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X L V .
Décrets fur la
fôi.Tome TU' cenc.
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384 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i qtte.'
l’évangile,: J’ai déliré ardemment de celebrer cette
Pâque avec vous ; puis expliquant le mot de Pâques
qui lignifie paffage, il en diftingue trois, le paffage
corporel d’un lieu à un autre, qu’il applique au v o ï a v .
gede la terre-fainte : le pafTage fpirituel d’un état à
l’autre parla réformation de leglife : le paffage éternel
de cette vie à la gloire celefte. Ces trois paffages'
font toute la matière de fon fermon. Sur le premier
il dit : Me voilà, mes chers freres, je me livre tout-
entier à vous. Je fuis prêt, fi vous le jugez à propos
d’aller en perfonne chez: les rois, les- princes & les’
peuples, voir fi par la force de mes cris je pourrai les:
exciter àcom battre pour le Seigneur, & vanger l’in^-
jure du Crucifié, qui pour nos pechez eft-. chaffé d&"
fa terre & de fa demeure, qu’iha acquife par fonfang,:
& où il a accompli tous les myfteres de notre rédemption:
Sur le paffage fpirituel il traite de la réforma—
tion de l’églifer, mais en-general fans entrer-dans aucun1
détail utile ni-agréable : rapportant grand nombre
d’autoritez-de 1-écriture, prifes dans des fens figurez,
& fouvent détournez. Le pape fit encore urs ;
autre fermon apparemment à la conclufion du concile.,
qui eft une exhortation morale, du même ca-
raétere que la précédente.
""Ce qui nous refte d’autentique du concile de La-
tran font fes décrets compris en foixante-dix chapitres
où canons, après lefquels efl l’ordonnance particulière
de la-croifade ; & le tout fut traduit en grec,
eh faveur des Grecs réunis à l’églife Romaine. Le
premier chapitre eft l’expofition de la-foi catholique,
faite principalement par rapport aux hérétiques du
temps, ; cefbà-dire , aux Albigeois & aux Vaudois;
C ’eft.
L i v r e s o i x a n t e . i j i x - s e p t i e ^ e . 38;
C ’eft pourquoi il eft dit qu’il n’y a qu’un feul D ieu,
qui dès le commencement du temps a fait de rien l’une
& l’autre créature fpi-rituelle & corporelle ; & les démons
mêmes, qu’il avoir créez bons, & qui fe font
faits mauvais ; ce qui tend à exclure les deux principes.
Pour autorifer l’ancien teftament, il eft dit que
c’eft ce même Dieu qui a donné aux hommes la doctrine
falutaire par Moïfe & par les autres prophètes. ;
& qui enfuite a fait naître fon fils du fein de la Vierge,
afin qu’il nous montrât plus manifeftement le chemin
de la vie.
Le concile ajoûte : Il n’y a qu’une églife univer-
felle, hors de laquelle perfonne n’eft fauvé. Jefus-
Chrift y eft lui-même le prêtre & le facrifice : fon
corps & fon fang. font véritablement contenus au fa-
crement de l’autel,le pain étant tranfubftancié au
corps, & le vin au fangpar la puiffance divine : & ce
fiicrement ne peut être fait que par le prêtre ordonné
légitimement, en vertu du pouvoir de l’églife accordé
par Jefus-Chrift à fes apôtres & à leurs fucceffeurs.
Le terme de tranfubftantiation confacré dans ce canon
a toujours été depuis emploie par les théologiens
.catholiques, pour fignifier le changement que Dieu
opere au facrementde l’euchariftie : commode mot
de confubftantiel fut confacré aü concile de Nicée ,
pour exprimer le myftere de la Trinité. Mais vous
avez vû que leglife a cru de tout temps le changement
de fubftance ; & il eft nettement exprimé en
dernier lieu dans les écritsdeLanfranç& de Guimond
contre BerenOger. Le concile de Latran continue : Le facrement de
baptême conféré dans la forme de l’églife par qui que
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A n . n i ; .
Sup. liv. x xi. »,
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