
1 4 H l S T O I R E E C C L E S I AS T IQUE . '
le ciel. On vit ici le difeours peut-être le plus fort
qui foie dans les anciens , touchant le témoignage
des apôtres ,• & les preuves fenfibles de la divinité
de Jefus-Chrift.
L ’auteur entre plus avant dans notre doétrine ,
& traite théologiquement de la nature du verbe :
montrant qu’il eft avant toutes les créatures , fils
unique de D ieu, & infiniment au- deifus de tous les
efprits créez, dont il explique auffila n a tu r e l ex-
pofe notre créance, touchant fon incarnation : en-
fuite il commence à prouver toute cette doôtrine par
les prophéties : après avoir montré combien elles
font au-deffus des oracles des démons; & combien
les prophètes du vrai Dieu font differens des devins
du paganifme. Il entre dans le détail des révélations-
fur la préexiftence du verbe d ivin , fur fon incarnation
en général & en particulier. Sur le tems de fa
venue, où il explique les femaines de Daniel félon
Afriquain, les commençant à la vingtième année
d’Artaxerxe. Sur toutes les circonftances de fa
naiftance , de fa vie mortelle & de fa paffion ; fi-,
niifant avecl’explication du pfeaume vingt unième.'
C ’eft tout ce que nous avons: les dix derniers livres
expliquoient apparemment le refte , c’eft à-direles
prophéties touchant la fepulture de Jefus-Chrift, fa
réfurreélion, ion afeenfion , l’établiffement de fon
églife & fon dernier avenement. T e l eft ce grand
ouvrage d’Eüfebe, le plus ample que nous ayon s ,
pour la défenfe de la religion Chrétienne , contre
les payens & contre les Juifs.
Les fayans foûtenoient ainfi la religion par leur
doétrine & leur éloquence ; mais il y avoit des faints
ignorans, qui la foûtenoient encore mieux par leurs
vertus &c leurs miracles. Après le voïage que faint
Antoine fit à Alexandrie pendant la perfécution ,
étant retourné à fon monaftere, il demeura quelque
tems enfermé, fans vouloir ouvrir à ceux qui
le venoient importuner pour être guéris de leurs
maux. Mais ils ne laifloient pas d’être délivrez, en
fe tenant aflis hors du monaftere & priant avec foi.
\Enfin pour conferver la retraite &: fuir la vanité, il
réfoluc d’aller à la haute Thebaïde ,o ù il étoit in connu.
Ainfi aïant pris du pain de fes difciples, il
s’affit fur le bord du N i l , pour voir s’il pafferoit un
batteau dans lequel il pût monter. Etant dans cette
penféé, il entendit d’enhaut une v o ix , qui lui di-
foit : Antoine où vas-tu ? quel eft ton deflein ? Lui
fans fe troubler, parce qu’il étoit accoûtumé à entendre
fouvent de femblables v o ix , répondit : Ces
peuples ne me laiffent point en repos, & me demandent
ce qui eft au-deffus de mes forces. La voix lui
dit ¡Quand tu iras en Thebaïde, & dans les lieux où
i l n’y a que des troupeaux, tu verras redoubler tes
peines ; mais fi tu veux être véritablement en repos
, vas dans le fonds du defert. Et qui m’enfei-
gnera le chemin, dit il ? Auffi tôt la voix lui montra
des Sarrafins qui alloient de ce côté-là ; il fe
joignit a eux, Sc les pria qu’il pût aller en leur compagnie
dans le defert ; ce qu’ils lui accordèrent volontiers.
On appelloit dès-lors Sarrafins certains A-
rabes, qui erroient dans ces deferts des deux côtes
de la mer rouge.
v i.
Saint Antoine
fur la montagne.
Sup.l. ix .
Vit a 5. Ant*
c. 16. p . 47? .