
S 9 3 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
gj leglife Romaine tout ce qu’il devoit faire pour coiîm
j . fervè^ fon état: Amauri demanda qu’il fubît le jugement
des douze pairs de France. Raimond répondit :
Que le roi reçoive mon hommage, & je fuis prêt à
fubir ce jugem ent, autrement je craindrois qu’ils ne
me tinlTent pas pour pair. Après plufieurs contefta-
tions de part & d’autre, le légat ordonna aux archevêques
d’en délibérer chacun avec fes fuffragans &
de lui donner leurs avis rédigez par écrit : puis il prononça
excommunication contre tous ceux qui décou-
vriroient leurs avis, difant qu’il vouloir les envoïer
au roi. Ainfi on ne décida rien fur l’affaire du comté
de Touloufe.
xvii. Enfuite le légat permit aux procureurs des chapi-
¿u^rébende”fe tres ùe retourner chez eux, retenant feulement les
t tar's' prélats : mais les procureurs craignirent qu’il n’y eût
de l’artifice en ce congé, & qu’après leur retraite on
ne ftatuât quelque chofe au préjudice des prélats ab-
fens. Car ces députez étoient plus expérimentez &
plus capables par leur grand nombre de réfifter au
légat. Après donc avoir long temps délibéré, ils en-
voierent au légat les procureurs des églifes métropolitaines
qui lui dirent : Seigneur, nous avons oüi
dire que vous avez des lettres fpeciales de la cour de
Rome pour exiger des prébendes dans toutes les églifes
cathédrales & conventuelles. C ’cft pourquoi nous
fournies fort étonnez que vous n’aïez pas fait cette
propofition dans le concile en notre preiènce , puif-
que c’eft nous qu’elle touche principalement. Nous
vous prions donc de ne pas introduire ce fcandale
dans l’églife Gallicane ; car quand quelque particulier
y confentiroir, fon confentement feroit nul dans
L i v r e s o i x a n t e - d i x - n e u v i e ’m e . $ 9 9
une affaire generale, à laquelle le roi &c tous fes fu- ^ ^
jets font prêts de s’oppofer, même au péril de leur '
vie, pour prévenir le renverfement du roïaume &c
de l’églife. Or la raifon de notre crainte eft, que vous
n’en avez point parlé aux autres roïaumes, &c que
vous avez ordonné à quelques évêques & quelques
abbez de referver au pape les prébendes qui viendront
à vaquer.
Sur cette remontrance le légat voulant tirer leur
confentement, montra pour la première fois l’original
de la lettre du pape, par laquelle il exigeoit de
chaque églife cathédrale deux prébendes, une du
chapitre, l’autre de l’évêque ; & de même dans les
monafteres où les menfes étoient féparées, une de
l’abbé & l’autre de la communauté , c’eft-à-dire une
place monacale de chacun. Alors il reprefenta l’avantage
qui en pourroit arriver, fçavoir, qu’il ne
feroit plus permis à ceux qui avoient des affaires en
cour de Rome de rien offrir, ni aux Romains de
rien recevoir ; & qu’ainfi on ôteroic de l’églife R omaine
le fcandale de l’avarice. Le procureur de l’archevêque
de Lion répondit:Seigneur, nous ne voulons
point être fans amis à R om e, ni nous exempter
d’y répandre des liberalitez. D ’autres alleguoient plufieurs
inconveniens. C ar, difoient-ils, pour recevoir
le revenu de ces prébendes il y aura en chaque dio-
cefe, ou du moins en chaque province , un procureur
Romain qui ne vivra pas à fes dépens, mais
fera de grandes exadions fur les églifes, & fous le
nom de procureur exercera les pouvoirs du légat. Le
pape quand il lui plaira ordonnera à ce procureur
4 ’affïftcr aux éledions en fon nom : ainfi avec le