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il nous mena , tout ce que vous nous voïez ici , au
temple d’Hecate , &c après que nous eûmes adoré la
déeife , il nous dit : Afféïez-vous, mes amis , voïez
ce qui va arriver , & fi je me diftingue du commun.
Aïant dit cela , quand nous fûmes tous aifis, il purifia
un grain d’encens, & dit tout bas un certain
hymne. Alors la ftatuë de la déefle parut foûrire ; &
comme nous témoignions notre étonnement : Ne
faites point de bruit , dit-il : les flambeaux que la
déefle tient à fes mains vont s’allumer ; & ils furent
plûtôt allumez qu’il ne l’eut dit. Nous nous retirâmes
étonnez de ces prodiges : mais pour vou s, continua
Eufebe, parlant à Julien, ne les admirez point,
non plus que moi , qui fuis purifié par la raifon.
Julien aïant oüi ce difeours, dit à Eufebe : Adieu:
appliquez-vous à vos livres, vous m’avez montré
celui que je cherchois -, & aïant baiié Chryfanthe à
la tête , il s’en alla promptement à Ephefe : où il
trouva Maxime , & s’attacha tellement à s’inftruire
de fa doétrine , que lui & Chryfanthe , qu’il avoit
fait venir ne pouvpient fuffire à contenter fa curio-
tp e r .ni. c. i . fité. Avec la fuperftition & la folle créance de connoître
l’avenir , Maxime infpira à Julien le defir de
regner , conformément aux bruits qui fe répan-
Sâ&im, y> C. I, doient déjà parmi le peuple , qu’il étoit digne de
l’empire ; pour fon efprit, fon éloquence & fa modération
apparente. Car on le voïoit a C. P. ou jl demeura
quelque temps avec un extérieur de philofo-
phe , un habit fimple & des maniérés populaires.
Toutefois craignant l’empereur Conftantius, il fei-
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noit toûjoufs d’être Chrétien ; & pour mieux difli- --- ----------
muler i l fe fit rafer la tête, & profeifa quelques temps ’ W-
extérieurement la vie monaftique. Il ne fe cacha pas
fi bien de Gallus fon frere, qui pour le ramener au
Chriftianifme, lui envoïa Aëtius, ce Sophifte Arien ípi/i. GallÉ
qui fit depuis tant de bruit : mais dont Gallus avoir
une grande opinion. Aëtius le raiTura, en lui difant
que Julien frequentoit les églifes & les mémoires
des martyrs,, & qu’il perfeveroit dans la religion
Chrétienne.
iâ Après la mort de Gallus, Julien étant pafle en
Grece., fe confirma de plus en plus dans l’idolatrie ;
& continua de chercher par tout des devins & des rw .
interprètes d’oracles. . Il tomba entr’autres dans les 1
mains d’un impofteur ; qui l’aïant mené à un temple
d’idoles & fait entrer dans la partie la plus fecrete,
commença à invoquer les démons. Us parurent fous
la forme qnils avoient accoûtumé de prendre : Ju lien
en eut peur | &c fit: fur fon front le figne de la
croix; auffi-tôt les démons difparurent. L ’enchanteur
s’en plaignit à Ju lien , qui avoua fa peur, & témoigna
admirer la vertu de la croix. Ce n’èft pas la crainte,
dit l’enchanteur, qui les a fait retirer , mais l’hdr-
reur qu’ils ont eu de votre aiftion. Ju lien fc païa
de cette raifon, .& fe fit initier ,aux cérémonies profanes.
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L ’efnpereur .Conitaintias étoit: à Milan4 & y fit xvit
affemfeler lérpncîle, quel le pape Lihere & les êvê- |anCon<:,Ic d' m"
ques»'iOricnraux.'.demandoientj:inftamment, mais Sup- ««• ” -r-
dans des vuës bien différentes r le pape pouf réunir 4
les églifes , les Orientaux pour faire fouferire les. Oc- s««*. ^
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