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L’églife de faint Pierre , par exemple, avoit de®
maifonsdans Anrioche, ôc des terres aux environs,
àTarfeenCilicie, & àT y r. Elle en avoit en Egypte
près d’Alexandrie & ailleurs, & dans la province
de l’Euftate près de Cyr. Une partie de ces terres
étoient déftinées à fournir tous les ans une certaine
quantité de nard, de baume, de ftorax, de canelle,
de fafran, 8c d’autres drogues précieufes pour les
encenfoirs 8c pour les lampes. J e ne parle point des
vaiès d’or 8c d’argent pour le lervice 8c l’ornement
de ces églifes, dont les mêmes mémoires rapportez
par Anaftafe, font un long dénombrement. Il peut
avoir confondu ce qui avoit été donné par d’autres
empereurs ; mats les titres des immeubles doivent
avoir été mieux confervez. Ceci peut fuffire pour
donner quelque idée de la magnifîcenceroyale avec
laquelle Conftantin fonda tant d'églifes. Il ne ti-
roit pas du treior public toutes ces liberalitez ; il y
appliquoit des biens confifquez fur des martyrs ou
fur d’autres chrétiens dont il ne fe trouvoit point
d’heritiers, les revenus des temples d’idoles qu’il
l TcôinloÀ ru'na, 8c des jeux profanes qu’il abolit. En effet, il
degudiat.iibxi. ôta en Orient les combats des gladiateurs ; du moins
&ibid.GotUfr. jj défendit d.’y employer ceux qui étoient condam-
; nez pour leurs, crimes, ordonnant au prefet du prétoire
de les envoyer plûtôt travailler aux mines. La
loi eft dattée du premier d’Oélobre 32 j . à Berite
en Phenicie.
Convcrfln'de Il fè convertiiïoit un grand nombre de payens.
paycns. L cs uns par la connoiflànce de l’inutilité de leurs an-
Soum. I I . t. r ,
ciennes luperltitions, 8c de leur peu de rondement}
les autres par émulation des chrétiens qu’ils vo'ioient
honorez 8c chéris de l’empereur, 8c pour fe conformer
à l’inclination du maître. D’autres s’appliquant
àconfîdererladoétrinechrétienne;touchez par des
miracles ou des longes, ou par les,entretiens des
évêques ou des riioines, jugeoient qu’il valoit mieux
êrre chrétiens. Depuis ce temps, on vit les villes &
les peuples entiers fe convertir ; abattre d’eüx-mêmes
leurs temples & leurs idoles, & bâtir des églifes.
Les habitans de Majuma qui étoit le port de GaZa
en Paleftine , auparavant très attachez à leurs anciennes
fuperftitions, fe firent chrétiens tout d’un
coup; & l’empereur répondant à leur pieté, érigea
en cité, ce lieu qui ne l’étoit pas, & la nomma
Conftantia, du nom de Conftantius, le plus cher de
fes fils. Par une raifon ièmblable, il nomma Conftantine
une ville de Phenicie. Il nomma auiIiHe- Euf. ibid. C. 3 9,
lenople en l’honneur de fa mere, une petite ville de
Bithynie , nommée auparavant Drepane, qu ilerigea
en cité, & lui donna exemption de tributs, en
l’honneur du martyr S. Lucien d’Antioche, dont les
reliques y étoient. Eufebe de Nicomedie qui fe van- sni.nv.mt.y9.
toit d’être difciple de S. Lucien, procura peut-être
cette fondation.
La religion chrétienne s'étendait même hors de n. «. s.
l’empire Romain. Les nations des environs du
R h in , 6c les parties les plus reculées de la Gaule
vers rOccean, étoient déjà chrétiennes ; les Goths 8c
les autres peuples voifins du Danube l’étoient auiht,
6c la religion avoit donné à toutes cessations des
moeurs plus doucîs 6c plus raiibnnables.Elles avoient
A a iij