
1 88 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q j j e .
AN.izojV p0ignée de gens qui font demeurez dans le païs. Car
les Templiers ôe le peuple d’Antioche font pour le
comte ; le patriarche d'Antioche ôe les Hofpitaliers
font pour le roi: le fils de Saladin , qui cille fultan
d’Alep, foucient le comce de Tripoli; maisDenefin
eft contre lui. Sefidin feigncur de Damas ôe de l’Egypte
i ôe tous les Sarrafins ayant apris la conquête
de C. P. ont été fi affligez , qu’ils eu fient mieux aimé
que Jerufalem eût été prife;ôcSefidin ayant aufti- tôt
faittréve avec tous fes ennemis ,v ad e touscotez en
perfonne réunir les infidèles contre les Chrétiens.
D’un autre côté le roi des Bulgares jointavee les.
Comains,lesTurcs 8c les Grecs contre les Latins,les
ont battus , ôc les principaux feigneurs ont été tuez
dans le combat. D’ou il eft arrivé que quantité d'archers
voulant fe retirer chacun chez eux ,1e légat
Pierre deCapoüe,afinde les retenir pour ladéfenfe
de l’êmpire de C. P. les a déchargez,ce qui nous déplaît
fort, du voeu de la croifade:donnanc indulgence
pleniere à ceux qui y demeureraient une année.
Comme donc à prefenton n’efpereabiolument aucun
fecours qui doive palier à la terre fainte, nous
craignons extrêmement que les Sarrafins s’animent
plus fortement à s’emparer de ce qui en refte :pour
ôter aux Chrétiens l’occafion d’y palier, & donner
aux Grecs le moyen de recouvrer l’empire deC. P. ce
que les uns 8c les autres défirent ardemment. Or en
ces circonftances c'eft du roi de France que l’on attend
le principal fecours : 8c c’eft pour ce fujet que
Dieu l’a fait fi grand 8c fi élevé entre tous les princes
Chrétiens.
Pour entendre les faits marquez en cette lettre , il
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faut fçavoir premieremenr que le roi de Jerufalem - iio j.
écoit Aimeri de Lufignanmortà Ptolemâïdc cette ^ ioj<
année i205.ilétoit roi de Chiprede fon chef, ôc roi
de Jerufalem par fa femmé Ilabelle ,dont il fut le
quatrième mari. Le fultan d’Alep étoit Melic-el- ^
Daher traifiéme fils de Saladin : Sefidin, ou Safidin 7+i. f
feigneur de Damas*8c de l’Egypte étoit le frere de s 10*.
Saladin Melic-Adei. xym
Quant à la victoire des Bulgares fur les Latins : L’empereur
les Grecs fe fentant les plus foibleseurtenc.recours à “"¿XV/Ù*.
Joannice roi des Bulgares, qui jufques alors avoir
été leur plus grand ennemi, ôc firent un traité fecret
avec lu i, par lequel ils promettoient de le reconnoî-
tre pour empereur, s’il les délivrait des Francs. Alors
les Grecs ferevolterent de toutes parts, Se entre au- i84_
t-resplaces fe rendirent maîtresfd’Andrinople, que
l’empereur Baudoiün vint aftieger avec peu de troupes.
Joannice vint au fecours, il y. eut un rude èom- »• is7. 1,0.
bat:le comte Loütsde Bloisyfuttuéavecplufieurs
autres feigneurs de marque, 8c l’empereurBaudoüin
fut pris. Cette défaite arriva le jeudi de Pâques quatorzième
d’Avril no-y. Henri frere de l’empereur
Baudoüin venoit cependant de Nacolie au fecours
d’Andrinoplc; mais il arriva trop tard, ôc fut élu
bail, c’eft-à-dire regent de l’empire pendant la pri-
fon deBaudoüin. Par le confeildes barons ilenvoya rt» iei*
au pape, en France, en Flandres 8c aux autres pais
demander du fecours : 8c le chef de la députation fut
Nevelon évêque de Soiflons. La lettre du prince
Henri au pape contient toute l’hiftoire de la défaite,
puis il dit que les François ont intercepté des lettres Bpfe jp
qui marquent l’alliance de Joannice avec les Turcs ie^-
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