
A n i ,ma*n 1 H rdeva fain & fauf & le rendit à fa iftere s
lui défendant d’en parler à perfonne.
Mais dans l’excès de fa joïe elle ne pût s’empêcher
de publier le miracle : enforte qu’il vint aux oreilles
du pape, qui ravi que Dieu eût fait éclater ainfi fa
grâce de fon temps, réfolut de le faire publier en
chaire devant tout le peuple. Dominique s’y oppofa
& protefta, que il on le faifoit, il pafferoit la mer
& ne paroîtroit plus jamais dans le païs. Le pape révoqua
donc fon ordre : mais depuis ce temps 1 affedion.
&i la vénération que lui & les Cardinaux avoient pour
Dominique augmenta notablement, & à leur exemple
tous les autres grands & petits le regardoienf
comme un ange ; ils le fuivoient par tout & s’eftï-
moientheureux de le toucher, & encore plus d’avoir
quelque chofe qui lui eût fervi. Ainiî on coupa tant
de pièces de fa chape & de fon capuce,. qu'à peine
avoit-il les genoux couverts ; & quand fes freres voit-
loient l’empêcher, il leur difoit : Laiilezdes contenter
leur dévotion : étant bien-aife de porter un habit
ecourte qui le rendit meprifable. Il avoir alors auprès
de lui cinq perfonnages illuftres entre fes premiers-
compagnons. : Tancrede, Oteon , Grégoire ,- Henri
& Albert. Pendant qu’on travailloit au bâtiment de
S. Sixte, il reifufcita encore un maçon qui avoir été
accablé dans une cave par la châte de la voûte.-
îxxiç Un jourcomm'e il travailloit à la tranflation des
Relurrectioti de • r ' \ • «• - Napoléon. rcligieuîes avec les trois cardinaux que le pape lui
l avok aiI'odez : un homme tout en pleurs, s’arrachant
les cheveux &c jettant des cris horribles, entra dans
le chapitre où ils étoient aifis, l’abbeiTe & les reli-
gieufes prefentes. On lui demanda cç qu’il avoir ;
Helas
L i v r e s o i x a n t e - d i x - h ü i t i e ' m e . 45 7
H e las , dit- i l , le neveu du cardinal Eftienne cit tombé
de cheval & vient de mourir. C’étoit un jeune
homme nommé Napoléon, qui étoit tombé en pouffant
fon cheval indiferetement. A cette nouvelle le
cardinal fon oncle tomba pafmé la tête appuyée fur
Dominique. On l’emporta, & le S. homme lui jetta
de l’eau benite. Alors frere Tancrede homme vertueux
& zélé , qui fut depuis prieur à Rome , lui dit:
Mon pere, où eit vôtre compaïïion & vôtre foi ? Que
ne priez-vous pour fauver ce jeune homme ? Dominique
fit emporter fecretement le corps dans une
chambre, & par la force de fes prières lui rendit la
vie : puis il l’amena fain & fauf devant tout le monde.
Il avoit été mort depuis le matin jufques à l’heure
de None , & c’étoit environ le quatorzième de Février.
Le B. Jourdain dit avoir appris ce fait de la
bouche de Tancrede.
Après que les freres Prêcheurs eurent paffé de S.
Sixte à fainte Sabine où ils font encore , Dominique
marqua le jour où les religieufes devoient palier à
S. Sixte. Ce fut le premier dimanche de carême fei-
ziéme jour de Février 1119 , c’eft à-dire 112.0. avant
Pâques. En entrant dans leur nouvelle églife elles reçurent
toutes le nouvel habit de la main de Dominique,
en lui promettant obéiïTance ; & la première
qui'le reçut fut une fille de dix-fept ans nommée
Cecile , qui vivoit encore lorfque Thierrid’Appolde
écrivoitla vie de S. Dominiqueenvironfoixante- dix
ans après. Ces religieufes étoient au nombre de quarante
quatre. Les Romains ne youloient point fouf-
frir que l’on ôtât de leur ancienne églife au-delà du
Tybre l’image attribuée à S. Luc : mais S. Domini-
Tome X V I . R r r
A N. 1 1 1 0 .
Ilî.C. 7;