quatre. Ils arrivèrent à Trente vers la faint
Michel & y demeurèrent quinze jours, pendant lef-
quels l’évêque pourvût à leurs befoins avec une grande
Ï . IV R E SOI XAKTE -D IX-HUfT l É ’M E. yî l
de affedion : mais en traverfant les môntagnes ils
eurent beaucoup à fouffrir & furent quelquefois réduits
à vivre de fruits fauvages qu’ils trouvoicnt fur
les arbres» Enfin ils «arrivèrent à Augiboùrg, où ils
furent, reçus avec une 'affedion finguliere de’l’évêque
, du clergé & de tout le peuple. Là vers la fête de
S. Gai, qui eft le feiziéme d’O dobre, Cefaire tint le
premier chapitre général d’Allemagne avec environ
. trente freres j qu’il/diiftribua ènfuite en diverfes pro-
: vinces du même pais. !
Ce fut apparemment après ce chapitre que Daniel
miniftre de la province de Calabre obtint de frere
Elie la permiflion d’aller prêcher la foi aux.Sarafins
•avec fix autres freres nommez Samuel, Domne ou
-Domnole, Ange, Léon,. Nicolas & Hugolin. Ils
s’embarquerent en Tofcane & paiferent à Tarragone
d’où ils réfolurent d’aller à Ceuta première ville d’Afrique.
dans le détroit. Daniel y paffa le premier avec
■trôis.ilutres., parce que le-patron n en voulut pas prendre
davantage. Etant arrivez à Ceuta ils demeurèrent
dans un village hors delà ville, qui étoit l’habitation
des marchands Pifans, Génois & Marfeillois,
car les Chrétiens ne pou voient entrer dans la ville
fans ¡une permiflion particulière. Les quatre, freres
Mineurs prêchoient doncà ces marchands en^attendant
leurs compagnons qui arrivèrent le vingt-neuvième
de Septembre. Le vendredi fuivant qui étoit le
premier jour d’Odobre ils confererent enfemble de
ce qui regardoit leur falut : le famedï ils fe confeffe-
rent & reçurent lacdmmunion ; & le foir après vêpres
ils fe laverent les pieds l’un à l’autre.
’ Le dimanche de grand matin avant qu’il y eût
Tome X V I . V u u
•A n . m i t .
n. 8.
XLIV.
Martyrs de Cents,
Sur. 13. OEtolr»
V u d in g , u n . i u L
». 3 6.