
j i 2 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
tiens pour le punir; mais plufieurs infidèles reconvertirent.
Le faint délivra auffi une fille de Gaze,
qu un jeune homme avoir rendue amoureufe, par
des paroles 8c des figures monftrueufes gravées fur
une lame de cuivre, qu’il ayoit mis fin le fcüil de
fa porte avec une treflede fil. Le démon prétendoic
être attaché par ces c h o i e s ; mais S. Hilarion délivra
la fille, {ans vouloir que l’on cherchât ni le
jeune homme, ni les marques du fortilçge; difanc
qu il ne falloit pas qu’il parût neceflaire de rompre
le charme pour chaffer le démon, ni ajouter toi à
Ces paroles toujours trompeufes.
La réputation de S. Hilarion s’étendoit fi loin,
qu un garde de l’empereur.Cqnftantius, du nombre
de ceux que l’on nommoit Candidats, à caufe de
1 habit blanc qu’ils portojent, vint auifi le trouver
pour être délivré d’un démon qui le tourmentoit
dès l’enfance. L ’empereur lui donna des voitures
publiques 8c des lettres pour le confulaire de Paleftine,
ainfi il arriva à Gaze avec une grande fuite
; car ces gardes, qui fervoient auprès de la perr
fonne du prince, tenoient un rang confiderable. Il
s’adreffa au decurion du lieu, 8c demanda où de-
meuroit le moine Hilarion. Ils l’y menèrent, &
pour lui faire honneur 8c pour appaifer le Saint,qu’ils
avoient maltraité, car ils craignoient quel’empe-
pereur n’eût envoïé ces officiers pour les en punir.
Le faint vieillard fepromenoit fur le fable, récitant
des pfeaumes. Il s'arrêta quand il vit venir cette
grande troupe, les falua tous, & leur donna fa'be-
jiediétion de la main. Une heure après il congédia
L i v r e d o u z i e ’me . 3 , 3
tous les autres, ne retenant que le candidat avec
fes efclaves, 8c les officiers qui l’accompagnoient.
Car a ion vifage 8c a íes yeux il avoit reconnu ce
quil amenoit. Il ctoit de la nation des Francs, on
le voyoit à la blancheur de fon teint, ôc à fes cheveux
blonds ; il ne favoit point d’autre langue que
le latin, & fa langue naturelle, qui étoit la germa-
! nique. Le Saint 1 interrogea en fyriaque; aüffi tôt
i il fut eleve, eniorte qu il touchoit â peine des pieds
i a la terre, & criant effroyablement, ilréponditen
I fyriaque, félon l’idiome dePaleftine, prononçant
I parfaitement avec 1 accent & les afpirations. Le
I Saint l’interrogea aufli en grec , pour le faire en-
I tendre a fes interpretes qui ne favoient que cette
I langue 8c la latine. Le démon déclara comment il
I etoit entre, 8c pretendoit y avoir été forcé par des
opérations magiques. S. Hilarion dit : Je ne me
I foucie pas comment tu es entré ; mais au nom de
I N. S. J . C. je te commande de fortir. Le Franc
I étant guéri, lui offrit par fimplicite dixlivres d’or ;
&. S. Hilarion lui fit prefent d un pain d’orge, en
I lui difant : que ceux qui fe nourriffoient ainfi, com-
I ptoient l’or pour de la bouë.
Son exemple ayant produit une multitude in- xvnn
I nombrable de monafteres dans toute la Paleftine , h S / ' S
I il les vifitoir à certains jours avant la vendange ;
I car ces moines avoient des vignes qu’ils cultivôient.
Tous les frères fe joignoient à lui pour 1’aCtómpa- c% *u 1
I gner en cette vifite , portant leur provifion.; 8c ils.
I s affembloient quelquefois jufques à deux mille.
Mais avec le tèms, chaque bourgade offtoit volon-
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