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Hiftoire du
comre Jofeph.
Epipb. h& r c fi o.
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iSo H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
b!es foient punis du dernier fuplice. En exécution de
cet ordre on bâtit en ce tieu une églife magnifique.
Mais apparemment ceci ne fe paffa que quelque tems
après le voyage de fainte Helene.
L’empereur Conftantin fit bâtir plufieurs églifes
en Paleftine par les foins du comte Jofeph Ju i f de
nailfance , dont la converixon eft remarquable. Il
étoic natif de Tiberiade, & tenoit le rang d’apôtre;
car c’ eft ainii que les Juifs nommoient ceux qui
étoient les premiers après le patriarche chef de toute
la nation, Ôc qui compofoient fon confeil. Le
patriarche étoit alors Hillel de la race du fameux
Gamahel. Hillel étant malade ôc près de mourir ,
pria l’évêque voiiin de .Tiberiade de le venir trouver
Sc de lui donper le baptême , fous pretexte de
médecine. L ’évêque vint à titre de médecin, ôc fit
préparer un bain comme un remede utile au malade,
qui de fon côté fit retirer tout le monde,
comme par pudeur. Ainiî le patriarche fut baptifé
ôc reçût les faints myfteres. Jofeph étoit à la porte
, ôc regardant par des fente s;il v it tout ce qui
fepaifoit au-dedans, ôc le remarqua foigneufement.
Il vit auffi que le patriarche ayant dans la main une
quantité d’orçoniiderable , le donna à l’évêque, en
difant ; Offrez-le pour moi; car il eft écrit : que
ce que les prêtres de Dieu lient ôc délient fur la
terre, eft lié ôc délié au ciel. Enfuite on ouvrit les
portes; ceux qui étoient venus voir le patriarche ,
lui demandoient comment il fe trouvoit de fon bain,
& il répondit qu’il feportoit très-bien, l’entendant
d’une autre maniéré qu’eux. Après deux ou trois
jours, pendant lelquels l'évêque le viiîtoit fouvent
comme médecin, il mourut heureufement, laiffant
fon fils qui étoit très jeune , fous la conduite de
Jofeph ôc d’un autre perfonnage très vertueux. Ce
fils nommé Judas étoit le patriarche des Ju ifs ; car
cette dignité paffoitdepereen filsparfucceffion; ôc
pendant fon bas âge, fes deux tuteursgouvernoient
tout.
Il y avoit à Tiberiade une chambre deftinée â
garder le trefor, ôc fcellée, ce qui faifoit foupçon-
ner qu’elle renfermoitde grandes richeffes. Jofeph
eut la hardieffe de l’ouvrir en fecret ; mais il n’y
trouva que des livres : favoir, l’évangile félon faine
Jean , Ôc les a£tes des apôtres, l’un ôc l’autre traduit
de grec en hebreu ; ôc l’évangile félon S. Matthieu
en hebreu, comme il l’avoit écrit. La leéture de ces
livres ôc le fouvenir de ce qui s’étoit paffé au baptême
du patriarche, donnoit à Joiepn de grandes
inquiétudes. Cependant le jeune patriarche Judas
devenant grand s’abandonna à ladébauche, jufques
à employer la magie pour corrompre des femmes.
Il attaqua aufti une femme chrétienne, qui rendit
les charmes inutiles par le nom de Jefus-Chrift ôc
le fignede la croix. Cette preuve dupouvoirdeJefus
Chrift toucha encore fortement Jofeph , mais
fans le perfuader de fe faire chrétien. Le Sauveur
lui apparut lui-même en fonge , ôc lui dit : Je fuis
Jefusquetes peres ont crucifié; crois-en moi. Il ne
fe rendit pas, ôc tomba dans une grande maladie,
dont on defefperoit. Le Sauveur lui apparut encore,
lui difant de croire, ôc qu’il feroit guéri. Il le promit;
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