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ji>8 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
— des énonciations dilTemblables : donc le fils eft dif-
femblablc à D ieu le pere. L ’ empereur Conftantius
aïant fa it lire cette expofition , & fo rt irrité de fon
im p ie té , demanda à Eud o xe fi cet écrit étoit de lui :
il dit qu’il n etoit pas de l u i , mais d’Aëtius. L ’empereur
commanda que l ’on fit venir Aëtius : car il étoit
à C . P. & Eunomius auifi. Aëtius étant entré , l ’empereur
lui montra l ’e x p o fit io n , lui demandant fi c e -
toit fon ou v rag e . L u i qui ne fç a v o it rien de ce qui
s’étoit p a ffé ,. ni à quoi tendoit cette q u e it io n , fu iv it
la p ré ven tion naturelle des hommes en fav eu r de
leurs ouvrages : & crut qu ’en avouant cet écrit il ne
s’attireroit que des loüanges : il dit donc qu’il en étoit
lui-même l ’auteur. L ’empereur | frappé d’une telle
impieté , le fit chaffer du palais , & donna ordre de
l’en vo ïe r en ex il dans la P h ryg ie .
E u fta the continua de foutenir qu’Eud o x e étoit
dans les mêmes fentimens : qu’Aëtius logeoit &c
mangeoit avec lu i :■ & que c’étoit par fon ordre
qu’il a vo it écrit ces blafphêmes. L a preuve qu’il y a
p a r t , d i fo i t - i l , eft claire : c’eft lui feul qui a dit que
l ’e xp o fitio n eft d’Aëtiu s. I l ne fau t pas, dit l ’empereur
, juger fur des conje&ures : il fau t examiner les
faits a vec fo in . E t b ie n , dit E u fta th e , fi E ud ox e
veut vous perfuader qu’il n ’eft pas dans les mêmes
fen timen s, qu’il anathématife l ’écrit d’Aëtius. L ’empereur
accepta vo lontiers la p ro p o fit io n , & lui o r donna
de le faire. Eud oxe s’en dé fen doit & em-
p lo ïo it divers artifices pour éluder : mais quand il
v it que l’empereur irrité menaçoit de l ’en vo ïe r avec
A ë t iu s , comme complice de fon impieté : il d é fa-
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voua fa propre doéfcrine , qu’il foutenoit alors, &
qu’il ne ceila point enfuite de foutenir. L ’empereur
voulant faire condamner Aëtius juridiquement, en
donna la commiflion à Honorât, qu’il venoit de
faire préfet de C. P. lui joignit les principaux du
fenat. Il alïifta lui-même en perfonne au jugement :
où Aëtius fut convaincu d’erreur dans la foi ; & l'env
pereur ôc tous les affiftans furent fcandalifez de fes
bafphêmes ; fes partifans en furent fort furpris : car
ils s’étoient attendus que perfonne ne pourroit refif-
ter à fes raifonnemens, le croïant invincible dans la
difpute.
Cependant les derniers députez du concile de Lesx^ ;m,.nS
Riminiarrivèrent à C . P. c’eft-à-dire,Urface, Valens fcrci.vcnc.
& les autres chefs des Ariens d’Occident. Ils fe joi- f™ ’”-i^-
«rnirent d’abord, fans- délibérer, a ceux qui avoient mur.
été condamnez à 'Seleucie : parce qu’en effet ils
étoient dans les mêmes fentimens. Les députez du
concile de Seleucie, c’eft-à-dire, les Orientaux Demi-
. Ariens, les avertirent de ce qui fe; paiïoit ; & voulurent
les retenir par une lettre qu ils leur écrivirent,
à la tête de laquelle on voit les noms des dix-huit
évêques , c’eft-à-dire , les dix députçz& quelques autres
qui s’y étoient joints. Les premiers font, Silvain
de Tarfe , Sophronius' de Pompeïopolis, N,eon de
Seleucie. Par cette lettre ils exhortent les députez
de Rimini à fe joindre à eux, pour empêcher l’he-
i îefie des Anoméens de prévaloir dans leglife. Nous
l’avons, difent-ils, montrée à l’empereur : il en a
été indigné &c a voulu que tout cela fut anatheina-
tifé : mais on prépare une rufe , de condamner