
362 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e :
cret adrcffé à l’empereur, comme au nom du peuple
contre fàint Athanaiè ; le chargeant de telles calomnies
, qu’il y avoit de quoi le condamner , non
feulement à l’éxil, mais à la mort. Ce décret fut fouf-
crit par des païens &des gardiens d’idoles , & par les
Ariens avec eux.
Cependant les Euiebiens écrivirent à Philagre,
afin qu’il accompagnât Grégoire dans un vifite
par toute l’Egypte. On foüettoit des évêques, &
on les mettoit aux fers ; Sarapammon évêque 8c
confeiTeur fut banni : Potammon auffi évêque &
confefïèur, qui avoit perdu un oeil dans la perfècu-
cution, fut frappé fur le col jufques à ce qu’on le crut
mort. A peine pût - on le faire revenir au bout de
quelques heures à force de remede ; mais il mourut
peu de tems après, avec la gloire d’un double mar-
tyre. C’efl le même Pontammon évêque d’He-
Mmÿvoi. is. raclée, qui avoit affilié au concile de Nicée 8c depuis
à celui de Tyr ; l’églife honore là mémoire le
dix-huitiéme de May. Il y eut plufieurs autres évêques
battus 8c plufieurs iolitaires fuiligez ; 8c pendant
les exécutions, Grégoire étoit affis avec un
officier nommé Balacius, qui portoit le titre de duc.
Aihan. nu. Après cela il invitoit tout le monde à communi-
s quer avec lui ; ne voyant pas la contradiétion , de
les faire maltraiter comme desmechans, & de leur
offrir là communion comme à des fàints. Il per-
fecuta la tante de làint Athanaiè, jufqu’à ne permettre
pas qu’on l’enterrât quand elle fut morte, 8c
elle fut demeurée fàns 'fèpulture , fi ceux qui l’a-
voierrt retirée ne l’eufïent portée en terre , comme
L i v r e dou z i e’m e . 303
leur appartenant.il ôta l’aumône que l’on donnoità
des pauvres enfermez ; faifant caffer les vaiffieaux
dans lefquels on leur portoit du vin 8c de l’huile.
.Voila une partie des violences de Grégoire.
Comme il ne s’appuyoit que fur la puifïànce
temporelle, il fe tenoit bien plus honoré de l’amitié
des magiilrats, que de celle des évêques 8c des
moines. Quand il recevoit des letttes de l’empereur
, d’un gouverneur ou d’un juge, il étoit dans
une joie extraordinaire , 8c faifoit des prefens à
ceux qui les apportaient ; mais quand fàint Antoine
lui écrivit de là montagne, il n’en témoigna que du
mépris ; & fut cauiè de celui qu’en fit auffi le duc
Balacius. Car fàint Antoine aïant appris les violences
qu’il faifoit pour fèrvir les Ariens, jufques à battre
des vierges, dépouiller &foüetter des folitaires ;
il lui écrivit en ces termes: Je vois ia colere de Dieu
venir fur toi. Ceffe donc de perfècuter les Chrétiens
, de peur qu’elle ne te furprenne ; car elle eil
prefle à tomber. Balacius fe mit à rire , jetta la lettre
par terre 8c cracha deffus : il maltraita ceux qui
l’avoient apportée , & les chargea de dire à Antoine
pour réponiè : Puifque tuprensfoins des moines,je
vais auffi venir à toi. Cinq jours n’étoient pas
paffez que la vengeance divine éclata fur lui. Il alloit
avec Neflorius vicaire d’Egypte à Cherée qui étoit
la première couchée d’Alexandrie : tous deux montez
fur des chevaux de Balacius, les plus doux de
fon écurie. Us n’étoient encore arrivez au g ifle,
quand les chevaux commencèrent à iè joüer en-
fcmble, comme il eil ordinaire : mais tout d’un coup
xv.
S. Antoine déclaré
pour font
Athanafe.
Vita 5. Ant» cl
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