
A N. 1 2 I S.
lll, c. I
Sigon. V. hifi.
Eonon. p. 95.
e. j .
Si go», de epifc.
jiorion.p. 161.
4 66 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
malade étant éveillé Si dans la plus grande ardeur de
fa fièvre crut voir la fainte Vierge accompagnée de
deux filles d’une beauté finguliere qui lui fit plufieurs
onétions femblables à celles que l’on fait aux malades
au facrement de l'extrême-onéfion, mais avec d’autres
paroles. Auffi-tôt il fe trouva guéri : Si faint
Dominique raconta plufiears fois depuis ce miracle à
fes confrères. Après que Renaud eut fait profeflion
dans le nouvel ordre des freres Prêcheurs, il ne laifla
pas, avec la permiffion de faint Dominique, de faire
le voiage d’Oucre-mer à la fuite de l'évêque d’Or-
leans ; Si en étant revenu, il vint à Boulogne le
vingt-uniéme de Décembre 1218. Alors il commença
à fe donner tout entier à la prédication, & s'en ac-
quittoit avec un zele fi ardent, qu’à peine y avoit il
des coeurs affez durs pour n’en être pas touchez , &
que toute la ville de Boulogne en étoit échauffée.
Plufieurs embrafPerenc l’inftitut des freres Prêcheurs
& firent enfuite de grands fruits. Leur première habitation
à Boulogne fut auprès de Téglife de Mafea-
relle : mais peu après l’arrivée de Renaud, l’évêquc
de Boulogne, à la prière du cardinal Hugolin, leur
donna féglife-' de faîne Nieolas des Vignes. Raoul
prêtre & chapelain de l’évêque fè rendit aulfi Bomi-
niquain & plufieurs perfonnages confiderables de
Boulogne, fçavoir Roland de Cremone phificien,
e’eft-à-dire médecin, qui avoit gouverné lfé'cdle de
Boulogne avec grande réputation. Il témoigna un
tel empreffëment de recevoir l’habit, que Renaud
tira fon capuec & l’en revêtit, puis îî fit fonner la
cloche ôc chanter Veni creator, ce qui attira un grand
concours, ÔC eaufe une joie publique dans Boulo-
L i v r ê s o i x a n t e d i v h u i t i e ME. 467
ane. Roland fut le premiet qui fit à Paris des leçons ^
de théologie à fes confrères. Moneta profeffeur des
arts libéraux, fameux par toute la Lombardie, fut
tellement touché d’un fer mon de Renaud, qu’il entra
dans l’ordre Si y en attira plufieurs : il fut puif-
fant en paroles, principalement pour confondre les
hérétiques.
Pendant que S. Dominique étoit a Rome il ap- moIt
prit la mort de Simon comte de Montfort. Il y avoit comte de Mont-
déjà neuf mois qu’il affiegeoic Touloüfe , Si il corn- Petr. hift.Albig,
men^oic à fc rebuter du travail ôi de la depenfe dont G, de Fod. C.ufr
il étoit épuifé : outre les reproches piquants du légat *-5*-
Bertrand qui laceuioit d’ignorance Si de nonchalance.
C ’cil pourquoi on difoie qu’il demandait à Dieu
la mort pour arriver à la paix. Le lendemain de la
S. Jean vingt-cinquième de Juin 1,218. comme il étoit
à matines on lui vint dire que les ennemis étoient
armez ôc cachez dans les foffez de la forcereffe. Il
demanda fes armes, Si s’en étant revêtu, il alla
promptement à l’églife entendre la tneffe. Elle etoit
déjà commencée , Si il priait fort attentivement,
quand 011 l’avertit que les Touloufains attaquoient
violemment ceux qui gardoient les machines. Laif-
fez-moi,dit-il,entendre la meffe Si voirie facrement
de notre rédemption. Un autre courier vint dans le
moment, difant : Hâtez-vous, nos gens font preffe®
ôc ne peuvent plus tenir. Je ne fortirai point, tepon-
dit-il, que je n’aïe vû mon Sauveur. Mais quand le
prêtre éleva l’hoftie fuivant la coûtume, le comte les
genoux en terre Si les mains elevees au ciel, d it .
Nunc dimittis, Si ajouta : Allons Si mourons, s’il le
faut, pour celui qui a bien voulu mourir pour nous.
N n n ij