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" Tofcane & fait partie de l’Apennin , fituée entre
A n 112.4. i*Arne le Tibre, affez près deCamaldoli & de Val-
■Vadtng. an. 1113 . * l
lombreule. Elle fut donnée à S. François dès Fan 1213.
par un feigneur du païs nommé Orlando Catanio qui
y fit bâtir un oratoire &i quelques cellules. Le faint
homme s’y étant donc retiré en 1 1 1 4 . & aïant longtemps
prié très-ardemment | Dieu lui fit entendre
qu’à l’ouverture du livre de l’évangile il apprendroit
ce qui pouvoit être en lui de plus agréable à Dieu.
Aïant donc encore beaucoup prié, il prit le livre fur
l’autel &i le fit ouvrir par frere Léon qu’il avoit retenu
feul pour compagnon dans cette folitude. Il ouvrit
le livre trois fo is , & toutes les trois fois il rencontra
la paffion de N. S. d’où François conclut qu’il devoit
avant que de mourir fe conformer encore plus qu’il
n’avoit fait-aux douleurs de la pailion. Et quoique
l'on corps fut extrêmement affoibli d’auftcricez, il
ne fût point effraie de cette penfée, mais plus encouragé
au martyre , qu’il croïoit être cette conformité
parfaite aux fouffrances de J . C.
Un matin vers la fête de l’Exaltation de la fainte
croix qui eft le quatorzième de Septembre, comme
il prioit au côté de la montagne , il vit un feraphim
aïant fïx aîles ardentes & lumineufes, qui defcen-
doit du haut du ciel d’un vol très-rapide. Quand il
fut proche, François vit entre fes aîles la figure d’un
homme, aïant lesmains & les pieds étendus & attachez
à une croix. Deux aîles s’élevoient au-deffus de
fa tête, deuxétoient étendues pour voler &deuxeou>-
vroient tout fon corps. Cette vifion l’éconna mer-
veilleufement : il eut le cceurfaifi d’une joie mêlée de
trifteile j & il comprit que ce n’étoit pas par le mar-
L i v r e s o i x a n t e -d i x -n E u v i e ’m e . 5 7 5
tyre corporel, mais par l’ardeur de la charité qu’il *
devoit être transformé en la reffenablance de J . C. « ¿ 4 *
crucifié. La vifion difparoiffant, laiffa en fon coeur
une ardeur merveilleufe & une impreffion encore
plus admirable en fon corps. Car auffi-tôt commencèrent
à paroître à fes mains & à fes pieds les marques
des d oux, comme il les avoit vus dans l'image
du crucifix. Ses mains & fes pieds paroiffoient percez
de doux dans le milieu : les têtes des doux fe
voïoient au-dedans des mains & au-deifus des pieds
& les pointes repliées de l’autre côté & enfoncées
dans la chair. A fon côté droit paroiffoit une cicatrice
rouge comme d’un coup de lance ; & fouvent
elle jettoit du fang, dont fa tunique & fes fémoraux
étoient arrofez.
Le feryiteur de Dieu voïant que ces iligmates ,
c’ell: ainfi qu’on les a nommez, ne pouvoient demeurer
cachez à fes compagnons les plus familiers , &
craignant d’ailleurs de publier lefecret de Dieu, fe
trouva dans un grand embarras. Il appella quelques-
uns des freres, leur propofa fa difficulté en termes généraux
&c leur demanda confeil. Frere Illuminé jugeant
à la maniéré dont il paroiffoit étonné qu’il
avoit vû quelque merveille, lui dit : Mon frere , fça-
chez que ce n’eft pas feulement pour vous, mais encore
pour les autres, que Dieu vous découvre quelquefois
de fes fecrets : c’eft pourquoi vous devez
craindre d’être repris d’avoir caché le talent.. François
touché de ces paroles, rapporta avec grande crainte
la fuite de fa vifion : ajoûtant que celui qui lui avoit
apparu, lui avoit dit des chofes qu’il ne découvri-
loit à perfonne de fa vie. Après qu’il eut pafifé fa qua