
’apolo'
P. 68i,
5 0 5 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e ,
pouvez faire v enir. Si j’écois accufé devant un autre
ju g e , j’en appellerais à l ’ernpereur : étant accufé
devant v o u s , qui puis-je in vo q u e r ? le pere de celui
qu i a dit : J e fuis la v é rité ; ô c là-deffus il adreffe à
D ieu fa priere. I l s’agit ic i , con tin u ë -t’i l , non d’un
intérêt p e cu n ia ire , mais de la g lo ire de l ’églife. :
ne laiifez pas ce fou p çon co n tr’elle , que des C h ré tiens
, & principalement des évêques éc riven t de
telles lettres Ôc forment de tels deifeins. On voit
combien les faiuts étoient jalou x de la fidélité envers
les princes ; ô c qu’en ces m a tiè re s , les.évêques
mêmes ne reconnoiiloienc point d’autres juges fur la
terre.
L a troifiéme accufation étoit d’a vo ir célébré l’o f fice
dans la grande ég life d’A le x a n d r ie , avan t q u e lle
fû t dédiée. O u i, d i t - i l , on l’a f a i t , je le c o n fc ffe ,
mais nous n ’avons pas célébré la d é d ic a c é , il n ’éto
it pas permis de le faire fans vo tre ordre. C e qu’il
d i t , parce que cette églife a vo ir été bâtie aux dépens
de l ’empereur , d’où elle fu t nommée la C e fa-
ré e. I l continuë : Cette affemblée fe fit fans deifein
ô c fans êtrè annoncée : on n’y appella aucun é v êque
ni aucun clerc : tout le monde fça it comme la
ch ofe s’eft paifée. C ’étoit la fê te de Pâque , Le peu ple
étoit très-nombreux : il y a vo it peu d ’éghfes &
très-petites. On fa ifo it grand b r u i t , ô c on deman-
do it de s’affembler dans la grande ég life . J e les ex-
hortois à attendre & à s’afiembler comme ils pourra
ien t dans les autres é g life s , quoi qu’avec incommodité
; ils ne m’écouterent pas ; mais ils étoient
prêts à fo rtir de la v ille ô c à s’affembler au folcii
( dans les lieux deierts ; aimant mieux fou ffrir la fa t igue
du chemin ; que de paffer la fête en tr iile fle .
En e ffe t , dans les affemblées du“ carême il y a vo it
eu pluiieurs en fa n s , pluiieurs vieilles fem m e s , plu-
fieurs jeunes perfonnes de l’un ô c de l ’autre fexe fi
maltraitez de la preffe , qu’on les a vo it emportez
dans les maifons : quoique perfonne n’en fû t mort ,
tout le monde en mu rmu ra it , Ôc ç’eût été bien
pis le jour de la fête : la jo ïe eût été tournée en
pleurs.
J ’ai iu iv i en cela l’exemple de nos peres. A le x a n dre
d’heureufe mémoire fit l ’aiTemblée dans l ’ég life
de Th eon a s , qui pafloit alors pour la plus grande ,
ô c qu’il fa ifo it encore bâtir : parce que les autres
étoient trop petites, J ’ai vu pratiquer la même ch o fe
à T re v e s & à A qm lé e : on y a affemblé le peuple
dans des églifes qui n ’étoient pas achevées, & v o tre
frere d’heureufe mémoire a ffilia à A q u ilé e à une
telle affemblée. C e n’ a donc pas été une dédicace ,
mais une affemblée ordinaire . Eut-il été plus à propos
de nous afïembler dans des lieux deferts & ouverts
, ou les païens euffent pu s’arrêter en paffant :
que dans un lieu fermé de murailles & dei p o r te s :
qui marque la difference des Chrétiens & des pro fanes
? V a lo ir - în n ie u x que le peuple fût feparé Ôc
preflè avec peril en plu fleurs églifes ; que d’être affemblé
dans un même l ie u , puifqu’il y en a vo it un
qui les pou voit tous con ten ir ; où ilsp o u v o ien t prier
& dire amén tout d’une v o ix , p ou r montrer l’union
des coeurs ? Q uelle joïe des peuples de fe vo ir a in fî
réun is , au lieu d’être divifez comme auparavant.
S f f ij