
74 H i s t o i r e E c c l e s i a s t i q u e .
■ ........... reçût-il rien ? Caftus dit : Je ne vis perionne en rien
A n. 310. recevoir. Zenophile lui d it : Que devinrent-elles
donc? Caftus d i t : Je n’en fai rien. Nondinaire
dit : Vous avez bien vû ou entendu, iî on a dit
aux pauvres : C’eft Lucilla qui vous donne de fon
bien. Caftus dit: Je n ’ay vû perionne en recevoir.
Zenophile dit : Il eft clair par la confeflion de Caftus,
qu’il ne fait point que les bourfes données par
Lucilla aient été diftribuées au peuple ; ainfi qu'il
fe retire.
On fie entrer lefoudiacre Crefcentien , & Zenophile
lui aïant demandé fon nom, lui dit : Con*
feife hmplement comme les autres,-fi tù fais que
Silvain foit créditeur. Crefcentien dit : Les clercs
plus anciens ont tout dit. Zenophile dit; Qu’ont-
ils dit ? Crefcentien dit : llsdiioient qu’il étoitrra-
diteur. Zenophile lui dit enfuite : Quand il fut fait
lévêque y étois tu 1 Crefcentien dit: J ’y étois avec
le peuple enfermé dans, la Cafe-majeure. Le diacre
Nondinaire dit : Ce font des gladiateurs qui
l’ont fait évêque. Zenophile dit à Crefcentien : Lft-
il vrai que le gladiateur Mutus fa porté? il répond
it: A durement. Zenophile lui dit encore : Sais tu
que l’on a enlevé des cuves du temple de Serapis ?
Creicentien répondit : Plufieurs difoient q u e l’évê-
que Purpurius avoit enlevé les cuves, & que notre
vieilévêqueSilvainavoit eu le vinaigre; les enfans
d’Elion le difoient auifi. Zenophile lui demanda
encore , fi le peuple avoit reçu quelque chofe des
quatre cens bouries de Lucilla. Creicentien d it ;
Perfonne n’en a rien reçu. J e ne iai même qui les
t i v f c e d i x i e ’ m e ; 75
a données. Nondinaire dit : Les veuves n’en ont
jamais rien reçu. Non , dit Crefcentien. Zenophile
d it: Quand on donne ainfi quelque chofe,
tout le peuple ne le reçoit-il pas publiquement ?
Crefcentien dit : Je n’ai ni oüi ni vû rien donner
à perfonne II nous en ieroit venu quelque petite
part. Zenophile dit : Où donc a-t-on porté ces
bourfes ? J e ne fa i, dit Crefcentien, perfonne n’en
a rien reçu. Nondinaire dit : Combien Viétor a-t-
il donné de bourfes pour être fait prêtre? Crefcentien
dit: J ’ai vû apporter des paniers avec de l’argent.
Zenophile dit : A qui a-t-on donné ces paniers?
Crefcentien dit : A levêque Silvain. Zenophile
dit: On n’en donna rien au peuple ? R ie n ,
répondit-il. Nous en devions avoir auifi quelque
chofe, fi on l’eut diftribué à l’ordinaire. Zenophile
dit à Nondinaire: Que crois-tu qu’il y a de plus à
demandera Crefcentien? Nondinaire d it: Voilà
tout. Zenophile dit : Puifque le foudiacre Cefcen-
tien a toutconfeffé Hmplement, qu’on lefaifere-
tirer. Enfuite entra le foudiacre Jan v ie r , qui fut
aufti interrogé ; mais noüs n’avons pas le refte de ce
procès verbal.
Silvain étant ainfi convaincu d ’avoir livré les
vafes facrez dans lapërfecution, 8c d’avoit été fait
évêque par brigue 8c par fimonie, Zenophile en
envoïa la relation à l’empereur Conftantin ; y ajoû-
tant que Silvain étoit dans la Numidie le principal
auteur du fchifme, qu’il y entretenoit la fedition
& avoit ufurpé fur les catholiques la bafilique de
Conftantine. L ’empereur touché de ces confide-
K i j
A n. 320.
X X V I .
Indulgence de
l’emperur pouf
les Donatifte«*